Le gouvernement Benkirane est aujourd'hui connu, après plus d'un mois de tractations entre partis, de réunions secrètes et de recherche de compromis. Si l'arrivée au pouvoir du PJD a été une véritable surprise, appréciée quand même avec beaucoup de réserve par maints observateurs, il n'y en a pas eu par contre lors de la formation de l'équipe gouvernementale. En la matière, c'est peu de dire qu'il n'y a pas eu révolution, comme la majorité des Marocains l'espérait. Benkirane n'a pas surpris. Il a plutôt déçu. Car, à y regarder de plus près, entre les rescapés de l'ancienne équipe de Abbas El Fassi, les rappelés de dernière minute, dont certains analystes avaient prématurément enterré la carrière politique, et les sans appartenance politique, tout cela donne un air de déjà vu. Mais, ce qui interpelle le plus, c'est que l'équipe de Benkirane est très masculine, faisant moins bien que la précédente à ses débuts : elle ne compte qu'une seule femme (contre 7 auparavant), Bassima Haqqaoui, désormais nouveau ministre de la Solidarité, de la Famille et du Développement social. Il faut croire, si l'on ose dire, que la «féminophobie» est profondément ancrée dans les rangs des partis politiques marocains. Car comment pourrait-on comprendre, à l'heure où le Maroc chemine vers la modernité, avec en toile de fond de profondes et historiques réformes constitutionnelles, que la gent féminine soit si peu représentée, pour ne pas dire passablement ignorée dans le gouvernement actuel ! Les partis politiques marocains manquent-ils autant de compétences féminines ? Je ne le crois point. Je crois surtout que la représentativité des femmes, que ce soit dans le gouvernement de Benkirance ou ceux qui l'ont précédé, a et sera toujours sacrifiée sur l'autel des calculs politiques et des accointances de circonstance. Mais il va falloir que ça change. Le Maroc de demain, celui auquel nous aspirons, ne pourra se construire sans toutes ses forces vives. Les femmes en premier. A bon entendeur… ■