Mercredi, L'Agence Fitch annonçait dans un rapport que des banques marocaines sous-estiment leurs créances en souffrance. La présentation du rapport sur la supervision bancaire, tenue en ce moment par Bank Al-Maghrib à Casablanca, était l'occasion pour la banque centrale de répondre à l'agence londonienne. BAM a fait part de son désaccord avec les conclusions de l'Agence et annonce tout de même une réforme du système de classification des créances. Hiba Zahoui, Directrice de la supervision bancaire au sein de Bank Al-Maghrib a tiré les choses au clair ce jeudi à Casablanca. Elle a déclaré que la banque centrale ne partage pas la même vision que Fitch qui a affirmé hier dans une note consacrée au secteur bancaire marocain que les créances en souffrances des banques était sous-estimées. Fitch a estimé que le taux de créances en souffrance calculé par l'agence à fin 2016 serait en réalité de 12 à 14% au lieu de 9,7%. Une hypothèse que la nouvelle femme forte de la DSB (Direction de la supervision bancaire) a balayé sans équivoque. "Nous allons nous rapprocher de Fitch pour comprendre comment ils sont arrivés à ces conclusions", a-t-elle ainsi déclaré. "En tant que Banque centrale, nous ne partageons pas les conclusions de Fitch" a-t-elle fait savoir. La reponsable de la DSB a argumenté son propos en expliquant que pour évaluer de manière précise les créances en souffrance du secteur bancaire, il faut avoir la possibilité d'examiner dans le détail les portefeuilles des banques ainsi que les dossiers litigieux, ce que l'agence Fitch ne peut faire. Il y certes des demandes de la Banque centrale de déclasser certaines créances. Les contrôles sur place au sein des établissements bancaires sont trés détaillés et appronfondis, et il existe un dialogue entre la banque centrale et les banques et des négociations concernant la classification de certaines créances qui peuvent être sujettes à interpétation, a-t-elle expliqué. Mais ces déclassements demeurent marginaux et ne remettent pas en cause les chiffres selon BAM. Pour Zahoui, les commissaires aux comptes sont également impliqués dans la détermination des créances en souffrance et ils font leur travail. ... Une réforme en cours Cela dit, Zahoui a avoué que les normes de classification actuelles des créances est devenu insuffisant puisqu'elles ne "captent pas l'ensemble tous les indices de dépréciation". C'est la raison pour laquelle une réforme est en cours concernant deux principaux points : les créances sensibles et les créances en souffrance. Concernant les créances sensibles, qui serait une nouveauté dans la classification, l'objectif serait de mettre en place des critères pour mieux harmoniser la classification des créances, alors qu'un nouveau critère de classification sera introduit concernant les prêts en souffrance, notamment concernant la notion de défaut. Il s'agira des clients qui opèrent des dépassement de ligne de manière persistante. Si les remboursements se font souvent hors délais, cela entrainera leur classification en catégorie "défaut". Par ailleurs, ce chantier réglementaire d'envergure, qui fait parti des nouvelles orientations stratégiques de BAM pour les 3 années à venir, a déjà fait l'objet de deux études d'impacts qui permettront de bien calibrer ces nouvelles normes.
Ratios de solvabilité : RAS pour BAM
L'autre point soulevé par la note de Fitch rating avec lequel la Banque centrale est en désaccord concerne les ratios de solvabilité. L'agence a en effet souligné que certaines banques parmi les plus importante du paysage financier marocain affichent des ratios à peine supérieurs aux exigences minimales en fonds propres et seraient "vulnérables" à des chocs, même "mesurés". Là-aussi, la Banque centrale ne partage pas l'opinion de l'agence de notation. "Le Maroc a fait le choix de mettre en place des ratio de solvabilité et Tier1 (fonds propres de bases) de respectivement 12% et 9%. C'est plus que ce que le comité de Bâle recommande", a souligné Zahoui. Par ailleurs, a-t-elle ajouté, les fonds propres de bases des banques sont supérieurs de plus de 200 points de base au minimum exigible. "Le FMI a rappelé il y a deux semaines que les banques marocaines sont solides et bien capitalisées", a-t-elle conclu.