Organisée par le haut commissariat au Plan, la deuxième session du Forum Maroc 2030 semblait sarticuler davantage autour de la notion de groupement «régional» maghrébin comme base élémentaire pour la réalisation dune croissance compétitive. La réflexion autour «des moyens et outils» du développement durable a toujours été omise dans la vision de construction du «Grand Maghreb». Le devenir de notre pays dépend-il des seuls efforts fournis au niveau interne ou serait-il conditionné par une série daccords régionaux allant dans le même sens ? Le haut commissaire au Plan a donné une réponse sans équivoque : «loption euro-méditerranéenne simpose, de même quun régionalisme ouvert commandé par notre géographie, notre histoire et nos valeurs culturelles et spirituelles». En dautres termes, les grandes configurations régionales, qui font la force des nations jusquà présent, sont ,à ce titre, une importante leçon. Que ce soit au niveau de nos partenaires européens ou asiatiques, la question du regroupement régional et de son parachèvement a toujours été un sujet «stratégique», et surtout ponctué pas des séries de négociations difficiles, au point que ladhésion à lUE est devenue synonyme de développement assuré et durable. Le haut commissaire au Plan, Ahmed Lahlimi, qui avait ouvert les débats sur les perspectives de Maroc 2030, a exprimé le point de vue gouvernemental sur le sujet : «le Maroc participe en parallèle à un accord de libre-échange avec les Etats-Unis, dont la puissance semble devoir rester dominante sur le plan international et le potentiel économique renforcé par lALENA». Le groupement régional, une stratégie vitale La problématique de notre positionnement stratégique ne signifie pas dun autre côté que lunion maghrébine est devenue un vieux songe. Au contraire, le processus de la construction de lUnion du Maghreb Arabe (UMA), qui a maintenant 16 ans dexistence sur le papier, devrait impérativement être réactivé. Cest la seule solution, semble-t-il, pour que «les pays de la région du Maghreb puissent simposer sur la scène internationale en tant que bloc à part entière». Si tout le monde saccorde à dire que les différends politiques ont souvent été à la source du blocage de nos relations avec nos voisins maghrébins, lenjeu est devenu tel quà lheure actuelle la variable du regroupement régional retrouve toute sa vigueur. Aux yeux de la majeure partie des analystes, les avantages réciproques que pourraient tirer les pays de lUMA du renforcement de leur coopération sont considérables. Un chercheur au Centre détudes et de recherche internationale dans lHexagone, Louis Martinez, a bien résumé la question en indiquant que lUMA est un instrument précieux afin de «mieux préparer les négociations dans divers cadres». Autour dune thèse de doctorat sur la guerre civile en Algérie où il avait mis dos à dos les deux parties au conflit interne algérien, Louis Martinez serait le mieux placé pour estimer convenablement les impacts économiques négatifs de létat actuel de «désunion», principale caractéristique de lUMA. Dun autre point de vue, les relations maroco-algériennes paraissent de plus en décisives dans la relance de lUMA. Les responsables des deux pays frères semblent bien convaincus, actuellement, que léchange économique et le renforcement de la coopération bilatérale peuvent servir de locomotive au rapprochement politique. Il faut remarquer que le marché européen, principale destination des échanges des pays de lUMA offre, dans ce cadre, un élément encourageant pour létablissement dune stratégie «complémentaire» pour les 5 pays de lUMA. Les rapports Sud-Sud ont toujours été une condition préalable pour améliorer dabord la compétitivité du Maroc et servir ensuite de «marché potentiel» en face dune mondialisation qui semble avantager actuellement les nations fortes. Ahmed Lahlim a remarqué, dans ce registre, que la coopération entre les pays du Sud est devenue très pesante au point que ce genre de relations «devrait offrir à nos traditionnels rapports dimmenses opportunités à se déployer, si nous ne manquons pas de perspicacité pour les identifier et dambition pour les exploiter». Autrement dit, les pays maghrébins, dont le Maroc est une composante essentielle, paraissent être placés devant un choix historique qui servira de toile de fond à tout le processus de développement durable entamé avec la libéralisation progressive des échanges régionaux.