L'été fut encore une fois chaud en Bourse. Les perspectives de la place casablancaise.
De plus en plus habitués à des étés meurtriers, les investisseurs n'ont pas été dépaysés en 2018. La saison estivale a apporté son lot de baisses et de déceptions, avec des perspectives macroéconomiques peu enthousiasmantes et une microéconomie marquée par des profits warning sur des secteurs clés. Résultat, les indices boursiers ont baissé au Maroc, un peu comme dans le reste du monde émergent et dans les économies comparables. La Turquie a d'ailleurs été le porte-étendard des deux grands phénomènes qui touchent les émergents actuellement : d'une part, le cash qui fuit les actions de ces pays pour aller se réfugier dans les taux américains en nette progression sur un an et, d'autre part, le «compte Twitter de Donald Trump», qui torpille littéralement ses adversaires économiques avec des conséquences réelles sur leurs capacités exportatrices et leurs monnaies. Mais revenons à nos indices. Au Maroc, la déconfiture fut sans appel. Quelques chiffres pour en mesurer l'ampleur : sur les quelques 75 sociétés cotées, 58 ont baissé sur les trois derniers mois (données arrêtées au 27 août), contre 11 seulement en hausse et le reste inchangé. Un chiffre qu'il faut corriger des volumes, car sur les 11 valeurs en hausse, seules deux ont drainé des volumes reflétant de véritables engagements de la part des opérateurs.
Macroéconomie : la grande inconnue
Avec une baisse de 5,5% depuis le début de l'année, le marché actions revient à des niveaux de valorisation plus acceptables. Son rapport cours/bénéfices avoisine désormais les 18 et son rendement s'approche des 4%, après le décrochage de certaines capitalisations à fort rendement. De plus, les boîtes cotées disposent de suffisamment de cash et donc de marge de manœuvre pour naviguer dans des eaux troubles. Mais la macroéconomie est source d'incertitude pour certains. Il y a d'abord l'épisode boycott que l'on ne peut toujours pas conjuguer au passé et qui va vraisemblablement laisser des séquelles sur le moral des troupes. Et puis le spectre d'une relance budgétaire qui plane sur le marché et qui rappelle à certains opérateurs la période de 2011 post-printemps arabe. L'idée est simple : accepter de laisser courir le sacro-saint déficit, le temps de réaliser des investissements publics dans les chantiers prioritaires, pour ensuite en récolter les bénéfices sur l'emploi, tirer de la croissance et réduire à nouveau le déficit. Ceci semble corroboré par la lettre de cadrage de la Loi de Finances 2019 qui fait la part belle au social. Bien entendu, ces investissements sont toujours financés par de la dette et quand on sait que la composante intérieure de la dette du Trésor est majoritaire, on imagine bien comment une hausse du déficit pèsera sur le coût de l'argent : on parle de remontée des taux sur le marché primaire, de quoi pousser les institutionnels à faire des arbitrages en faveur des produits de taux au détriment des actions.
Des secteurs clés sous pression
D'un point de vue plus micro, la contreperformance attendue de certaines entreprises considérées comme représentatives de leur secteur a, à son tour, jeté un froid sur les opérateurs. Wafa Assurance et SMI, filiale du leader sectoriel Managem, ont alerté sur leurs résultats à cause de contextes difficiles. De quoi nourrir des doutes sur ces secteurs. Les bancaires ne sont pas en reste avec la dégradation de leurs fonds propres suite à la première application des normes IFRS9, ce qui a eu comme impact mécanique une dégradation de leurs valorisations. Les cours de Bourse ont donc suivi. A cela s'ajoute la longue traversée du désert de l'immobilier, dont les perspectives commerciales et fiscales ne font pas du tout l'unanimité auprès des traders. Enfin, les moyennes capitalisations qui avaient profité d'effets de base en 2016 et 2017, risquent de voir leur croissance saturer à court terme après deux années rapides. Ces entreprises de milieu de tableau représentaient depuis 24 mois une véritable bouffée d'oxygène, aujourd'hui épuisée. C'est dans ce terrain miné que les opérateurs devront faire leur rentrée. Terrain qui sera bombardé par une salve de résultats semestriels attendus dès cette semaine. A ce moment-là, on verra plus clair sur la suite des évènements. ■
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Le marché attend toujours ses nouveaux produits Le statut OPCI et les autres produits d'épargne de type ETP sont toujours attendus par les investisseurs. Le manque de liquidité, expliqué parfois par la faiblesse des supports proposés handicape à son tour le développement du marché. Un cercle vicieux qu'il faut rompre en développant rapidement des fonds alternatifs et des instruments de couverture permettant une plus grande exposition sur les marchés. L'amélioration des conditions d'admission et la poursuite des efforts de promotion et de sensibilisation aux avantages qu'offre le financement via le marché boursier doivent aussi être une priorité pour les acteurs.