- La croissance ralentit au second trimestre, mais devrait se redresser au T3. Dans un contexte marqué par un profond malaise social, qui tend à glisser progressivement vers de fortes tensions économiques, les signaux délivrés à travers les statistiques rendues publiques par Bank Al-Maghrib ou encore le haut-commissariat au Plan ont toute leur importance. Il faut dire que la persistance du phénomène de boycott inquiète de plus en plus, eu égard à ses conséquences sur les sociétés concernées, mais surtout sur l'économie nationale dans sa globalité. S'il n'y a pas encore d'indicateurs chiffrés à ce niveau, hormis ceux livrés par les entreprises victimes du boycott, tout cela enfonce le clou de la suspicion qui entoure le climat des affaires en ce moment. Bref, le climat n'est pas idéal pour le business. Et dans ce contexte, l'activité économique nationale aurait progressé de 3% au deuxième trimestre 2018 (soit le même niveau prévu au mois d'avril 2018) au lieu de +3,2% un trimestre auparavant, dans un contexte de hausse de 3,1% de la valeur ajoutée agricole. Selon le haut-commissariat au Plan, l'activité agricole aurait ainsi progressé à un rythme plus soutenu qu'attendu au deuxième trimestre 2018, grâce notamment à l'amélioration des perspectives de récoltes des cultures printanières. Hors agriculture, l'activité aurait légèrement ralenti, affichant un accroissement de 3% au lieu de 3,3% au trimestre précédent, pénalisée notamment par la décélération de la valeur ajoutée minière, laquelle affiche une hausse de 0,2% au lieu de 16,6% un trimestre plus tôt. «Contribuant pour près de 1,6 point à la croissance globale du PIB, le secteur tertiaire aurait continué de soutenir l'activité économique grâce notamment à la bonne orientation du commerce, du transport et des activités touristiques», note le HCP, précisant qu'en revanche, la contribution du secteur secondaire à la croissance économique globale aurait reflué à 0,6 point, au lieu de 1,1 point un trimestre auparavant. Au troisième trimestre 2018, l'économie nationale devrait afficher un meilleur profil qu'au second trimestre. La demande mondiale adressée au Maroc poursuivrait son amélioration, affichant une hausse de 5,4%, profitant notamment aux industries automobile et aéronautique et à la confection, fait savoir le HCP, notant que «le renchérissement des cours mondiaux du pétrole prévu à 80 $/baril, au lieu de 52 $/baril un an plus tôt, continuerait à peser sur la balance commerciale et les importations des produits énergétiques». Dans ce contexte, la valeur ajoutée industrielle réaliserait un accroissement de 3,1% au troisième trimestre 2018, en variation annuelle, tandis que l'activité minière progresserait de 0,6%, en ligne avec la poursuite de la modération de la production du phosphate brut, indique le HCP. Quant au secteur tertiaire, sa valeur ajoutée croîtrait de 3,4%, contribuant pour environ +1,6 point à la croissance globale du PIB. Globalement, note le HCP, le PIB non-agricole s'améliorerait de 3,3% au troisième trimestre 2018 au lieu de 3% un trimestre plus tôt. En cela, compte tenu d'une progression de 2,6% de la valeur ajoutée agricole, tirée principalement par l'affermissement de la production des cultures fruitières et des activités d'élevage, le HCP table sur une croissance économique nationale de 3,2% au troisième trimestre 2018, au lieu de 3,9% la même période une année auparavant. ■
Hausse des cours mondiaux des produits énergétiques Le commerce mondial de biens aurait été moins dynamique au deuxième trimestre 2018, par rapport à fin 2017 et début 2018, sous l'effet du ralentissement des importations des économies aussi bien avancées qu'émergentes, note le HCP. Malgré la légère décélération des échanges mondiaux, la demande étrangère adressée au Maroc serait restée bien orientée lors de la même période, réalisant une hausse de 5% en variation annuelle, portée par l'accroissement des importations des pays de la zone Euro. Dans ce contexte, les exportations de biens, en augmentation estimée à 13,9%, auraient continué à profiter de la bonne performance des expéditions du secteur automobile, dans ses segments construction et câblage, précise le HCP, ajoutant que les exportations de phosphates et de leurs dérivés auraient, pour leur part, connu un retournement à la hausse avec une contribution positive de 4,7 points, après un premier trimestre morose. Pour leur part, les importations auraient crû de 9,2%, en variation annuelle. La facture énergétique aurait continué de grever la balance commerciale, contribuant pour près de 3,5 points à cette augmentation, en liaison avec le renchérissement des cours mondiaux des produits énergétiques, souligne le HCP.