■ Parmi les priorités de la culture au Maroc, figurent le droit de l'acteur, la revalorisation de la carte professionnelle, la caisse sociale ainsi que la caisse de retraite. ■ Artiste et élu, Yassine Ahjam nous fait part des raisons qui l'ont poussé à plancher dans la politique. ✔ Finances News Hebdo : Tout d'abord, parlez-nous de votre parcours artistique ? ✔ Yassine Ahjam : Tout d'abord, tout enfant, je faisais du théâtre à Chaouen à l'école et en même temps à la maison des jeunes. J'ai donc commencé très jeune en participant à des pièces de théâtre avec plusieurs associations. Après mon baccalauréat, je suis parti pour Tanger où j'ai étudié une année à la Faculté de Droit. Malgré les bons résultats que j'avais obtenus, j'ai décidé de passer le concours que l'Institut Supérieur d'Art Dramatique et d'Animation Culturelle (ISADAC) avait lancé pour me retrouver sur les bancs de l'institut pour réaliser en même temps mon rêve et ma passion dans le domaine théâtral et artistique et poursuivre mes études universitaires. Mon parcours universitaire a été mouvementé vu que tout au long de mes études j'ai eu pas mal de conflits avec la direction. Mon énergie et ma soif me poussaient à participer à des productions nationales et internationales, choses interdites à l'ISADAC au cours du cursus académique. Cet entêtement m'a valu une année blanche en 4ème année mais ceci ne m'a pas découragé à continuer à faire ce que j'aimais le plus. Ceci a joué en ma faveur puisque juste après ma graduation, mon nom était déjà connu sur la scène artistique. ✔ F.N.H. : Est-ce que vos parents vous ont soutenu dans cette aventure ? ✔ Y. A. : Je suis issu d'une famille d'artistes puisque mon père est peintre et poète et du coup, j'ai toujours été soutenu par mon père et, bien entendu, par ma mère. ✔ F.N.H. : Votre nom a été cité dans plusieurs medias, notamment vos nouvelles fonctions d'élu. Qu'est-ce qui a motivé ce besoin d'exercer en politique ? ✔ Y. A. : Les gens ont pris l'habitude de séparer le domaine de la culture de celui de la politique. Or, l'acteur a tout à fait le droit d'exercer en politique comme le fait un avocat, un professeur, un homme d'affaires… L'acteur est un citoyen normal qui a le droit de voter, de se présenter aux élections, d'appartenir à un parti…Mon choix d'accéder au champ politique s'est fait dans le cadre de mes droits. Ce qui a éveillé en moi cette envie de m'impliquer davantage dans la scène politique c'était le 20 février. Au lieu de sortir dans la rue j'ai préféré exprimer mon point de vue et exercer ma liberté d'expression dans un cadre structuré à travers mon adhésion à une formation politique. ✔ F.N.H. : Pourquoi le choix du PJD ? ✔ Y. A. Lorsque j'ai adhéré au PJD, il était dans l'opposition et pour moi, avec le grand respect que je dois aux autres partis, c'était le parti qui avait le plus de crédibilité. J'étais convaincu que c'était le parti qui convenait le plus à cette étape. J'étais même sûr qu'il allait gagner ces élections. Mon choix s'est fait sur la base d'un besoin de changement qui sera certainement assuré par le PJD. ✔ F.N.H. : Quel rôle allez-vous jouer au sein du Parlement ? ✔ Y. A. : Mon rôle au sein du Parlement sera de défendre les intérêts de tous les citoyens. Bien entendu, dans le Parlement il y a des comités qui représentent chaque secteur. Pour ma part, je fais partie du comité chargé de la culture, de la communication et de l'éducation. À cet effet, je vais militer pour défendre l'intérêt du secteur culturel et de la communication. ✔ F.N.H. : Le secteur de la culture souffre d'énormes lacunes, quelles sont ses priorités ? ✔ Y. A. : Il y a une orientation générale du nouveau gouvernement, et plus particulièrement du chef du gouvernement, que la culture doit être accessible à tout le monde et dans toutes les villes du Royaume. La culture est un droit de tout citoyen. Parmi les priorités figurent la mise en place du droit de l'acteur, la revalorisation de la carte professionnelle, la caisse sociale ainsi que la caisse de retraite. ✔ F.N.H. : Dans le milieu artistique, la montée des islamistes a suscité des avis mitigés parmi ceux qui sont inquiets de l'avenir de la culture, à savoir la liberté d'expression, et ceux qui sont plutôt confiants. En tant qu'artiste et député du PJD comment voyez-vous l'avenir de la culture et la liberté d'expression dans le mandat de Benkirane? ✔ Y. A. : Le PJD a défendu la Constitution qui garantit la liberté d'expression, la liberté de création et la liberté d'exercer l'art. Le PJD n'a pas le droit d'interdire ou d'autoriser une production. D'ailleurs, dans son programme électoral, le PJD a écrit noir sur blanc le droit à la liberté d'expression. En général, le cinéma intellectuel est un art qui dérange les autorités, la religion et parfois même la communauté vu qu'il s'attaque à des tabous et à des sujets très sensibles. Je pense qu'à côté de ces films qu'on voit aujourd'hui il faut s'attaquer à des films sociaux et historiques. ✔ F.N.H. : Est-ce que la politique va vous éloigner de la scène artistique ? ✔ Y. A. : Les travaux artistiques que je serai amené à faire, à partir de ce moment, ne devront impacter ni ma présence au Parlement ni mon devoir politique. ✔ F.N.H. : Quels sont vos projets artistiques ? ✔ Y. A. : Actuellement, je tourne un feuilleton d'action et d'imagination appelé «Sayfe Adalam» de Brahim Chkiri. Nous sommes en train de préparer deux épisodes pilotes pour MBC et la chaîne de Dubai. ■ Propos recueillis par L.Boumahrou