■ Bien qu'il gagne 5 rangs, le Maroc maintient sa note 3,4 sur 10. ■ Le pays continue de figurer sur la liste des pays où sévit une corruption endémique. ■ L'évaluation ne prend en compte les déclarations d'intention et les engagements de pure forme que lorsqu'ils sont suivis par des actions significatives pour les traduire dans les faits. L'Indice de perception de la corruption publié par Transparency International au titre de l'année 2011 et qui concerne 183 pays, place le Maroc au 80ème rang. Certains y voient une avancée vu que le pays gagne cinq rangs par rapport à 2010, mais en réalité, aucune amélioration n'a été constatée puisque le pays maintient sa note de 3,4 sur 10. Notons que l'IPC au titre de l'année 2010 comptait 178 pays. Donc, le Maroc continue de figurer parmi les pays où sévit une corruption endémique. La non-amélioration de son score confirme, selon Transparency, son enlisement dans une fourchette située entre 3,5 et 3,2 au cours des neuf dernières années. Ce résultat est particulièrement préoccupant d'après l'organisation puisqu'il fait chuter le pays de la huitième à la dixième place parmi les dix-huit pays arabes et confirme les contre-performances enregistrées dans les autres indicateurs internationaux. Il indique que l'évaluation par les 8 agences indépendantes auxquelles est confiée cette mission ne peut prendre en compte les déclarations d'intention et les engagements de pure forme que lorsqu'ils sont suivis par des actions significatives pour les traduire dans les faits. En accueillant la quatrième session de la Conférence des états parties à la Convention des Nations unies contre la corruption en 2011, le Maroc affiche aux plans national et international sa volonté de rejoindre les pays décidés à combattre ce fléau. «Il n'en reste pas moins que dans les faits, on ne peut que constater son incapacité à hisser l'action de l'Etat au niveau de l'intention qu'il déclare», souligne-t-on. Et d'ajouter que «les nouveaux scandales mis au jour en 2011 et la timidité des suites judiciaires qui leur sont faites sont la preuve évidente du peu de résolution dont font preuve les pouvoirs publics dans la lutte contre toutes les formes de corruption». L'organisation conclut que les réformes de pure forme engagées ne peuvent détourner ni le mouvement citoyen ni les ONG et les forces démocratiques structurées, qui réclament la fin de l'impunité, de leur revendication d'accompagner les promesses par des actions effectives, notamment en poursuivant les personnes impliquées dans des actes de corruption et en les écartant de la gestion de la chose publique. Dans ce sens Transparency Maroc continuera à se mobiliser avec tous ses partenaires pour contribuer à l'édification d'un Système National d'Intégrité en mesure d'assurer le droit au développement et d'instaurer la culture de la transparence et de la reddition des comptes. ■ I. Bouhrara Prix de l'Intégrité 2011 : Mourad Kartoumi primé Le jury du Prix de l'Intégrité créé par Transparency Maroc, réuni à Rabat, a décidé de récompenser pour l'édition 2011, Mourad Kartoumi. M. Kartoumi, commerçant au marché de gros des fruits et légumes de Casablanca, a été choisi pour son action inlassable et solitaire depuis près de 10 ans, pour dénoncer les pratiques frauduleuses, instaurées au marché de gros de cette ville. Le jury a estimé que par son courage Mourad a donné l'exemple de ce qu'un citoyen est capable de faire quand il a décidé de dénoncer des pratiques délictueuses bien enracinées.Les pratiques dénoncées ont trouvé un grand écho auprès de l'opinion publique, des ONG et des médias mais n'ont malheureusement pas reçu de la part des autorités administratives et judiciaires le suivi qu'elles méritaient. Le lauréat 2011 du prix de l'intégrité a brisé la loi du silence qui règne dans ce genre de milieux, au péril de son gagne-pain et même de sa sécurité. Ces pratiques, qui privent le Trésor public de revenus importants, existent également dans d'autres secteurs et se perpétuent en toute impunité. Par son choix, le jury signifie qu'il espère que d'autres Mourad Kartoumi vont enfin se présenter publiquement et dénoncer les pratiques frauduleuses dont ils ont connaissance de par l'exercice de leur métier, comme tout citoyen devrait en sentir la responsabilité.