Les investissements publics atteignent 180 milliards de DH en 2012. 186 milliards de DH de déficit commercial en 2011. L'économie marocaine devrait relever plusieurs défis pour afficher une croissance solide. Dans le cadre de la préparation du 16ème Congrès du parti de l'Istiqlal, la commission préparatoire des affaires économiques du congrès, en coordination avec l'alliance des économistes Istiqlaliens, a organisé récemment une conférence-débat sous le thème : «Quelle idéologie du développement économique au Maroc. Les défis de l'égalitarisme et les contraintes de la crise économique mondiale». Une rencontre qui s'est déroulée en présence de plusieurs dirigeants du parti notamment M'hamed Douiri, ancien ministre de l'Economie nationale et des Finances, Taoufik Hejira, Karim Ghellab, Adil Douiri, Mohamed El Ouafa, Abdellatif Maazouz et bien d'autres. Dans son intervention lors de cette rencontre, Nizar Baraka, ministre de l'Economie et des Finances, s'est attardé sur la situation macroéconomique actuelle du pays. En effet, dans un climat de tensions sociales et économiques qu'enregistre la majorité des pays de par le monde, dues à la crise actuelle, l'argentier du Royaume souligne qu'il est nécessaire de prendre en considération les attentes des citoyens afin de mener des politiques et concevoir des modèles économiques tendant au développement et à la création de la valeur. «L'économie nationale a connu un développement important durant les dernières années, suite à la dynamique des actions et aussi grâce aux politiques menées dans ce sens», souligne Nizar Baraka. Dans ce sillage, le taux de croissance moyen du Maroc est passé de 3,8% durant la période 1999-2005 à 4,9% durant la période 2006-2011. Cette amélioration s'est traduite positivement sur les revenus des habitants ayant augmenté de 4% par an, durant cette dernière décennie. Le ministre a aussi insisté sur l'évolution des investissements au Maroc dans un contexte de crise et ce grâce aux encouragements de l'Etat. Dans la foulée, les investissements directs étrangers (IDE) ont baissé, soit -25% durant les deux dernières années. Ce qui a incité l'Etat marocain à augmenter la part des investissements publics afin de diluer le recul enregistré des IDE et d'améliorer la compétitivité du Maroc. Ainsi, le montant des investissements publics passe de 64 milliards de DH en 2003 à 180 milliards de DH en 2012. Concernant les agrégats macroéconomiques du pays, l'inflation reste maîtrisée avec un taux de 0,8% en 2010 et un taux de 0,9% en 2011. Le ministre a souligné aussi le recul important du taux de chômage en dépit de sa valeur qui reste plus ou moins élevée se situant fin 2011 à 8,9% ; il a connu une baisse de près de 6 points par rapport au passé. Ce diagnostic fait et malgré les éléments positifs énumérés par Nizar Baraka, il n'en demeure pas moins que l'économie marocaine souffre de plusieurs faiblesses qu'elle doit pallier si l'on veut renouer avec une croissance solide. L'économie plombée par les effets de la crise Et parmi les boulets que traîne le Maroc les exportations figurent en bonne place. Elles croissent moins vite que les importations, ce qui fait ressortir un déficit commercial moyen de 164 milliards de DH sur la période 2007-2011. Ce déficit a atteint 186 milliards de DH pour la seule année 2011. Cette situation est attribuable, selon Nizar Baraka, à la hausse des importations énergétiques (76% des besoins sont importés) et à celles relatives à l'équipement. Il note aussi que «les importations de l'énergie et des céréales constituent les deux tiers du déficit commercial ». Par ailleurs, les recettes touristiques ont stagné ces dernières années, corrélées à la baisse des transferts des MRE en devises. En Espagne, par exemple, le taux de chômage des Marocains est de 46% actuellement. De facto, les réserves en devises du pays ont baissé et le déficit de la balance des paiements a atteint 7,9% du PIB en 2011. Aujourd'hui, la crise mondiale est structurelle et durerait dans le temps pour nos partenaires commerciaux, notamment les pays européens, et par conséquent la marge de manœuvre de l'Etat ne cesse de se réduire. Le taux du déficit public est de 6% du PIB et la capacité d'intervention de l'Etat pour relancer la demande nationale à travers l'investissement reste somme toute limitée. Ce constat est ressenti au niveau de la création d'emplois. En effet, dans le passé, 1 point de croissance correspondait à 35.000 opportunités d'emploi. Actuellement, seulement 25.000 emplois pourraient être créés. Quel modèle économique pour le Maroc Aujourd'hui, plusieurs défis sont à relever par le Maroc. Après dix années de croissance et de développement très rapides, notre pays affronte deux difficultés simultanément. Selon Adil Douiri «un déséquilibre économique sérieux, qui résulte justement de la croissance rapide et de l'élévation du niveau de vie des citoyens : notre consommation de produits importées est forte. Nos réserves de change baissent dangereusement chaque jour. La deuxième difficulté provient d'une conjoncture externe très défavorable, avec une hausse vertigineuse du prix du pétrole et une crise profonde chez nos clients et voisins européens». L'engagement du parti de l'Istiqlal est de préserver l'indépendance économique, en modifiant la vitesse et la mise en œuvre des stratégies sectorielles exportatrices. La réponse du parti aux effets de la crise passe par la recherche de toutes les solutions pour freiner, au moins temporairement, la croissance des importations. En même temps, il faut veiller à préserver et à stimuler les grandes locomotives de croissance et de création d'emplois tout en encourageant l'administration territoriale à reprendre son rôle de moteur en matière d'investissement et de croissance. L'une des idées qui a émergé lors de cette conférence-débat est celle soulignée par Adil Douiri : «il faut être libre et maître de son destin». Cette approche se traduit essentiellement par l'indépendance économique. Pour l'ancien ministre du Tourisme, il faut éviter de se mettre dans une situation où notre politique économique est dictée par l'extérieur. En pratique, il faut que l'autonomie financière du pays soit respectée en permanence et le niveau d'endettement raisonnable mais suffisant pour assurer le développement le plus rapide possible. «Cela nécessite des réserves de change suffisantes pour être en mesure d'honorer nos achats à l'extérieur», explique Douiri. D'autre part, l'indépendance et la liberté en économie se traduisent par une idée forte et centrale. Selon Adil Douiri «le patriotism e économique consiste à favoriser la construction d'entreprises nombreuses, dans plusieurs secteurs clés de l'économie, entreprises dont le centre de décision finale se trouve au Maroc». Le patriotisme économique signifie essentiellement à aider à l'établissement d'un tissu d'entreprises marocaines qui travaillent étroitement avec l'Etat pour réaliser des objectifs de développement internes tout en ayant une diplomatie économique en construisant de liens avec des pays voisins. Par Saad Zeroual & Mehdi Bensaoud