Bank Al-Maghrib n'a visiblement que peu apprécié la dernière note de l'agence Fitch sur le secteur bancaire marocain prétendant que le niveau des créances douteuses des banques marocaines était largement sous-estimé par rapport à la réalité. Interpellé en conférence de presse sur cette question, Abdellatif Jouahri, gouverneur de la Banque centrale, n'a pas dissimulé son agacement : «Nous allons nous mêmes saisir Fitch ratings pour que l'agence nous explique sa méthodologie et comment elle arrive à de telles conclusions. Parce qu'il faut dire qu'elle n'y est pas aller de main morte», a-t-il tonné.
«C'est un peu fort de café !»
Le Wali de Bank Al-Maghrib n'a pas manqué de rappeler la solidité des règles nationales en matière de classification des créances et la résilience du secteur bancaire. «La meilleure réponse que j'ai à faire à Fitch, est que tout le secteur bancaire marocain a fait l'objet d'une évaluation conjointe du FMI et de la banque mondiale en 2015. Le rapport issu de cette évaluation n'a jamais remis en cause le calcul que nous faisons en matière de créances en souffrance», a-t-il fait remarqué. Cette évaluation indépendante, réalisée par des organismes internationaux de première importance dans le cadre du programme FSAP (Programme d'évaluation du secteur financier), avait abouti à la conclusion que le secteur bancaire marocain est «l'étalon or par rapport à la région MENA», rappelle-t-il. Par ailleurs, la Banque centrale rappelle que les stress tests réalisés avaient également confirmé que les banques marocaines étaient résilientes. Le niveau de provisionnement des risques par les banques marocaines est également sujet à controverse entre BAM et Fitch. «Le taux moyen de couverture des créances par les provisions est de 70%. C'est une moyenne. Certaines banques ont un taux de couvertures proches de 80%. Fitch parle d'une moyenne autour de 50%». L'écart entre les deux moyennes semble exagéré aux yeux du Wali pour qui les conclusions de Fitch sont «un peu fort de café!».