La croissance dans la région du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord (MENA) devrait atteindre 3,1 pc en 2018, contre 2 pc en 2017, selon une nouvelle étude de la Banque mondiale (BM), qui fait état d'une reprise économique, qui s'annonce "générale et diversifiée, et devrait bénéficier d'une conjoncture économique mondiale favorable". D'autres facteurs devraient contribuer à cette reprise, à savoir la stabilisation du marché pétrolier autour d'une légère remontée des prix, et les perspectives de reconstruction post-conflit, fait ressortir la dernière édition du Rapport de suivi de la situation économique de la région MENA, publié lundi par l'organisation mondiale. "Plusieurs raisons autorisent un optimisme (…) Il est temps de se concentrer sur la création de plus d'emplois et d'opportunités économiques pour les jeunes. L'environnement économique favorable est l'occasion d'accélérer les réformes pour un secteur privé renouvelé en tant que moteur de croissance et de création d'emplois", estime Hafez Ghanem, vice-président de la Banque mondiale pour la Région Moyen-Orient et Afrique du Nord, cité dans le rapport. Du fait des bonnes performances des pays du Conseil de coopération du Golfe, les exportateurs de pétrole pourraient enregistrer une croissance de 3 pc en 2018, soit le double de 2017, fait savoir la même source, qui note qu'entre 2018 et 2020, les importateurs de pétrole devraient voir leur croissance augmenter de 4 pc en moyenne, sous l'effet d'une hausse des envois de fonds de l'étranger, du tourisme et des exportations. Presque tous les pays de la région ont engagé des réformes profondes destinées à réduire ou supprimer les subventions énergétiques, à trouver de nouvelles sources de recettes non pétrolières et à étendre les filets de protection sociale afin d'aider les pauvres à affronter les conséquences négatives inhérentes à ces mutations, ajoute l'institution de Bretton Woods. "Alors que les politiques de stabilisation ont aidé les économies à s'adapter ces dernières années, nous avons besoin d'une croissance beaucoup plus rapide pour absorber les centaines de millions de jeunes qui entreront sur le marché du travail dans les prochaines décennies", souligne, pour sa part, Rabah Arezki, économiste en chef de la Banque mondiale pour la région MENA. La faiblesse des prix du pétrole et le passage à l'échelle mondiale à l'énergie renouvelable pour atteindre les objectifs climatiques posent des risques et génèrent des opportunités, avertit l'étude, qui relève, toutefois, qu'avec son ensoleillement abondant, la région peut tirer parti de la puissance de la technologie solaire à travers l'innovation et l'adoption de nouvelles technologies. En plus d'aider la région à s'adapter à la nouvelle réalité des bas prix du pétrole, l'exploitation des nouvelles technologies pourrait être un nouveau moteur de croissance et d'emploi, explique la BM, ajoutant que l'accent mis sur la gouvernance d'entreprise devra accompagner les efforts visant à améliorer l'environnement des affaires, à créer un nouveau système d'incitations au niveau des entreprises qui encourage un mode de pensée audacieux et créatif nécessaire à la transformation économique. L'adoption de nouvelles technologies nécessitera des investissements importants dans les infrastructures et une plus grande mobilisation des financements privés, indique ledit rapport, soulignant le rôle important des partenariats public-privé qui constituent une étape vers la transformation du rôle de l'Etat, de principal pourvoyeur d'emplois en catalyseur de l'activité du secteur privé.