Mourad Kartoumi, l'homme qui a révélé le scandale des « malversations » dans la gestion du marché de gros de Casablanca,a reçu le Prix de l'intégrité 2011. Transparency Maroc décide de se porter partie civile dans cette affaire, qui traîne toujours en justice. Le Prix de l'intégrité de Transparency Maroc a été décerné cette année à Mourad Kartoumi, l'homme qui a fait éclaté le grand scandale de «détournements de fonds» du marché de gros des fruits et légumes de Casablanca. La cérémonie de remise du prix s'est déroulée vendredi dernier à Rabat, en présence d'un parterre d'acteurs associatifs et de militants des droits de l'Homme. «Le jury a décidé d'attribuer ce prix à Mourad Kartoumi pour son courage à dénoncer le manque de transparence dans la gestion du marché de gros de Casablanca», indique Azeddine Akesbi, membre du conseil national de Transparency Maroc. Une récompense mCommentaires 151éritée pour ce commerçant qui s'est battu, d'une manière inlassable et solitaire, pendant une dizaine d'années pour lever le voile sur toutes «les pratiques frauduleuses et malversations » dans la gestion du marché. Pour rappel, Mourad Kartoumi a déposé une plainte au procureur du Roi du tribunal de première instance de Casablanca où il accuse ouvertement le directeur du marché de «falsification des documents concernant les déclarations recueillies auprès des chauffeurs de camions à l'entrée du marché » et de «détournements de fonds». Il accuse le directeur du marché «de tronquer » les bilans établis par les commerçants et les agriculteurs. Silence des autorités Le maire de la ville et certains élus sont également pointés du doigt dans cette affaire qui traîne encore en justice. Des voix s ‘élèvent pour dénoncer la main-mise d'un lobby très puissant sur ce dossier. Le retard accusé dans l'examen de cette affaire laisse la porte ouverte à toutes les interprétations. Malgré cela, M. Kartoumi n'a pas jeté l'éponge. Il préfère se battre contre les moulins à vent plutôt que de croiser les mains. Pour Transparency Maroc, M. Kartoumi a donné l'exemple de ce qu'un citoyen est capable de faire. Son initiative a trouvé un écho important auprès du grand public et des ONG. Cependant, Tranparency Maroc regrette le silence observé par les autorités administratives et judiciaires sur ce dossier. Selon l'ONG, «les pratiques dénoncées n'ont pas reçu de la part des autorités administratives et judiciaires le suivi qu'elles méritent». L'ONG salue le courage de M. Kartoumi qui a «brisé le silence qui régnait dans ce genre de milieu», au péril de son gagne-pain et même de sa sécurité. Agir contre la corruption «Le jury a voulu par cette attribution encourager les initiatives citoyennes de ce genre», souligne Azeddine Akesbi, membre du conseil national de Transparency Maroc, qui a émis le souhait de voir d'autres Mourad Kartoumi agir contre la corruption, le manque de transprence, les détournements de fonds…et toutes les pratiques délictueuses qui, selon Transparency Maroc, sévissent dans d'autres secteurs et privent ainsi le Trésor public de revenus importants et se perpètuent en toute impunité. A travers cette récompense, Transprency Maroc annonce son soutien à M. Kartoumi. L'ONG a choisi aussi de se porter partie civile dans cette affaire. L'année dernière, le Prix de l'intégrité a été attribué à Chakib El Khiari, président de l'association Rif des droits de l'homme pour avoir dénoncer «les barons de la drogue dans le Rif». El Khiari purgeait sa peine de trois ans de prison. Il a été condamné pour avoir porté «atteinte à l'image des autorités nationales et publiques et judiciaires». La cérémonie de remise du Prix est tombée sous le couperet de l'interdiction des autorités publiques à trois reprises. Transprency Maroc a dû faire appel à la justice pour faire annuler la décision d'interdiction. Après une bataille sans merci, Transparency a pu remettre le Prix à son destinataire.