Avec une performance de -6,65% à fin avril, c'est peu de dire que le marché boursier va mal. Très mal. Sans pour autant être alarmiste. Et le contexte économique actuel, marqué par des finances publiques en berne, un déficit commercial qui se creuse, des investissements directs étrangers en baisse et, plus globalement, un manque de visibilité assez inquiétant, enfonce davantage le clou de la suspicion qui entoure la place casablancaise. Un brin d'optimisme dans ce paysage obscur ? Rien. Du moins, pour l'instant. Même les analystes avertis qui, en pareilles circonstances, ont tendance à rassurer les investisseurs, affichent un pessimisme outrancier. Et, à en croire plusieurs d'entre eux, pour la reprise du marché, il va falloir encore attendre des jours meilleurs. Fin 2012 ? Début 2013 ? Les plus optimistes planchent pour le premier trimestre de l'année prochaine. A moins que… A moins que, finalement, les pouvoirs publics prennent toute la mesure de ce qui se joue sur le marché boursier pour accélérer les réformes préconisées, dont la plus attendue (et certainement celle qui a le plus erré dans les couloirs de l'Administration) reste celle relative à la mise en place du marché à terme. A moins qu'ils donnent des signaux forts à la communauté des investisseurs désabusés, lesquels ont de plus en plus l'impression d'avoir ingurgité une bonne rasade de jus de chaussette. A moins, tout simplement, qu'ils prennent les bonnes décisions, en temps opportun, et avec toute la diligence que cela requiert. Mais pour cela, il faudra visiblement repasser, car le gouvernement actuel, avec sa Loi de Finances 2012 dont la mise en œuvre effective risque fort de coïncider avec l'élaboration de celle de 2013, a d'autres préoccupations. Conséquences logiques : professionnels du marché et investisseurs se rongent les ongles, alors que les sociétés qui avaient des velléités d'élargir la corbeille ont vite calmé leurs ardeurs, en attendant de meilleures perspectives sur le marché. Dans ce climat d'incertitude et d'attentisme global, ces professionnels, à travers l'Association professionnelle des sociétés de Bourse et la Bourse de Casablanca, ont justement choisi de débattre, le 7 mai courant, du «Bilan des sociétés cotées à la Bourse de Casablanca : Au-delà des résultats 2011, enjeux & perspectives 2012». Histoire de «mettre la lumière sur les résultats 2011 publiés par les sociétés cotées, de les analyser sous les angles macro-économiques, ainsi que de présenter les enjeux sectoriels devant être pris en compte dans l'appréciation des prévisions de croissance». Une initiative qui donnera certes un peu de visibilité aux investisseurs, mais qui restera largement insuffisante pour leur redonner confiance. Mais, au moins, cela a le mérite d'instaurer le débat. Car, ne dit-on pas que de la discussion jaillit la lumière ?