Le déplafonnement des cotisations permettra une économie annuelle de 279 millions de DH. Les remboursements se feront sur la base du médicament générique. Une cotation des actes de biologie est prévue. La CNOPS n'est pas prête à accueillir les 250.00 nouveaux assurés attendus. «60 ans après sa création, et 5 ans après la mise en place de l'Assurance Maladie Obligatoire (AMO), le moment de dresser le bilan de la Caisse nationale des organismes de prévoyance sociale (CNOPS) et d'examiner ses perspectives est venu». C'est ce qu'a déclaré Abdelaziz Adnane, Directeur de la CNOPS, lors d'un point de presse tenu dernièrement à Rabat. Le bilan dressé par la CNOPS montre que les différentes prestations payées ont atteint la somme de 13 milliards de DH en l'espace de 5 ans et demi. Quant aux cotisations patronales et salariales sur la même durée, elles sont passées de 1,4 à 3,4 milliards de DH. «Je ne connais pas un secteur qui a connu une évolution aussi extraordinaire de ses ressources en si peu de temps», annonce fièrement Abdelaziz Adnane. Ce dernier reste toutefois méfiant dans la mesure où un vrai risque de déficit s'annonce pour le deuxième investisseur dans le secteur de la santé qui n'est autre que la CNOPS. Les prestations prennent l'ascenseur L'étude actuarielle réalisée par la CNOPS dévoile un sérieux enjeu auquel la CNOPS doit faire face. Cette caisse, qui assure plus de 2,5 millions de personnes, souffre d'un gap important entre l'évolution des prestations et les cotisations. Une évolution respective de 9,95% et 2,78%. Les propos d'Abdelaziz Adnane illustrent parfaitement cette situation : «Les prestations prennent l'ascenseur alors que les cotisations prennent l'escalier». Et il continue : «La hantise de la CNOPS est d'éviter tout ce qui remet en cause les acquis de ces 5 dernières années. Un travail de fond doit se faire sur la maîtrise des dépenses». Les cotisations deviennent une vraie hantise pour la CNOPS. L'étude actuarielle a conclu que l'augmentation du taux de cotisations ne peut se faire sans un déplafonnement (le plafond est de 400DH). Cette décision, adoptée par le Conseil de la CNOPS, permettra de générer au régime AMO-CNOPS des ressources supplémentaires de l'ordre de 279 millions de DH annuellement. Montant qui repoussera le déficit global jusqu'en 2013. Ce déplafonnement reste cependant sans grand effet puisqu'il ne touchera que 5% des assurés cotisants. Pour y remédier, la CNOPS prévoit une révision des taux de cotisations. La CNOPS adopte le générique La CNOPS compte agir sur ses dépenses à travers la promotion de médicaments génériques. Une piste restée à l'état de friche dans notre pays. Grâce à cette décision, la CNOPS a économisé, depuis 2010, la somme de 13 millions de DH sur 5 spécialités, montant qui lui a permis d'échapper à une défaillance sûre. Pour optimiser davantage ces économies, et dans le but d'éviter une diminution des remboursements des assurés, la Caisse compte agir auprès des médecins pour la prescription du générique. Abdelaziz Adnane souligne le paradoxe : «Les pays riches sont les plus grands utilisateurs du générique, alors qu'au Maroc l'introduction de ces derniers est fortement combattue par des lobbies; quand on laisse les médecins sous l'emprise des industries, il faut s'attendre à tout. C'est regrettable». En effet, tout l'enjeu est au niveau des médecins pour orienter les assurés vers le générique. Suite à cette décision, et à partir de mai 2011, le remboursement des assurés se fera sur la base du médicament générique le plus proche du princeps. Par contre, si le médicament prescrit est un générique, le remboursement se fera sur la base du prix public de ce même médicament. Il est à noter que pour les soins ambulatoires, le taux de remboursement est de 70% sur la base d'une liste de médicaments remboursables; ce taux est de 100% lorsqu'il s'agit des affections de longue durée. Les prix des médicaments seront révisés Pour la biologie, la CNOPS a constaté que les analyses sont surcotées et que les prix au Maroc sont scandaleux et beaucoup plus élevés comparativement à certains pays comme la France et la Tunisie. «Il est hors de question de continuer à payer la biologie aux coûts pratiqués aujourd'hui», s'exclame le Directeur de la CNOPS. Pour y remédier, la Caisse demande une cotation des actes de biologie surcotés, une forfaitisation des actes de biologie, à commencer par les actes les plus fréquents et, pour finir, elle exige une hiérarchisation des prescriptions des bilans biologiques, notamment pour les principales affections de longue durée et celles qui sont lourdes et coûteuses. L'enjeu à l'avenir reste la baisse des prix des médicaments. Pour effectuer ces négociations tarifaires, il est nécessaire de réexaminer la liste de tous les médicaments commercialisés pour une fixation de nouveaux prix issus des appels d'offres des CHU. La CNOPS exige également que la notion des «Prix hôpital» soit revue. De plus, il faut adopter des marges bénéficiaires dégressives en fonction des différentes fourchettes des prix des médicaments.