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Success story : Miloud Chaâbi : le berger devenu homme d'affaires
Publié dans Finances news le 18 - 02 - 2011

Il a enchaîné les déboires et les fiascos avant de retrouver le chemin du succèss.
«Lhaj Miloud» revendique un empire pesant des milliards de DH. Regroupé au sein de Ynna Holding, il est présent dans pas moins de 16 secteurs, dont l'immobilier, le tourisme, la grande distribution, la pétrochimie et le BTP.
Les success stories ne sont pas un phénomène typiquement américain ou autre, mais il existe bel et bien des cas qui restent inédits dans l'histoire contemporaine du Maroc. Miloud Chaâbi, ou l'haj pour les intimes, fait partie des hommes d'affaires marocains les plus en vogue et les plus tourmentés. Son aura dépasse de loin nos frontières et applique son empreinte dans plusieurs pays.
La méthode Chaâbi est un cas d'école et le personnage est un sujet à méditer pour les futurs entrepreneurs, surtout ceux qui sont encore étudiants.
Invité le jeudi 10 février à une rencontre organisée par le Club Entreprendre et le Centre Links, Miloud Chaâbi a ouvert le bal d'un cycle de conférences spécialement dédié aux success stories marocaines.
Dans une salle archicomble où des invités sont restés debout pour suivre le débat, Chaâbi s'est exprimé à cœur ouvert, répondant à toutes les questions même les plus dérangeantes.
Il a tout d'abord évoqué ses débuts difficiles à l'époque du protectorat où la pauvreté et la famine faisaient rage dans sa région, un patelin pas loin de la ville d'Essaouira.
Comme tous les Marocains, à l'époque, Chaâbi a commencé par le Msid, l'école coranique. La situation familiale ne lui permettant pas de poursuivre ses études, il commencera à travailler comme berger d'un troupeau familial de moutons. Il s'agit de 16 brebis que son père avait reçues comme dot pour sa sœur.
Fuyant la misère, Miloud va s'orienter vers le souk hebdomadaire de la région où il va apprendre les lois du marché, notamment celle de l'offre et de la demande. A partir d'un petit crédit contracté auprès de son cousin, il va enchaîner les petits commerces qui vont lui permettre juste de subsister. Il va déménager à Marrakech à la recherche de jours meilleurs et là aussi il va connaître un nouveau fiasco. Tout d'abord comme marchand de tomates où ses affaires vont tourner mal.
En perdant son capital, Chaâbi va opter pour un travail journalier comme employé agricole chez un colon français et là aussi la malchance va le rattraper. «On m' accusé de vol et le patron m'a giflé avant de me congédier», déplore-t-il.
A l'adresse des étudiants, Chaâbi a affirmé que «c'est ma volonté et ma détermination qui m'ont aidé à surmonter tous les malheurs. Même ma demande d'intégrer l'armée a été refusée».
Chaâbi a décidé encore une fois de changer de lieu et aussi de métier. Cette fois, il va opter pour Kénitra dans les chantiers de construction.
«J'ai commencé comme apprenti maçon et j'ai bataillé fort pour apprendre le métier. Je faisais 7 km par jour pour regagner mon job. On montait les matériaux de construction, notamment le ciment, sur le dos. C'était dur, mais j'ai appris à coexister avec ce quotidien», a précisé Chaâbi.
Cette époque présente un tournant, l'homme va créer sa propre entreprise avec deux autres employés. C'était en 1948.
«Un de mes clients a accepté de me financer une machine à polir le granito dont le prix sera déduit une fois les opérations terminées», a-t-il lancé avant d'ajouter que «le sérieux et la persévérance vont payer par la suite».
Malgré la croissance de son entreprise, les ambitions de Chaâbi semblent inépuisables, l'entrepreneur vise encore plus haut et plus loin Cette fois, il oriente son expansion à l'international.
On est en 1966, la Libye était en pleine construction et faisait appel aux entreprises étrangères.
«5 entreprises qui se sont regroupées en consortium ont décroché un marché dans ce pays et ont eu l'aval de l'Office des changes à l'époque. Alors que mon entreprise a été écartée. J'ai pu convaincre mes interlocuteurs libyens de m'accorder leur caution et j'ai pu travailler et gagner mon pari par la suite. Alors que les autres entreprises marocaines ont échoué. Le comble c'est que l'Office des changes m'a demandé des comptes alors que l'Etat marocain ne m'a pas aidé. Alors qu'il devait demander des comptes aux autres entreprises qui ont bénéficié d'un soutien de taille».
Les bonnes affaires en Libye vont ouvrir l'appétit de Chaâbi pour tenter de gagner de nouveaux marchés. Il fera des percées spectaculaires en Egypte, en Tunisie et en Afrique subsaharienne.
Autodidacte, Chaâbi va apprendre sur le tas les soubassements du monde des affaires. Une approche qu'il veut inculquer à ses enfants. «Je ne donne pas de responsabilité à mes enfants avant qu'ils passent des stages dans mes différentes entreprises où ils doivent évoluer par étape et apprendre les éléments élémentaires du métier», a-t-il déclaré.
Aujourd'hui, «Lhaj Miloud» se revendique d'un empire pesant des milliards de DH. Il est regroupé au sein de Ynna Holding qui est présent dans pas moins de 16 secteurs dont le tourisme, la grande distribution, la pétrochimie et le BTP.
Outre sa vocation d'homme d'affaires, Chaâbi est également connu comme homme politique et mécène confirmé. Toutes ses entreprises, une fois le bilan bouclé, distribuent la Zakate. L'homme est également sponsor ou parrain de plusieurs fondations ou organismes universitaires ou de bienfaisance.
S'agissant du climat des affaires au Maroc, similaire à celui de l'Egypte ou de la Tunisie, Chaâbi n'a pas hésité à appeler à plus de transparence et d'équité. «Le Maroc est lui aussi victime de clans qui ressemblent aux Trabelsis tunisiens qui se sont enrichis en un laps de temps réduit et ont profité d'un soutien quelque part des autorités. Ces agissements sont nuisibles pour les affaires au Maroc et pour l'image de marque du pays», a-t-il martelé.
S'adressant en particulier aux étudiants marocains, Chaâbi les a invités à avoir de la volonté et de la dignité.
«Je suis contre les diplômés chômeurs qui manifestent devant le Parlement et qui exigent coûte que coûte un emploi dans la fonction publique. L'Etat ne peut pas recruter tout le monde. L'avenir est dans le privé pour ceux qui veulent aller de l'avant», a-t-il nuancé.
Il est à rappeler que le Centre Links a pour objectif d'inculquer l'esprit d'entreprise chez les jeunes Marocains. A travers les success stories il veut donner l'exemple pour les encourager à se forger un chemin vers la réussite.


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