Doit-on rêver dune union économique maroco-algérienne ? Dans une économie globalisée, la création dun pôle économique régional dans la région du Maghreb simpose plus que jamais. Lexpérience des blocs économiques en Asie et en Amérique Latine témoigne de limportance de ces regroupements économiques. Si le différend politique entre le Maroc et lAlgérie bloque la mise en place de lUMA, il semble que les opérateurs économiques, marocains et algériens, ont une volonté réelle de dépasser cet obstacle en vue de renforcer la coopération économique entre les deux pays piliers du Maghreb. «Cest déplorable de savoir que la valeur des échanges commerciaux entre le Maroc et lAlgérie ne dépasse pas 200 millions de dollars en 2004». Cest avec ces mots que le chef de la délégation dhommes daffaires algériens a commenté la coopération économique entre le Maroc et lAlgérie. Intervenant lors dune conférence organisée par la Chambre de Commerce, dIndustrie et de Services de Casablanca (CISC), Ali Habour, président de la Chambre de Commerce et dIndustrie algérienne a proposé la création dun Conseil de coopération économique maroco-algérien ou une union entre les deux fédérations de chambres de commerce en vue de booster les échanges économiques et commerciaux entre les deux pays. Il a également profité de son allocution pour présenter les principaux indicateurs de léconomie algérienne, ainsi que les différentes réformes menées dans le domaine économique. Il est à signaler, dans ce cadre, que depuis la fin de la guerre civile qui a ravagé le pays pendant dix longues années, léconomie algérienne a pu retrouver son dynamisme. Le taux de croissance a atteint 7% en 2003. Quant aux investissements, ils ont augmenté de 25% entre 1999 et 2002. La valeur des exportations algériennes a atteint 31,7 milliards de dollars contre 18,2 milliards de dollars pour les importations. LUE reste le premier partenaire économique de lAlgérie. Quant aux échanges commerciaux avec le Maroc, ils restent en-deçà des attentes, doù limportance de la rencontre organisée par le CCISC le jeudi 4 février courant. Les opportunités daffaires en Algérie Comment donc booster ces échanges ? Le chef de la délégation algérienne propose une solution : «Il ne faut pas attendre que le problème politique entre le Maroc et lAlgérie soit résolu pour renforcer la coopération économique. Cest à nous, opérateurs économiques, de faire bouger le politique», a-t-il affirmé. Cette déclaration lui a valu des applaudissements nourris de toutes les personnes présentes à la CCISC. Selon la présentation de Chérif Nourredine, de lAgence Nationale de Développement de lInvestissement (ANDI), les secteurs en Algérie pouvant intéresser les opérateurs nationaux sont notamment lagroalimentaire, le BTP, la finance, les NTIC et la chimie et pétrochimie. Le savoir-faire marocain dans les domaines de la finance, le BTP et les NTIC peut bien servir les hommes daffaires marocains voulant investir en Algérie. Les propos de Benkhalfa Abderrahmane, président de lAssociation des banques algériennes vont dans ce sens. Selon lui, le domaine bancaire et financier en Algérie est un créneau ouvert pour les investisseurs. Dans le secteur immobilier, le besoin de lAlgérie en terme de logements est de 1 million dunités. Sur le plan macroéconomique, il faut admettre quil y a une complémentarité entre les économies du Maroc et de lAlgérie. Il faut juste développer un partenariat solide et multisectoriel. Faut-il rappeler que grâce à la coopération économique, lEurope a pu sunir et bâtir lun des plus forts regroupements économiques dans le monde, notamment lUE. Le Maroc favorise la coopération régionale Ont représenté la partie marocaine lors de la rencontre de jeudi, Abdelhakim Kemmou, président de la Chambre de Commerce, dIndustrie et de Services de Casablanca, Mouaâd Jamaï, directeur du CRI de Casablanca, et Khalid Sayeh, représentant du ministère du Commerce extérieur, ainsi que des représentants du Centre marocain de promotion des exportations (CMPE). Kemmou, qui a exposé les différentes actions menées par le gouvernement marocain dans le domaine économique et de lencouragement de linvestissement, a insisté sur limportance de la rencontre qui a réuni les hommes daffaires algériens et leurs homologues marocains. «La rencontre vise essentiellement à favoriser les contacts daffaires et à initier des partenariats industriels et financiers entre entreprises marocaines et algériennes», a-t-il souligné. La volonté des deux parties pour relancer la coopération économique entre le Maroc et lAlgérie existe. Il est temps, donc, détudier les moyens pour faire du rêve de lUMA une réalité.