La Société Générale, à travers Investima, est le partenaire historique de Data Plus. L'introduction en Bourse de Data Plus s'effectuera dans le moyen terme. Mohammed Chakib Rifi, fondateur et Directeur général de Data Plus, explique les tenants et aboutissants de cette opération. -Finances News Hebdo : Dans quel cadre s'inscrit l'opération de rachat de 24% de Data Plus par Investima ? -Mohammed Chakib Rifi : Data Plus enregistre depuis 2007 un taux de croissance annuel moyen de 41% du chiffre d'affaires. Pour continuer à accompagner la société dans son développement et profiter pleinement des opportunités qui s'offrent, nous avons alors pensé à l'ouverture du capital de la société et avons contacté la Direction du Conseil de la Société Générale. Cette dernière a lancé une étude sur Data Plus qui a duré plus de six mois et à l'issue de laquelle nous avons pris contact avec certains investisseurs. Le choix a été finalement porté sur Investima, vu l'excellente relation que nous entretenons avec notre banque historique, la Société Générale, depuis la création de Data Plus avec un capital social de 100 MDH en 1999, et la SG a vécu avec nous la «success story». -F.N.H : Pour quelle raison vous êtes-vous limité à 24% du capital ? -M.C.R : Le choix de 24% était celui d'Investima, pas le nôtre. Nous étions prêts à ouvrir entre 30% et 40%, mais Investima, plus pour des raisons budgétaires que par choix stratégique, a décidé de se limiter à 24%. Je tiens à rappeler qu'Investima est une société d'investissement et non un fonds d'investissement. La différence est de taille. Dans son tour de table, on trouve la Société Générale Maroc, la Société Générale France et d'autres actionnaires minoritaires. -F.N.H : Vous avez opéré en deux temps : une cession d'actions, suivie d'une augmentation de capital. Quelles sont les raisons d'une telle stratégie ? -M.C.R : D'abord, l'actionnaire Abderrafie Rifi, a voulu céder une part symbolique de 4% à Investima, en récompense à ses efforts fournis pendant plus de 10 ans en tant que conseiller de Data Plus sans salaire ni rémunération, ni primes, encore moins de dividendes. (Cet argent a été affecté au développement de la société). La cession a été prévue dès que nous avions entamé les discussions sur le processus de l'ouverture du capital. Pour comprendre l'opération, Data Plus a été estimée à 57 MDH. En réduisant les dettes d'une valeur de 17 MDH, on arrive à une valeur nette de 40 MDH. Abderrafie Rifi et moi-même possédions 50% du capital, équivalent à 20 MDH chacun. Investima a augmenté le capital de Data Plus de 10 MDH, portant la valeur actuelle des fonds propres à 50 MDH. Par dilution du capital, Investima devient actionnaire à 20% et Abderrafie Rifi et moi-même avons des parts de 40% chacun. Ensuite, A. Rifi, a cédé 4% à Investima. La valeur actuelle restant inchangée, le nouveau tour de table se compose de : Investima avec (24%), Abderrafie Rifi (36%) et Mohammed Chakib Rifi (40%). Il faudrait rappeler également que Data Plus est désormais une société anonyme avec un conseil d'administration composé de : M. Aderrafie Rifi (président), M.Abdelaziz Tazi (actuel président du conseil de la SG : administrateur), M. Ahmed Yacoubi (actuel secrétaire général de la SG : administrateur), M. Hjiej Jaouad (expert-comptable : administrateur), et Mohammed Chakib Rifi ( Directeur général). -F.N.H : Pourquoi avoir choisi un groupe bancaire auquel s'adosser, plutôt qu'un opérateur national ou international du même secteur, qui pourra éventuellement apporter à votre société tout le savoir-faire technologique et l'expertise nécessaires à votre développement ? -M.C.R : Nous n'avons pas choisi un groupe bancaire lambda, mais un partenaire historique. Aujourd'hui, nous sommes déjà adossés, de par notre stratégie, à des groupes internationaux avec lesquels nous traçons notre stratégie à court, moyen et long termes tels que Telecom Italia, via Olivetti qui est notre partenaire stratégique. Notre plan quinquennal est actualisé chaque année. Nous sommes également partenaires de Microsoft et d'Intel. Je peux vous assurer que nous sommes en phase avec les projets de développement du secteur informatique à moyen et long termes. Autrement dit, nous adaptons notre stratégie d'offre de produits et services en avance par rapport au marché. Parmi nos projets figure celui de «Cloud Computing». Telecom Italia a déjà lancé, avec Olivetti, ce projet en Italie et nous sommes aujourd'hui en train d'étudier la stratégie de lancement au Maroc qui sera effective en 2012. -F.N.H : Dans quels objectifs la Société Générale, à travers Investima, a opté de filialiser un opérateur informatique ? Concrètement, quelle est la valeur ajoutée que vous apporterez à Investima ? -M.C.R : Investima, en tant que société d'investissement, va nous aider dans notre plan de développement à acquérir progressivement une plus grande part de marché. Il faut noter que grâce à certains marchés stratégiques, la marque montée par nos soins au Maroc : Olivetti, occupe 18% de parts de marché et se positionne en deuxième place. Le fait d'avoir un groupe bancaire nous permettra non seulement de nous développer grâce aux fonds injectés, mais aussi de projeter une croissance externe. Nous ciblons dans ce cadre le marché africain qui présente les mêmes potentialités que le Maroc il y a une vingtaine d'années. Aussi, en tant qu'actionnaire, Investima aura non seulement la fierté de pousser une PME marocaine à devenir leader au niveau du continent africain, mais également à préparer notre introduction en Bourse qui est un projet à moyen terme. -F.N.H : Quel type de synergie y aura-t-il entre Investima et Data Plus ? -M.C.R : C'est un partenariat gagnant-gagnant. Je ne prétends pas être le porte-parole d'Investima, mais ce que je peux vous dire en général, c'est que si une société d'investissement investit dans une entreprise, c'est pour que celle-ci assure un retour sur investissement. Du moment que notre activité et notre business plan assurent à Investima un retour sur investissement, nous répondons exactement au business model de cette dernière. Nous serons gagnants sur le plan opérationnel, Investima le sera sur le plan financier. Ce qui m'a vraiment réconforté, lors de notre closing avec Investima, c'est que le président, M.Tazi, m'a assuré qu'il ne comptait pas entrer en Bourse pour sortir du capital, mais qu'il restera actionnaire et continuera à accompagner Data Plus dans son développement futur. -F.N.H : En termes de perspectives, Data Plus sera-t-elle amenée à céder une autre part de son capital ? -M.C.R : A chaque phase de vie d'une société ses paramètres, et pour passer d'une phase à l'autre, soit la société dispose de réserves pour permettre le saut, soit elle fait appel aux investisseurs. Dans notre cas, si le besoin de développement le nécessite, l'appel à l'investissement aura lieu. Dans ce cas, la priorité sera donnée aux actionnaires. Si les trois actionnaires jugent que c'est dans l'intérêt de la société d'intégrer un outsider dans le capital, la décision sera prise après évaluation et approbation du Conseil d'administration. Propos recueillis par I. Ben. (stagiaire)