ν La Banque Africaine de Développement (BAD) estime que le Maroc recèle plusieurs opportunités d'investissement. Elle va injecter 1Md d'euros au Maroc en 2012. Les taux de croissance africain et marocain sont très attrayants, surtout au vu de la conjoncture internationale. Eclairage d'Amani Abou Zeid, représentante résidente de la Banque Africaine de Développement au Maroc. * Finances News Hebdo : Qu'est-ce qui se cache derrière votre participation à ce sommet ? * Amani Abou Zeid : La Banque Africaine de Développement, comme vous le savez, est le plus gros bailleur de fonds du Maroc. Nous sommes le premier partenaire en développement du Maroc. L'un des aspects que nous essayons de promouvoir par le biais de nos interventions est d'augmenter la compétitivité du Maroc et encourager et promouvoir les investissements. Ce forum s'insère parfaitement dans le cadre de nos préoccupations, et surtout de notre stratégie. D'ailleurs, il y a plusieurs moyens pour promouvoir la compétitivité du Maroc: nous appuyons les efforts locaux dans les réformes des différents secteurs et sommes impliqués dans le financement des grands projets sectoriels… comme : les secteurs du transport, du tourisme, des énergies. La Banque Africaine de Développement opère, appuie et finance ainsi la plupart de ces grands chantiers dont on a parlé. Les investissements sont l'un des piliers économiques d'un pays. Rendre le pays attrayant pour les investisseurs demeure sa première préoccupation et nous sommes là justement pour appuyer tout effort dans ce sens. * F. N. H. : Vu la conjoncture économique, les IDE ont fortement baissé. Est-ce que ceci change la donne pour les pays émergents, notamment pour le Maroc ? * A. A. Z. : Ceci n'est pas vraiment au cœur de nos soucis, car malgré un contexte international extrêmement difficile, le Maroc continue à afficher des taux de croissance positifs et pas n'importe lesquels : nous sommes entre 4% et 5% pour des durées soutenues. L'Afrique, dans son ensemble, affiche des taux de croissance entre 6% et 7% et qui sont des taux extrêmement encourageants, malgré les difficultés que le monde vit actuellement. Ceci démontre que le pays, en particulier, et le continent en général, sont devenus extrêmement attrayants pour les investissements internationaux. * F. N. H. : Quel rôle joue la BAD dans l'intégration du Maroc ? * A. A. Z. : L'une des lignes directrices de la stratégie de la BAD est l'intégration de toute l'Afrique, car il n'y a pas que l'UMA. Il y a les intégrations sous-régionales, c'est-à-dire chaque sous-région à proprement parler, et aussi l'intégration de toute l'Afrique en tant que continent uni, une Afrique intégrée. Notre appui s'exerce à différents niveaux, soit au bénéfice de communautés économiques régionales comme l'UMA, par exemple. Et un appui institutionnel en tant qu'union. Nous finançons aussi certains projets : pour l'UMA nous avons financé le projet pour harmoniser les réglementations informatiques entre les pays du Maghreb. * F. N. H. : Pensez-vous que les IDE à eux seuls sont suffisants pour développer un pays ? * A. A. Z. : Les IDE constituent un des moyens de développement certes, mais ce n'est pas le seul; l'aide internationale comme celle de la banque de développement et les différents chantiers sectoriels sont des moyens qui favorisent le développement. A mon sens, si le pays dispose de programmes et de stratégies claires dans ce qu'il entreprend, c'est là où il faut intégrer les IDE. Le Maroc, depuis quelques années, a fait un diagnostic extrêmement important et intéressant. Un diagnostic qui a permis de mettre en place des stratégies sectorielles comme le Maroc Vert ou le Maroc Numérique. Dans chaque secteur, nous avons une stratégie très claire; donc quel que soit le moyen de financement, les IDE ou les moyens internes, le financement vient s'inscrire dans cette stratégie. Il s'agit d'abord du rôle de l'Etat et du pays d'avoir une vision claire, des stratégies bien définies. Il ne faut pas oublier que les IDE sont tout d'abord un indice de l'attractivité du pays aux yeux du monde. Et cela est beaucoup plus important que les chiffres. Notre portefeuille d'actifs s'élève à 2.3 milliards d'euros au Maroc et nous comptons, rien que pour l'année 2012, injecter encore 1 milliard d'euros. C'est pour vous dire à quel point, au-delà des chiffres, il est attractif d'investir au Maroc. Nous estimons qu'il y a plusieurs opportunités qui se présentent dans ce pays. * F. N. H. : Quel est le rôle réel de la BAD ? * A. A. Z. : La BAD est le premier partenaire de l'Afrique et le premier partenaire du Maroc et nous sommes au service du Royaume. Nous avons plusieurs rôles; les gens connaissent seulement le rôle financier, or nous avons aussi un rôle de conseil qui nous permet d'aider les pays à développer et à articuler leur stratégie. Et donc si un pays a besoin d'une expertise ou d'une étude pour développer un secteur ou mettre en place une stratégie, nous sommes là pour l'aider à avoir les compétences qu'il faut. Il faut cependant souligner que nous agissons toujours en concertation et à la demande du pays. Nous sommes tout d'abord la banque de l'Afrique, et nous ne cherchons qu'à aider ce continent à se développer. Je rappelle toutefois que le dialogue est important car c'est un axe que nous privilégions toujours et d'abord avec les pays. * F. N. H. : Vous avez institué dernièrement un fonds de transferts des émigrés; dans quel but ? * A. A. Z. : Avec la France, nous avons mis en place un fonds appelé fonds de transfert des émigrés et qui a pour objectif d'appuyer des initiatives locales, surtout des associations d'immigrés dans les pays d'Afrique et je suis heureuse de dire que parmi les propositions qui ont été retenues il y en a eu trois qui viennent du Maroc et, dans ce sens, le Maroc est pionner. A cet effet, nous appuyons certaines associations locales marocaines qui militent pour le développement de leur communauté de manière responsable et intégrée; s'il y a besoin en financement, nous les accompagnons comme nous pouvons. * F. N. H. : Quelle est votre stratégie d'investissement pour les années à venir ? * A. A. Z. : Notre stratégie d'investissement va s'articuler autour de deux piliers : le développement de la gouvernance et l'inclusion sociale, et la promotion des infrastructures surtout vertes. D'un autre côté, nous sommes aussi conscients que l'emploi des jeunes est la préoccupation des pays d'Afrique du Nord et, dans ce sens, nous allons travailler sur deux lignes. La première est que nous allons rendre nos projets et investissements générateurs d'emploi. Pour la deuxième, nous allons recentrer nos interventions dans le domaine de l'éducation, autour de l'enseignement supérieur, de la formation et de l'emploi. Dossier réalisé par W. Mellouk & S. Zeroual