* La croissance visée est de 6% mais reste subordonnée à plusieurs contraintes. * La réalisation de 150.000 logements sociaux par an serait compromise par la suppression des exonérations fiscales dont jouit le secteur. Abass El Fassi na eu droit quà quelques jours après la constitution de son gouvernement pour présenter sa déclaration devant le Parlement. Le programme qui se veut ambitieux nest en fin de compte quun prolongement de la ligne dorientation du gouvernement Jettou. Il est question de consolider davantage la stabilité macroéconomique du pays en poursuivant les réformes. La déclaration a placé un petit peu la barre vers le haut en matière de croissance, de création demplois et dinfrastructures. Mais à quelques nuances près. «Lactuel exécutif veut tirer profit de la situation de confort budgétaire et financière du pays pour porter un soutien considérable au volet social», a souligné Ahmed Taoufik Hjira, ministre de lHabitat et de lUrbanisme. En effet, la déclaration du gouvernement vise la réalisation dun taux de croissance de 6% en moyenne. Léquipe qui a réalisé le programme sest basée sur les réalisations du gouvernement Jettou dont le taux tournait autour de 5%. Ses prévisions sont argumentées par le fait que le Maroc possède un environnement socio-économique meilleur quil y a cinq ans et que le climat des affaires ne cesse de saméliorer en séduisant davantage les investisseurs tant nationaux quétrangers. LEtat, pour sa part, se trouve lui aussi dans une position plus confortable avec lamélioration des recettes et une maîtrise des dépenses. Ce qui lui permet de mener à bien sa politique. Mais les critiques nont pas tardé pour attaquer directement le projet aussi bien chez les hommes politiques que chez la société civile. Lahcen Daoudi du Parti de la Justice et du Développement (PJD), estime que «la déclaration du gouvernement na pas pris au sérieux un environnement international de plus en plus hostile où les hausses successives des matières premières ont battu tous les records. Il est très difficile pour une économie à la merci des aléas climatiques et des importations qui sont plombées par la facture pétrolière, de réaliser de telles performances». Abdelali Benamor, de lAssociation «Alternatives» trouve que «6% de croissance est un taux réaliste mais encore fallait-il quil soit réalisable du fait que la déclaration du gouvernement ne donne aucune explication sur les mesures ni de détails sur la stratégie à adopter pour atteindre cet objectif». Benamor sest interrogé également sur la persistance du système de compensation dont les allocations vont atteindre les 19 MMDH dans le cadre de la Loi de Finances 2008. «Cest un système dépassé et qui ne donne pas les effets escomptés surtout chez les démunis et lEtat continue de supporter une lourde charge à travers les subventions. Ces fonds auraient dû servir à autre chose pour accompagner léconomie. Il faut mener les réflexions et avoir le courage politique pour trouver un système plus adéquat et plus rationnel». Le volet social et la question des subventions vont être largement debattus au niveau des deux chambres du Parlement. Parmi les priorités de lactuel gouvernement figure notamment la question de lemploi. Il est prévu la création de 250.000 postes additionnels par an afin de ramener le taux de chômage aux alentours de 7% à lhorizon de 2012. Les formations composant le gouvernement ont revu à la baisse leurs prévisions en comparaison avec leurs engagements électoraux qui tablaient sur plus de 350.000 emplois. «La campagne électorale est une chose et la réalité du terrain en est une autre», a expliqué Mohamed Darif, politologue. Il a souligné que «le programme du gouvernement sinspire des programmes politiques de la Koutla qui le compose mais encore, il y a des nuances dictées par lenvironnement général du pays». Pour appuyer son action, léquipe El Fassi mettra en uvre les mesures adoptées dans le cadre des Journées détude «Initiaves emploi» en loccurrence «Intégration», «Formation» et «Mokawalati». Dautres mesures seront programmées en faveur des entreprises comme des études de marché de très haut niveau avec chiffrage des opportunités et stratégies de conquête de clients. LEtat va accroître le nombre et les budgets des guichets techniques gratuits et dassistance à la recherche du foncier. Le programme de renforcement de loffre de logements sociaux est aussi à lordre du jour en remontant les objectifs à 150.000 unités par an. Mais la proposition de la Direction des impôts concernant la suppression des exonérations accordées dans le cadre de larticle 19 de la Loi de Finances suscitent de vives inquiétudes chez les promoteurs immobiliers. «Il est clair que de telles initiatives ne peuvent quimpacter loffre et avoir des effets mitigés sur les recettes fiscales», explique un promoteur de Casablanca. Le programme du gouvernement au niveau social est ambitieux dans la mesure où les départements à caractère social vont voir le renforcement de leur dotation. Plus de 50% des budgets annuels seront attribués à ces ministères. Il est question de lutter contre la précarité et de renforcer le développement humain. Parmi ces mesures figurent notamment la lutte contre léchec scolaire et le travail des enfants. En effet, lexécutif aspire à réduire de 60% durant les cinq années à venir le travail des enfants et surtout des petites bonnes. A cet égard 800 centres sociaux vont être créés et vont toucher surtout les régions les plus défavorisées. «Ces intentions ont été formulées par tous les gouvernements précédents et les résultats demeurent largement en deçà des espérances», a expliqué Youssef Abouali, enseignant-chercheur à lUniversité de Settat. «Pour résoudre ces problèmes, a-t-il souligné, cest un travail densemble et de longue haleine quil faut mener et qui devrait concerner la stratégie du développement dans sa globalité touchant plusieurs branches dactivité ou domaines sociaux». Au niveau des infrastructures, les choses sont claires. Le programme du Cabinet El Fassi veut mener à bien et accélérer la cadence des réalisations par rapport à ses prédécesseurs. Le programme autoroutier de 1.500 km va être achevé en 2012. Un autre chantier de 380 km va être lancé incessamment. Pour les routes rurales, les réalisations vont être portées à 2.000 km par an au lieu de 1.500. Le secteur agricole va bénéficier dune large attention et la feuille de route va démarrer. A cet égard,10 nouveaux grands barrages et 60 petits ou moyens barrages seront construits en cinq ans.