La faible qualité des actifs et le manque de fonds propres continuent de peser lourdement sur la viabilité autonome des banques marocaines. Telle est la conclusion du dernier rapport de l'agence de notation Fitch Ratings sur le secteur bancaire marocain. En effet, l'agence s'inquiète du ratio moyen des prêts douteux présenté par les sept plus grandes banques du Maroc au cours des cinq dernières années et qui est resté juste en dessous de 10% à 9,8% à la fin du premier semestre de l'année 2018. Un tel ratio est beaucoup plus élevé que celui des marchés développés. Surtout, la situation pourrait être pire étant donné que la robustesse des modèles de pertes de crédit attendus pour calculer les prêts IFRS 9, doit encore être testée au fil du temps. L'agence note par ailleurs que son «Fitch Core Capital Ratio», un indicateur qu'elle utilise pour évaluer la solidité du capital, est particulièrement bas pour des banques d'importance systémique comme Attijariwafa Bank et BMCE Bank. De même, pour illustrer son inquiétude sur le risque, Fitch Ratings a indiqué qu'à la fin du premier semestre 2018, les 20 prêts les plus importants représentaient en moyenne 20% du total des prêts de toutes les banques notées. L'entrée en vigueur de la norme IFRS9 en janvier 2018, poursuit la même source, a clarifié les prévisions en matière de créances douteuses, incitant les banques à augmenter les provisions et à améliorer la couverture du risque de crédit. Le taux de couverture des créances douteuses s'élève à 83% chez les sept plus grandes banques à fin juin 2018, contre 73% à fin décembre 2017. Aussi, l'IFRS 9 n'a eu aucune incidence sur les ratios de fonds propres réglementaires, car la banque centrale autorise les banques à étaler sur cinq ans les déductions des provisions pour pertes sur créances attendues. Ainsi, le ratio moyen des fonds propres de la catégorie 1 parmi les sept plus grandes banques du Maroc est de 10,6% à la fin du premier semestre, étant supérieur au minimum réglementaire de 9%. Contrairement à la qualité médiocre de leurs actifs et de leurs capitaux, l'agence souligne toutefois que la rentabilité, le financement et les liquidités des banques marocaines sont solides. Elle note que les grandes banques marocaines ont enregistré un rendement opérationnel annualisé moyen de 2% sur les actifs pondérés par les risques à fin juin 2018, étayées par des marges (une moyenne de 3,6%) et des ratios coûts / revenus (53%) que l'agence qualifie de raisonnables. Enfin, pour Fitch Ratings, les notes de toutes les banques marocaines sont motivées par l'hypothèse selon laquelle les banques recevraient un soutien, si nécessaire, de la part de l'Etat marocain (BBB- / Stable) et/ou de la part des actionnaires institutionnels.