■ La morosité du marché pousse les préférences des investisseurs vers les rendements sûrs. ■ Le rendement des obligations est nettement plus intéressant que celui des actions. La morosité de l'année 2011 se prolonge. On est sur le point d'arriver à terme, mais la situation ne semble toujours pas vouloir se redresser, surtout au niveau du marché financier dont les indicateurs ne sont pas au beau fixe. D'un côté, le manque de visibilité quant à la situation d'avenir du marché actions dans son ensemble, conjugué à la méfiance toujours présente des opérateurs, conduisent les principaux intervenants sur le marché à adopter la politique du wait and see. Ce qui semble arranger tout le monde, personne n'osant prendre le risque d'investir dans telle ou telle valeur. D'un autre côté, les marchés obligataire et monétaire souffrent également de problèmes liés essentiellement à la situation de creusement des liquidités bancaires, des besoins croissants du Trésor, de l'aggravation des charges de compensation, ainsi que du manque de visibilité quant à l'évolution des finances publiques. Un rendement du marché obligataire davantage intéressant A la fin du troisième trimestre de l'année en cours, les émissions primaires des bons de Trésor n'ont pas connu un grand succès de la part des investisseurs. En effet, la moyenne des soumissions par séance adjudicataire est passée de 13,1 Mds de DH en 2010 et de 12,9 Mds de DH au premier semestre de 2011 à 10,1 Mds de DH au troisième trimestre de 2011. La demande des investisseurs demeure axée sur la maturité 2 ans. Cet engouement résulte essentiellement des avantages qu'elle offre en termes de durée de placement, de taux de rendement et de liquidité sur le marché secondaire. Sur le compartiment secondaire du marché des BDT, les transactions ont engendré un volume de 39,6 Mds de DH, notant un bond de 9,8% par rapport à la même période de l'année précédente. Les rendements secondaires ont marqué des progressions de 2 points de base pour les maturités pleines de 5 ans à 3,86%, en comparaison avec le début de l'année, et un repli de 1, 2 et 3 points de base pour le rendement des maturités 10, 15 et 20 ans respectivement. Cette situation trouve son origine dans les faibles levées du Trésor sur le marché primaire, induisant une demande persistante sur la majorité des compartiments de la courbe secondaire. L'absence d'intérêt des investisseurs traduite par la diminution de leurs positions acheteuses, accompagnée du manque de visibilité quant à l'évolution des taux dans les prochains mois, a induit une régression de la position vendeuse, témoignant ainsi de l'attentisme général des investisseurs. Suite à l'ensemble de ces éléments, l'indice représentatif du rendement des obligations, Moroccan Bond Index (MBI) établi par BMCE Capital Markets, fait ressortir une performance annuelle au titre du 3ème trimestre 2011 de 3,43% pour le MBI court terme, 3,87% pour le MBI moyen terme, 5,29% pour le MBI long terme et 4,04% pour le MBI général. En date du 4 novembre de l'année en cours, l'indice des obligations court, moyen, long termes et le MBI général ont affiché des peformances year-to-date respectives de 2,92%, 3,15%, 3,97% et 4,32%. Le marché actions en perte de vitesse Subissant les mêmes effets de conjoncture que le marché obligataire et monétaire, le marché des actions ne s'en sort guère mieux. En effet, vu la léthargie dans laquelle baigne le marché depuis le début de l'année, ce dernier ne devient plus sensible, voire réactif aux évènements qui le touchent, que cela soit d'une manière positive ou négative. Même l'effet d'annonce des résultats ne se fait plus sentir,surtout dans ce contexte marqué par la persistance des tensions politiques à la veille des élections et par lincertitude par rapport à l'évolution de la crise financière internationale. Il faut dire aussi que les faiseurs de marché, notamment les gourous de la place, attendent un signal fort de la part du marché pour pouvoir se positionner sur telle ou telle valeur. Attendons alors ensemble ce signal qui tarde à venir ! Plus concrètement, à la fin du troisième trimestre de l'année en cours, la performance de l'indice général du marché ne cesse de se creuser, atteignant -9,38% et celle de l'indice des blue chips se déleste de -9,28%. Le volume transactionnel, pâtissant des mêmes effets, a affiché un montant de 7.850,7 MDH, baisse de 52,6% par rapport à la même période de l'année précédente. En date du 4 novembre en cours (même base comparable que le MBI), le marché a réalisé une contre-performance de 11,06% à 11.255 points et le MADEX, suivant le même trend, a atteint une évolution annuelle de -10,99% à 9.199 points. Le constat est clair : le placement dans les obligations, que ce soit à court, à moyen ou à long termes, est nettement plus rentable que l'investissement en actions, comme nous l'affirme d'ailleurs ce trader : «Avec ces temps d'incertitude, les investisseurs préfèrent plus investir dans les obligations que dans les actions, à cause de l'inexistence des risques et de la garantie des rendements». ■ I.Benchanna Perspectives d'évolution Les perspectives d'évolution des taux obligataire et monétaire sont tributaires, d'une part de la situation du déficit budgétaire et de la politique de l'Etat concernant la réduction du montant de la Caisse de compensation. D'autre part, le comportement de la liquidité bancaire laisse présager que l'institut d'émission continuerait d'alimenter les banques en volumes nécessaires. Ceci dit, les avis de la place convergent vers une stabilité, voire une légère hausse des taux.