* David Toledano, président de la Fédération des Industriels des Matériaux de Construction (FMC) nous présente l'état actuel du secteur. ✔ F.N.H. : Pourriez-vous nous donner un aperçu sur la Fédération des Industriels des Matériaux de Construction ? ✔ David Toledano : La FMC est constituée d'une dizaine d'associations. Toutes ses associations constituent un groupe commun que ce soit dans l'exploitation des carrières ou dans l'utilisation importante d'énergie, ou un certain nombre d'éléments qui traversent tous ces métiers et qui sont intéressés par une action commune face aux pouvoirs publics, face à leur clientèle ou face aux autres secteurs d'activité. La Fédération est l'une des plus grosses et importantes de la place, par ses investissements, ses installations et par sa valeur ajoutée. Sa mission est de défendre les membres auprès des autorités, d'être une force de proposition et un interlocuteur à valeur ajoutée. On représente 10 % aujourd'hui du PIB marocain, avec une valeur ajoutée de 12% de la valeur ajoutée globale industrielle, avec un chiffre d'affaires de 30 MMDH et des investissements qui avoisinent 200 MMDH. En terme de création d'emplois, on génère 30.000 postes de travail dans le secteur qui représente 700 entreprises. Et ce qui est important c'est que ces entreprises sont de plus en plus dans le secteur formel respectent la législation et la réglementation, payent les taxes, surtout les cimentiers qui payent une taxe particulière appelée FSH (fonds de solidarité de l'habitat) qui représente en moyenne 1,5 MMDH par an. Nous sommes aussi une force de proposition rationnelle et objective. Nous militons pour la mise en place des normes afin de fournir des produits de qualité. Aujourd'hui, nous avons édité un catalogue avec le ministère de l'Habitat, et Al Omrane, qui permet aux promoteurs immobiliers qui œuvrent dans le logement économique à 140.000 DH ou dans le logement social à 250.000 DH, la possibilité d'accéder à des produits directement dans nos usines à des prix préférentiels, y compris le ciment. Puisqu'on a accordé une réduction du prix du ciment qui efface les dernières augmentations depuis 4 ans. Ceci permet aux promoteurs du secteur de bénéficier d'un effort et d'une volonté de soutien de la politique de Sa Majesté en matière de logement économique et social. Tous ces efforts sont faits dans le cadre global de la Fédération. ✔ F.N.H. : Comment se porte le marché de l'immobilier ? ✔ D.T. : Le marché de l'immobilier a bien résisté et surtout a rebondi à la suite de la Loi de Finances 2010 et l'intervention directe de SM Mohammed VI pour que les promoteurs retrouvent les avantages qu'ils avaient perdus avec la surpression de l'article 19. De ce fait, les promoteurs ont pu signer des conventions avec un peu de latence pour obtenir les autorisations et le dépôt les dossiers. Certes, aujourd'hui il y a une vitesse de croisière pour le traitement de ces conventions, puisqu'on est sur une production de logement social assez intéressante, d'ailleurs c'est le produit qui a sauvé le secteur. On ne peut pas dire qu'il y a une reprise dans le haut de gamme, par contre il y a une certaine demande dans la moyenne gamme dans certaines villes comme Rabat et Casablanca. En résumé, le haut standing est dans un état de détresse et au ralenti en attendant que les acquéreurs de ce type de logement (Marocains ou étrangers) puissent revenir sur le marché ; par contre, la moyenne gamme s'en sort bien et le social se développe bien. ✔ F.N.H. : Est-ce que sur le terrain l'application des normes est manifeste sur le terrain ? ✔ D.T. : Dans un souci d'application de ces normes, nous avons demandé la mise en place d'une assurance décennale (RCD) qui se fait en fonction d'un contrôle. Nous sommes en train d'œuvrer pour qu'elle devienne obligatoire avant l'obtention du permis d'habiter. C'est un certain nombre d'éléments qui vont venir resserrer les contrôles et l'application de la réglementation. Dans le cas des accords et des conventions signés avec Al Omrane et les promoteurs sous-traitants, il y a une ristourne de deux points pour les gens qui se sont conformés aux appels d'offres et au cahier des charges. ✔ F.N.H. : Au sein de la FMC, vous militez beaucoup pour combattre l'informel ; ou en êtes-vous aujourd'hui ? ✔ D.T. : Nous travaillons pour labelliser le logement et mettre en place, avec le ministère de l'Habitat, un label de conformité du bâtiment aux critères de qualité pour le segment social et économique. Les dispositifs mis en place par notre Fédération pour lutter contre l'informel, sont en premier lieu les normes. Nous voulons que la norme devienne obligatoire dans la plupart des cas. Nous essayons de montrer à l'Etat qu'il y a une politique d'encouragement dans la gestion des carrières pour inciter les gens à investir dans des carrières et à utiliser des sables moins nocifs et moins destructeurs de l'environnement. Nous venons de signer une convention en Espagne avec le Centre technique de briques de Belen, afin de profiter de son expérience, notamment en matière d'économie d'énergie. ✔ F.N.H. : Est-ce que le Maroc arrive à couvrir ses besoins en matériaux de construction ? ✔ D.T. : Oui, le Maroc produit 98% des produits dont il a besoin pour construire. Ce que nous importons aujourd'hui ce sont des produits, si on peut dire, plus design que ce qu'on produit localement. C'est plus une question de mentalité que de qualité de produit marocain. On importe des produits de Chine, de Turquie, d'Espagne… où les prix sont meilleurs que certains prix marocains mais qui sont souvent des produits de 2ème choix ou de 3ème choix. ✔ F.N.H. : Les normes marocaines servent-elles à maîtriser également les produits importés ? ✔ D.T. : Nous ne craignions pas la concurrence, toutefois nous voulons une concurrence loyale dans un cadre légal. On ne peut pas exiger des produits de qualité et normaliser et accepter des produits qui ne le sont pas. Ce n'est pas encore idéal, mais il y a aujourd'hui des contrôles qui se font sur les produits importés. Ces contrôles seront plus probants avec l'application de la loi sur la concurrence. Cette loi va compléter le dispositif qualité du Maroc et va être un instrument pour permettre non seulement le contrôle a priori, mais également le contrôle a posteriori. À ce moment-là il y aura une concurrence loyale entre les commerçants du Maroc, ce qui permettra d'améliorer le secteur en général. ✔ F.N.H. : Qu'en est-il de la charte de la normalisation et de l'industrialisation que vous élaborez avec le ministère de l'Habitat ? ✔ D.T. : Avec la création de l'IMANOR nous sommes en phase de finir un dispositif qui a démarré avec la politique de mise à niveau que le Maroc avait impulsée lors de la signature de l'accord de libre-échange avec l'Union européenne. Les programmes Meda I et Meda II prévoyaient la mise en place d'un certain nombre d'infrastructures technologiques et d'organisation qui permettaient d'avancer sur la normalisation, la protection du consommateur... La balle est aujourd'hui dans le camp des industriels pour accélérer la création de normes dans un but de développer un système normatif digne d'un pays émergent. ✔ F.N.H. : Pour conclure, un mot sur le secteur des matériaux de construction. ✔ D.T. : Je dirais que l'année 2011 a été une année de résilience et de reprise dans un marché toujours difficile à prévoir sur le long terme, et c'est ce qui va se passer. La production du logement reste une priorité et une constante dans la demande nationale. ■ Dossier réalisé par C. J. L. B.