L'agence londonienne de notation Fitch Ratings vient de se fendre d'un communiqué pour le moins négatif à propos de la résilience de certaines banques marocaines face aux chocs. Selon l'agence, le faible matelas de sécurité en fonds propres des banques marocaines expose certaines d'entre elles à la volatilité économique, notamment en raison de la faible qualité de leurs actifs et aussi d'un appétit pour le risque supérieur à la moyenne. Le ratio Fitch «Core Capital/risques pondérés» est en moyenne de 12,6% pour les banques notées par Fitch à fin 2016, mais il existe de forts écarts entre les différentes banques, souligne l'agence de notation. Attijariwafa bank et BMCE Bank affichent, toujours selon Fitch, les plus faibles ratios, avec respectivement 10,8% et 9,7%. «Ces ratios mettent en évidence la vulnérabilité de ces deux banques face à des chocs même modérés». Par ailleurs ajoute l'agence, les ratios de capital réglementaire des deux banques panafricaines citées, soutenus par la dette subordonnée, donnent une image similaire, avec Attijariwafa bank (13,3%) et BMCE (12,3%) légèrement au-dessus du minimum réglementaire de 12%.
Prêts douteux : le compte n'est pas bon !
Fitch souligne également que le taux de créances en souffrance est considérablement plus élevé au Maroc que sur les marchés développés. La moyenne des sept plus grandes banques marocaines était de 9,7% à la fin de 2016, dont un ratio de couverture de 70%. Mais, l'agence de notation estime que les «reporting de déclarations sous-estiment l'ampleur réelle de la faiblesse de la qualité des actifs». «Nous estimons que les emprunts douteux représenteraient 12 à 14% des prêts si nous devions inclure les déficiences sous-déclarées ainsi que des listes de surveillance, ou des prêts restructurés et saisis». Société Générale et BMCI, qui suivent des politiques de classification plus prudentes imposées par leurs maisons-mères, ont enregistré des ratios significativement plus élevés de 14,6% et 12,7% respectivement, poursuit la même source. «Les banques marocaines ont généralement un appétit au risque plus élevé que les banques que nous évaluons sur les marchés développés», annonce Fitch. Les trois plus grandes banques du pays se développent dans d'autres marchés africains, ce qui implique une exposition à des obligations souveraines nationales évaluées de manière significativement inférieure aux obligations souveraines marocaines (BBB-) et aux environnements opérationnels les plus risqués, ce qui peut peser sur leur note de crédit. Fitch tempère néanmoins son jugement assurant qu'Attijariwafa bank et BMCE bank sont "des banques d'importance nationale et leurs évaluations par défaut de l'émetteur à long terme «BB +» sont influencées par notre point de vue sur le soutien probable de l'Etat marocain, si nécessaire". "Les notes de CIH Bank reflètent notre point de vue sur le soutien probable, si nécessaire, de son propriétaire majoritaire, un important investisseur public axé sur le développement économique du Maroc" explique l'agence. "Les cotes de Société générale et BMCI reflètent notre point de vue sur le soutien probable des propriétaires majoritaires, Societe Generale et BNP Paribas, si nécessaire", conclut la note.