En 2008/2009, 57.754 entreprises dont le CA est inférieur à 75 MDH recensées, dont 96% de TPE. Beaucoup de produits financiers sur le marché, mais inadaptés par rapport aux besoins des PME. Seuls 18% des crédits alloués aux entreprises en général ont été captés par les PME en 2008. Etude intéressante que celle que vient de publier le CDVM sur le financement des petites et moyennes entreprises. Encore faut-il s'entendre sur la définition d'une PME. Si, au niveau international, il n'y a pas encore consensus en la matière, au Maroc, où ces petites entités représentent 95% du tissu économique, 40% de la production et 31% des exportations, le flou persiste également. Quand bien même l'ANPME et la CGEM ont arrêté une définition commune dont l'objectif consiste à refléter «la taille que les entreprises doivent avoir pour affronter la globalisation et contribuer à la cohérence du fonctionnement du dispositif d'appui aux PME». Aujourd'hui, trois critères officiels ont été arrêtés dans la Charte de la PME pour définir la PME : il y a la gérance qui doit être assurée directement par des personnes physiques (propriétaires ou actionnaires); la propriété du capital ou le droit de vote qui ne peut être détenu à plus de 25% par une entreprise ou un ensemble d'entreprises qui ne correspondent pas à la définition de PME; et la taille, avec une distinction entre les entreprises existantes (plus de 2 ans d'ancienneté) et celles nouvellement créées. Dans ce cadre, pour être qualifiées de PME, les sociétés existantes doivent obligatoirement avoir un effectif inférieur à 200 employés permanents, un chiffre d'affaires annuel hors taxe qui ne dépasse pas 75 MDH et/ou un total bilan limité à 50 millions DH. Par ailleurs, les PME nouvelles doivent avoir un programme d'investissement initial inférieur ou égal à 25 MDH et respecter un ratio d'investissement par emploi inférieur à 250.000 DH. Toutefois, relève l'étude, «cette définition demeure complexe et ne permet pas d'avoir une estimation correcte de la proportion d'entreprises qui peuvent être qualifiées de PME», surtout qu'«elle écarte plusieurs entreprises, car le seuil est relativement bas et conduit à l'exclusion des entreprises qui ont des activités intensives en capital». En outre, en se référant à cette définition de la Charte de la PME, l'étude révèle que le nombre d'entreprises dont le CA est inférieur à 75 MDH est d'environ 57.754 en 2008 – 2009. En clair, 96% de ces sociétés sont de très petites entreprises (TPE), voire des micro-entreprises, d'autant qu'elles ont un chiffre d'affaires inférieur à 3 MDH et opèrent majoritairement dans le secteur manufacturier (37%) et commercial (41%). Des entreprises (PME et TPE) qui se caractérisent, entre autres, par «une faiblesse des actifs immobilisés, avec une dominance de l'actif circulant». Cette nature pourrait être une conséquence des difficultés de financements auxquels font face les PME, car cette contrainte pourrait les pousser vers des activités peu capitalistiques», souligne l'étude. Contraintes de financement Malgré leur prédominance dans le tissu économique, les PME marocaines sont confrontées à de nombreuses contraintes qui font que leur contribution à la croissance réelle du pays reste moindre, en comparaison avec les pays industrialisés. Ainsi, à côté de la fragilité de leurs structures, d'une sous-capitalisation généralisée et du manque de moyens techniques et financiers, elles souffrent également d'une fiscalité désavantageuse. Surtout, l'une des contraintes majeures auxquelles les PME doivent faire face a trait à l'éternelle problématique de financement. C'est un problème récurrent et épineux auquel, jusqu'à présent, il n'y a pas encore de réponse appropriée, malgré les cris d'orfraie lancés par les dirigeants de ces petites structures. D'ailleurs, à plusieurs reprises, le ministère des Finances a tancé les banques, lesquelles ont certes procédé à une baisse des taux de base bancaires, mais qui a malheureusement profité plus aux grandes entreprises qu'aux PME. Des banques qui, par la voix du GPBM, répondent clairement : «le levier d'action ne se situe pas exclusivement ni prioritairement chez les banques». Sous-entendant une stratégie nationale coordonnée, notamment en faveur des PME, déclinée en mesures concrètes, par secteur et par acteur, par échéance et par priorité. Par ailleurs, outre la prudence excessive des banques à financer les PME, du fait, entre autres, de leur fragilité et du déséquilibre «risque/rentabilité », il y a également «la méconnaissance des entrepreneurs et dirigeants de PME de la palette des produits financiers disponibles dans notre pays» et, éventuellement, «le manque d'adaptation de ces produits financiers aux besoins d'une grande population de PME, d'autant plus que la grande majorité des PME marocaines sont en effet des TPE». Car, des produits financiers, les entreprises en disposent, à travers notamment le marché bancaire, ceux de la dette et des actions, auxquels il faut ajouter notamment le fonds de garantie de la Caisse centrale de garantie (CCG) et les mesures d'appui à la compétitivité en faveur des PME (Imtiaz et Moussanada). Toutefois, vu les exigences et les contraintes au niveau des marchés de la dette et des actions, les PME ont principalement recours au marché bancaire, sur lequel elles ne captent, en 2008, que 18% des crédits alloués aux entreprises en général. En effet, selon l'étude du CDVM qui cite un rapport des Nations Unies élaboré en 2010, «le total des crédits accordés par les banques au secteur privé s'élève à 468 milliards, dont environ 300 milliards (soit les deux tiers) destinés aux entreprises». Et la Direction de la Supervision bancaire (BAM) note que la quote-part des PME dans ces crédits est située à seulement 54 Mds de DH, le reste revenant aux grandes entreprises. Reste aussi une autre alternative pour les PME : le capital-investissement, qui tend de plus en plus à se développer avec 7,3 Mds de DH de fonds levés entre 1999 (et les années antérieures) et fin 2010 (www.financenews.press.ma). Néanmoins, pour les analystes du CDVM, «ce dispositif financier apparaît peu adapté» pour les PME, eu égard notamment «à l'insuffisance de leur encadrement financier et technique (…) et aux critères d'éligibilité des sociétés de capital-risque qui sont rigides». Aujourd'hui, s'il est vrai que diverses réflexions sont en cours pour favoriser au mieux l'accès au financement à la PME et, surtout, la rendre plus compétitive, il n'en demeure pas moins vrai, comme le précise le CDVM, qu'elle fait face à trop de contraintes qui «rendent son développement et son évolution très difficiles, et la poussent à se focaliser sur la survie à la place de l'innovation, contrairement aux pays développés».