Tous les ingrédients sont réunis pour que 2018 soit l'année du décollage effectif de l'écosystème des start-up : le gouvernement a lancé une série de mesures fiscales destinées à encourager l'investissement dans les start-up, tandis que les investisseurs veulent mettre la main à la poche.
Qu'on se le dise d'emblée : Il faudra se montrer patient avant que l'économie des start-up n'apporte sa pleine contribution à la création de richesse et à la résorption du chômage. L'écosystème entrepreneurial du Maroc en est encore à ses balbutiements, et le pays ne va pas se muer en une Silicon Valley du jour au lendemain. Ceci étant dit, les signaux positifs laissant penser à une accélération de la dynamique des entreprises innovantes, sont bien là. Ils proviennent notamment du gouvernement qui joue la carte de la carotte fiscale pour donner une impulsion forte au secteur. L'Exécutif a en effet introduit dans la Loi de Finances 2018 une série de mesures fortes destinées à encourager l'investissement dans les start-up innovantes. Ainsi, les contribuables, personnes physiques ou morales, qui prennent des participations dans le capital des start-up, se verront offrir d'importantes réductions d'impôts. Concrètement, les prises de participation dans le capital d'une start-up seront défiscalisées, dans la limite d'un plafond de 200.000 DH. De quoi inciter les investisseurs les plus frileux à regarder de plus près les opportunités offertes par ce type de placement. Du côté des start-up, dont la plupart sont sous-capitalisées et peinent encore à accéder aux modes de financement classiques, cette mesure est susceptible d'améliorer leur assise financière.
Innov Invest : le fonds qui change la donne
Parallèlement aux incitations fiscales, le gouvernement a poursuivi ses efforts pour la conception et la mise en place d'un modèle de financement adapté aux jeunes entreprises et à la start-up. C'est là où le Fonds Innov Invest intervient. Chapeauté par la Caisse centrale de garantie (CCG), devenue entre-temps Crédit capital garantie finance, ce fonds a été officiellement lancé en novembre dernier. Il doit permettre de combler les carences constatées dans l'accès au financement des start-up. Il mobilise pas moins de 700 millions de DH, qui seront injectés en Equity dans les start-up les plus prometteuses, couvrant des domaines aussi diversifiés que les fintechs, les énergies renouvelables ou encore le tourisme. Le moins que l'on puisse dire, c'est que l'enthousiasme suscité par le lancement de ce fonds est réel. «Il offre de réelles opportunités en termes d'appui et de financement dédiés aux start-up et aux porteurs de projets innovants, qui constituent le noyau de l'économie d'avenir», a souligné à ce titre Mohamed Boussaid, ministre des Finances. «Le lancement du Fonds Innov Invest symbolise une grande avancée en matière de facilitation d'accès des entreprises innovantes au financement, d'autant que jusque-là il n'y avait pas de mécanismes financiers appropriés pour financer la phase d'amorçage des jeunes entreprises», a, de son côté, déclaré Aziz Qadiri, président du Réseau Maroc entreprendre, l'un des 6 incubateurs labélisés par le fonds. Sur les cinq premières années du Fonds Innov Invest, pas moins de 300 entreprises innovantes sont ciblées. Les tickets d'entrée annoncés sont importants : de 5 à 6 millions de DH en moyenne en prise de participation directe. Cela peut aller jusqu'à 10 millions de DH dans certains cas. Dans ce cadre, 4 sociétés de gestion ont été retenues pour gérer 4 fonds nouvellement créés : il s'agit des fonds Azur Innovation, Seaf Morocco Growth Fund, Maroc Numeric Fund II et Green Innov Invest. Ces fonds interviendront sur des créneaux d'avenir et innovants, tels que les TIC, les énergies renouvelables, les biotechs, l'agribusiness ou encore les fintechs. Le fonds Green Innov Invest a même déjà reçu le feu vert de l'Autorité marocaine du marché des capitaux (AMMC) pour démarrer ses activités (voir encadré). ■
C'est parti pour Green Innov Invest «Green Innov Invest» (GNII), fonds investissant dans les start-up innovantes opérant dans les secteurs verts et le développement durable, porté par Global Nexus, un gestionnaire d'organismes de placement collectif en capital, est le premier à recevoir le visa de l'AMMC pour démarrer ses activités. L'opération de souscription aux parts du fonds sera lancée ce 28 décembre 2017 et s'achèvera le 12 février 2018. Le fonds initiera des opérations de Seed Capital (capital amorçage), Early Stage Capital (financement de la mise sur le marché) et de Venture capital (capital risque). Une quinzaine d'investissements seront réalisés par le fonds. Les montants sont compris entre un et cinq millions de dirhams pour les entreprises en Seed Capital et entre cinq et quinze millions de dirhams pour les entreprises en Early Stage et Venture Capital ayant un fort potentiel de croissance. Pour des opportunités à fort potentiel, le ticket pourrait atteindre 20 millions de dirhams, libérés par tranches, y compris les investissements complémentaires. Cette première levée de fonds donnera une première indication sur l'appétit des investisseurs pour ce type de produit.