Le marché devrait être affecté en 2016 par un contexte économique peu porteur et toujours aussi incertain. Les analystes de CFG Bank recommandent aux investisseurs de se positionner dans le cadre de 2 démarches d'investissement en fonction du couple rendement/risque ciblé et de l'horizon de placement souhaité. Détails. Le marché des actions semble emprunter une trajectoire particulièrement hésitante cette année. Après avoir emprunté une trajectoire haussière en début d'année, le Masi a marqué une nette atténuation au cours des dernières semaines, pour afficher une perte de 0,2% au terme du mois de février. De même, les perspectives d'évolution du marché des actions seraient particulièrement incertaines à en croire les analystes de CFG Bank. Et pour cause, d'une part l'évolution du marché serait négativement impactée par un contexte économique peu porteur et toujours aussi incertain avec d'importants risques de dégradation des perspectives de croissance à l'échelle mondiale, ainsi que la persistance d'une faible croissance de la masse bénéficiaire (estimée à 2% hors Samir et Alliances) susceptible de conduire les investisseurs à revoir à la baisse leurs anticipations de croissance à moyen et long termes, avec de facto un ajustement vers le bas des niveaux de valorisation du marché. D'autre part, le marché pourrait être soutenu par la baisse de la courbe des taux et le mouvement de réallocation auquel elle pourrait conduire, l'accroissement de l'attractivité du Maroc par rapport aux autres principales places financières africaines en raison de son profil défensif, ainsi qu'un éventuel effet de rattrapage sur certains secteurs excessivement pénalisés par le marché sur ces dernières années, notamment le secteur immobilier. Une évolution maîtrisée De ce fait, «l'antagonisme caractéristique des facteurs impactant le marché depuis début 2016, et qui devraient continuer à peser sur celui-ci sur le reste de l'année, donne un caractère particulièrement incertain à ses perspectives d'évolution sur les prochains mois, et nous pousse, par prudence, à opter au mieux pour le scénario d'une hausse modérée de l'indice en 2016», soulignent les analystes de CFG Bank. Ce pronostic représente selon les mêmes analystes le «meilleur scénario» avec au maximum une hausse de l'ordre de 5%. En revanche, si le «pire scénario» venait à se confirmer, le marché emprunterait une tendance légèrement baissière là aussi de l'ordre de 5%. En effet, «l'unique conviction que nous pouvons bâtir à ce stade, est celle d'un marché confronté tout au long de l'année à des vents contraires dont les effets se neutraliseraient mutuellement et dont l'évolution serait de facto de nature contenue, quel qu'en soit le sens», affirment les expert de CFG Bank. Dans une configuration aussi incertaine, mais où les évolutions potentielles du marché seraient d'une ampleur relativement tempérée, ces derniers recommandent aux investisseurs de se positionner dans le cadre de l'une des 2 démarches d'investissement. L'immobilier, de retour Ainsi, dans le cadre d'une stratégie d'investissement dynamique avec un horizon de placement relativement long (supérieur à 2-3 ans), les analystes recommandent de se positionner en premier lieu sur des valeurs présentant intrinsèquement un potentiel d'appréciation significatif. Celles-ci devant émerger comme les principales gagnantes du marché sur le moyen terme et probablement dès l'année boursière 2016 pour la plupart d'entre elles, compte tenu de leurs niveaux de valorisation particulièrement bas et de leurs rendements en dividende élevés qui leur procureraient un profil défensif dans le cas d'une baisse modérée du marché en 2016. Les «Top Picks» de CFG Bank incluent les deux immobilières Addoha et Résidences Dar Saada, 2 valeurs du secteur agroalimentaire (SBM et CSR), ainsi qu'Attijariwafa bank, Auto Hall, Salafin, Risma, Disway et Colorado. Par ailleurs Maroc Telecom continue à représenter, selon les analystes, une valeur incontournable sur la Bourse de Casablanca. À la recherche du rendement En revanche, dans le cadre d'une stratégie prudente, les analystes de CFG Bank recommandent de se focaliser principalement sur des valeurs défensives et offrant des niveaux de rendements en dividendes élevés. Une telle stratégie permettrait de neutraliser, voire de dégager une performance légèrement positive et proche des rendements monétaires à court terme, dans le cas où le scénario d'une baisse modérée du marché se matérialiserait. À ce niveau, deux catégories de valeur ressortent. La première est composée de valeurs appartenant à des secteurs défensifs par nature comme l'énergie, les utilities, l'agroalimentaire et les télécoms, car relativement moins sensibles aux aléas de la conjoncture économique, et en mesure d'offrir à court et à moyen termes des rendements en dividende supérieurs à la médiane du marché estimée à 4,8% en 2015. Maroc Telecom, Lydec, Taqa Morocco, Total Maroc, Cosumar et Lesieur émergent comme les valeurs les plus en adéquation avec les critères de cette catégorie. La deuxième catégorie est quant à elle constituée de valeurs appartenant à des secteurs relativement moins défensifs que ceux de la première catégorie, traitant à des niveaux de valorisation particulièrement bas dans l'absolu (PER 2016 inférieur à 12,0x) et offrant des rendements en dividendes à court et à moyen termes élevés (supérieurs à 7%). Seules 3 valeurs de la cote répondent pleinement à l'ensemble de ces critères, à savoir Addoha, Colorado et Salafin. Karim Gharbi Associé et directeur du département recherche à CFG Bank «Le Maroc pourrait émerger comme une place financière refuge» Les ECO : Quel est l'impact de la détente des taux observée sur le marché obligataire sur les sociétés du Masi et l'évolution du marché des actions ? Karim Gharbi : À prime de risque constante, la détente des taux se traduirait par une baisse du coût du capital et devrait ainsi exercer mécaniquement un impact positif sur l'évolution du marché des actions, susceptible de compenser partiellement les effets négatifs de la faible croissance économique et des bénéfices escomptée en 2016. À cet égard, elle explique selon nous en partie la hausse des cours sur les premières semaines de l'année, à travers le mouvement de réallocation d'actifs auquel elle a conduit chez certains investisseurs de la place. Comment évaluez-vous l'attractivité du Maroc auprès des investisseurs étrangers ? Malgré un contexte économique peu favorable avec une faible croissance économique (1,4%) et la persistance d'une croissance modérée de l'activité non agricole (environ 3%), le Maroc devrait afficher en 2016 un profil défensif comparativement aux autres principales places financières africaines (hors Afrique du Sud), grâce à sa stabilité politique et la solidité de ses fondamentaux macroéconomiques, avec une inflation maîtrisée, une réduction continue de ses déficits jumeaux depuis 2013 et surtout des risques de change relativement limités. Effectivement, certaines places financières africaines majeures, comme le Nigéria et l'Egypte, seraient confrontées en 2016 à un environnement particulièrement adverse en lien avec les impacts directs et indirects (baisse des aides des pays du Golfe dans le cas de l'Egypte) de la forte baisse des prix du pétrole sur leurs performances économiques et sur la soutenabilité de leurs taux de change actuels (risques de dépréciation substantiels). Dans une telle configuration, le Maroc pourrait émerger comme une place financière refuge pour les fonds étrangers dédiés aux marchés africains et «Frontier» et bénéficier dès lors d'un éventuel mouvement de réallocation de fonds, avec pour corollaire une pression inflationniste sur les cours. Comment devrait évoluer le secteur immobilier qui était fortement pénalisé par le marché aux cours dernières années ? Le secteur immobilier devrait regagner la faveur des investisseurs après une année 2015 difficile. Nous recommandons en particulier de se positionner sur RDS compte tenu de son profil de valeur associant forte croissance et génération de cash sur les prochaines années, ainsi que sur ADH estimant que la correction à la baisse du cours post-annonce de son nouveau plan stratégique est injustifiée d'un point de vue fondamental. Cette baisse semble d'autant plus injustifiée qu'Addoha a publié des indicateurs 2015 dépassant les objectifs fixés dans son Plan génération cash. Après des années boursières 2014 et 2015 difficiles pour le secteur immobilier sur fond d'affaire CGI, de craintes autour de la solvabilité du groupe Alliances développement immobilier, et d'annonce par Addoha début 2015 d'un nouveau plan stratégique, induisant un important redimensionnement à la baisse de la taille de la société en raison d'une augmentation significative de son stock de produits finis invendus, nous pensons que le secteur devrait graduellement regagner les faveurs des investisseurs. Cet environnement difficile a également entraîné dans son sillage Résidences Dar Saada (IPO en décembre 2014) en raison d'un climat de défiance généralisée vis-à-vis du secteur. En effet, les investisseurs ont interprété ces mauvaises nouvelles comme étant symptomatiques d'une profonde crise du marché immobilier, qui prendrait la forme d'un essoufflement de la demande et d'une surproduction du logement social. Or, les fondamentaux du marché du logement social sont plutôt sains. Notre analyse prospective du marché du logement social montre effectivement que celui-ci risque d'être sous-provisionné sur les prochaines années du fait de l'existence d'importantes barrières à l'entrée ayant conduit au retrait des petits promoteurs, qui s'étaient rués sur ce secteur post-loi de Finances 2010, et ceci alors que la demande pour le logement social resterait importante à moyen et long termes. Dans une telle configuration, ADH et RDS émergeraient comme les grands gagnants du secteur immobilier national, d'où notre conviction que la baisse des cours boursiers de ces deux valeurs revêt un caractère excessif et injustifié.