La Loi sur laudiovisuel a été adoptée, le 12 juillet dernier, à lunanimité par les députés. Plusieurs interrogations subsistent quand même sur lavenir du processus de libéralisation du secteur au Maroc Si Nabil Benabdellah, ministre de la Communication et Porte-parole du gouvernement, est soulagé par ladoption du projet de cette Loi, la réaction du SNPM (Syndicat Nationale de la Presse Marocaine) ne sest pas faite attendre. Le Syndicat a, en effet, vivement critiqué ladoption dudit projet tout en dénonçant le fait que les propositions damendements du SNPM nont pas été retenues. Le ministre de la Communication a pourtant affirmé que les propositions du Syndicat ont été prises en considération En fait, il faut signaler que le Syndicat nest pas contre lesprit du projet de loi mais contre l«ambiguïté» dans la formulation de certaines clauses de ce projet, ainsi que «la confusion» dans certains de ses chapitres et articles. Cette «ambiguïté» se constate notamment pour ce qui concerne le pôle public dont on parle si souvent, en loccurrence 2M et RTM. Le projet ne parle pas, par exemple, de la méthode de gestion de ce pôle puisquil ny aura pas de Conseil dAdministration Des choix peu judicieux selon les observateurs Il ny a également pas eu damendement du dahir portant la création de la HACA (Haute Autorité de la Communication Audiovisuelle). Rappelons, à cet effet, que le projet de Loi donne à la Haute Autorité les outils nécessaires pour réguler le secteur et accompagner son développement, et ce en prévoyant les différents mécanismes et procédures à mettre en uvre. Autre point important auquel le projet de Loi na pas prêté attention : les ressources humaines. Dans ce cadre, le SNPM a mis laccent sur la nécessité de maintenir lensemble des employés des deux chaînes publiques tout en procédant à lamélioration de leur compétence via des formations continues. Selon les termes officiels, le projet de Loi sur la communication audiovisuelle vise à renforcer les fondements de lEtat de droit ainsi quà élargir les libertés publiques, individuelles et collectives, de même quà consacrer les valeurs de modernité, douverture et de tolérance. Mais le maintien du statut «public» de la deuxième chaîne, ainsi que le choix des membres de la HACA, non judicieux selon plusieurs observateurs, laisse planer maintes questions sur lavenir de la libéralisation du secteur. De quelle libéralisation parle-t-on ? Nul nignore que les médias contribuent dune manière décisive au renforcement de la démocratie. Lexpérience de 2M avant son «étatisation» est toujours dans les mémoires. Cette chaîne a révolutionné le champ médiatique national et enrichi «lexpérience démocratique» du pays avant que les autorités navortent cette initiative. On se demande actuellement si les professionnels de laudiovisuel, qui souhaitent investir au Maroc, auront une marge de manuvre et une liberté certaine qui leur permettrait dadopter une ligne éditoriale bien ouverte. La libéralisation tant souhaitée par les professionnels du secteur et par beaucoup de Marocains devrait être totale et sans main-mise de lEtat. Faut-il rappeler quune grande partie de nos téléspectateurs regardent régulièrement des chaînes satellitaires françaises et arabes (TF1, France 2, Al Jazeera, Al Manar, MBC, etc) et que cette fuite vers les autres ne peut sexpliquer que par une certaine insatisfaction, voire un dédain pour les productions télévisées marocaines ? Sur le plan financier, on se demande aussi si les nouvelles chaînes de télévision (ou les nouvelles stations de radio) auront les ressources matérielles nécessaires pour assurer une activité normale. Côté compétence, il faut enfin admettre que les journalistes marocains ont fait leurs preuves dans des chaînes de renommée mondiale. Certains ont choisi de quitter le Royaume en quête de liberté et de reconnaissance. Aujourdhui, le Maroc a la volonté de souvrir davantage et renforcer les libertés publiques. Quand cette volonté politique sera définitivement traduite dans les faits, nul doute que les compétences marocaines installées à létranger regagneront le bercail. A rappeler que le projet de Loi sera discuté à la Chambre des Conseillers lors de la session doctobre.