■ D'après Mostapha Meftah, Directeur délégué à la Fédération nationale du bâtiment et des travaux publics (FNBTP), les recommandations tirées de ce colloque permettront de développer le secteur, ainsi que l'économie nationale. ✔ Finances News Hebdo : Quelles sont vos appréciations quant à l'organisation de ce colloque ? ✔ Mostapha Meftah : C'est une rencontre bien organisée, avec des intervenants et un public de haut niveau. Les responsables de l'Association ont choisi un thème d'actualité qui démontre une volonté de coller aux problématiques du secteur. C'est tant mieux ! ✔ F.N.H. : Malgré la reprise du secteur du BTP ces dernières années et d'après les différents intervenants, le secteur souffre de nombreuses défaillances. En tant que partie prenante dans le domaine, quels sont les obstacles majeurs auxquels est confrontée cette activité ? ✔ M. M. : Malgré un premier contrat-programme signé entre le gouvernement et la FNBTP, le secteur du BTP souffre de l'absence d'une véritable stratégie globale de développement de ses capacités productives. Malgré l'importance de la contribution du BTP à la croissance économique, au Produit Intérieur Brut, à la Formation Brute de Capital Fixe et à l'Emploi, cette contribution n'est pas reconnue. Ainsi, ce qui prévaut pour beaucoup de décideurs publics ce sont plus leurs projets et ouvrages que tout le tissu national d'entreprises et de bureaux d'étude qui en assurent la réalisation physique. Aussi, notre marché national du BTP est totalement ouvert aux entreprises étrangères qui pratiquent une concurrence très dure et dont beaucoup se révèlent incapables de terminer la réalisation des projets dont elles ont la charge. Les défaillances de ces entreprises ont compromis la réalisation dans les délais de plusieurs projets. Le dernier est celui de l'élargissement de l'autoroute Rabat-Casablanca où le maître d'ouvrage a été obligé de relancer l'appel d'offres. Le secteur souffre également de la persistance du secteur informel, notamment dans le bâtiment qui affecte l'image de marque du secteur en entier. Par ailleurs, et j'ai soulevé cet aspect lors du Colloque de l'AMID ESTP, dans la réalisation des projets du BTP nous constatons la prééminence du maître d'ouvrage ou donneur d'ordre. Cette prééminence limite les possibilités d'innovation des entreprises et la proposition de solutions techniques alternatives. La possibilité de proposer des solutions variantes n'est d'ailleurs pas automatique et est laissée au bon vouloir des maîtres d'ouvrage. C'est peut-être ce qui explique que les procédés de construction soient restés très classiques ! ✔ F.N.H. : Que peut apporter ce colloque à la profession ? ✔ M. M. : Le travail associatif est un travail de sensibilisation de longue haleine. Le colloque organisé par l'AMID-ESTP est l'occasion de rencontrer d'autres professionnels travaillant à des postes de responsabilité différents dans le secteur du BTP lui-même ou dans d'autres secteurs pour les informer sur les réalités du BTP, ses potentialités et ses contraintes. Notons qu'une autre rencontre s'est tenue le 2 novembre sur le même thème avec les cimentiers, les industriels et les entreprises du BTP. ✔ F.N.H. : Vous avez évoqué, lors de votre intervention, certaines recommandations, qu'attendez-vous de ce colloque ? ✔ M. M. : Beaucoup de progrès ont été enregistrés pour le secteur suite à un travail soutenu de propositions, de revendications, et parfois de sensibilisation. Depuis 2003, nous organisons un Forum du BTP couplé à un Salon International BTP Expo qui nous sert de tribune où le gouvernement, son chef et les ministres concernés par le BTP, viennent échanger avec les entreprises de la FNBTP et les professionnels en général. Les différentes éditions permettent de mesurer l'état d'avancement des différents chantiers qui touchent au secteur : la législation, la réglementation des marchés publics, la formation, la place de l'entreprise nationale, la sécurité… D'autres rencontres nous permettent de revenir à la charge sur les dossiers qui n'avancent pas, de comprendre les contraintes de nos partenaires et parfois de reformuler nos positions. Nous sommes donc certains que nous sommes écoutés. L'intérêt de la presse nous rassure que nos préoccupations ne concernent pas seulement les entreprises ou les professionnels du BTP, mais l'opinion publique en général. ✔ F.N.H. : Croyez-vous que les autorités concernées prendront en considération ces recommandations ? ✔ M. M. : Nous en sommes sûrs. Ce sont des recommandations raisonnables qui sont issues du quotidien des entreprises et qui visent à développer le secteur et l'économie nationale. ■ Dossier réalisé par L. Boumahrou