La Fédération des Agences de voyages a tenu son 2ème Congrès, les 21 et 22 janvier 2000 à Casablanca. Au menu de cette rencontre, deux thèmes ont été développés : "Les professionnels du voyage" et "Le développement d'un tourisme durable". Les deux jour Cinq années sont passées après le premier Congrès (Tanger, 1995) avant que la Fédération Nationale des Agences de voyages ne décide d'organiser ce 2ème Congrès de la FNAVM axé sur "Les professionnels du voyage" et "Le développement durable du tourisme au Maroc". Les organisateurs n'ont pas caché leur inquiétude avant de lancer cette manifestation, faute de temps (un mois et demi pour l'organisation) et de moyens financiers. Le comité d'organisation, composé de membres du bureau de l'AVC (le président de l'AVC est M. Soukkani), a estimé à pas moins d'un million de DH le financement d'une telle opération. Le budget a été collecté grâce aux partenaires du secteur (la RAM, Amadeus et certaines établissements hôteliers). Le Congrès avait pour but de valoriser l'industrie touristique dans notre pays, permettre des synergies nouvelles et consolider les acquis actuels. Pour enrichir les débats, la Fédération a fait appel à de nombreux experts qui ont témoigné de leur longue expérience dans le domaine. Ce deuxième Congrès a connu également un événement important : la création de la Fondation de la FNAVM, avec un fonds de soutien de départ de près de 100.000 DH. Cette Fondation aura comme premiers projets : la construction d'une école en milieu rural, la réalisation d'un puits en zone désertique et la restauration d'un site touristique. Les bases d'une industrie touristique La séance d'ouverture des premiers travaux du deuxième Congrès de la Fédération des Agences du voyages du Maroc a été présidée par MM. Hassan Sebbar et Ahmed Iraqui, respectivement ministre du Tourisme et secrétaire d'Etat chargé de l'Environnement, ainsi que le représentant du Ministère de la Culture, M. Benjelloun. Les trois Ministères ont consolidé par leur présence l'intérêt que revêt le secteur touristique dans le développement socio-économique. "Les trois parties ont réitéré l'engagement du gouvernement à fonder, sur une base solide, une industrie touristique qui assure un développement durable du secteur". De fait, le ministre du Tourisme a précisé lors de son intervention que "la tenue de ce Congrès intervient à un moment où le secteur touristique connaît une embellie évidente, ce qui doit constituer un motif de satisfaction et d'encouragement à maintenir l'option qui a été retenue et qui vise à faire de ce secteur l'une des principales locomotives du développement de notre économie. C'est ainsi que pour l'année écoulée, la progression en termes d'arrivées a été de l'ordre de 18% par rapport à la même période de 1998. De la même manière, les nuitées ont suivi la même tendance avec une progression de plus de 10%. Enfin, en termes de recettes, celles-ci ont également enregistré une progression de 12% avec un volume de l'ordre de 18,5 milliards de DH au terme de l'année 1999". Le ministre n'a pas caché sa satisfaction qui réside dans la conjugaison des efforts de l'Administration et des professionnels pour atteindre l'objectif de la stratégie à court terme du Gouvernement de l'alternance qui, rappelons-le, a été la récupération des parts de marchés perdues durant les années 90-97. Et d'ajouter : "Les intérêts du tourisme et ceux de la protection de la nature et de l'environnement sont donc indissociables ( ), et le défi consiste précisément à imaginer des formes de tourisme qui puissent s'inscrire dans le développement durable, notamment dans le cas du tourisme de masse qui génère les flux les plus importants. Or, il faut reconnaître que le tourisme n'est pas toujours conçu et dirigé dans le sens de la durabilité et il est de ce fait menacé par trois grands déséquilibres : l'environnement, le social et l'économie." Les défis majeurs que le tourisme se devra de relever durant la décennie qui s'annonce portent sur : - La qualité dans toute la chaîne de valeur (secteurs public-privé- emploi); - la diversité de l'activité touristique en général; - la durabilité économique, sociale et environnementale. D'autres défis d'un autre ordre doivent également être pris en compte et avec la même attention : - l'arrivée constante de nouveaux acteurs sur un marché que certains estiment déjà encombré, voire saturé; - la confirmation du caractère incontournable des nouvelles technologies; - l'émergence d'entreprises de taille industrielle. Pour sa part, M. Benjelloun, représentant du Ministère de la Culture, a souligné "qu'un travail en commun est l'ultime solution pour assurer un développement durable. Aussi faut-il préserver le patrimoine culturel du pays et éviter tout déracinement social." Dans le même sens, le Secrétaire d'Etat à l'Environnement a déclaré: "Partout, des expériences nationales et internationales en matière d'activité touristique ou écotouristique, l'idée d'un développement durable et intégré, ont de tout temps véhiculé des stratégies et un savoir-faire fondamentalement différents des pratiques et des actes répandus actuellement et qui doivent par conséquent être remplacés par des pratiques plus saines, en harmonie avec la nature et les ressources naturelles. Pour ce faire, toute politique de planification doit tenir compte des axes de propositions suivantes : concilier tourisme et aménagement du territoire, stabiliser à court terme l'état de dégradation constatée en milieu rural et littoral et sensibiliser les citoyens afin de limiter certains modes de comportement qui ont des répercussions négatives sur le milieu." Recommandations Les recommandations arrêtées par le Comité d'organisation, présidé par MM. Othmane Chérif Alami et Ahmed Benkhmis, respectivement présidents de la FNAVM et du Congrès, traduisent la nouvelle vision des professionnels qui ont estimé à l'unanimité que la survie du secteur touristique en général passe par la préservation du patrimoine culturel et de l'environnement. Il faut ainsi appliquer les principes suivants : -Le tourisme doit impliquer chaque citoyen pour accompagner les performances socio-économiques de notre pays. - Attirer l'attention des pouvoirs publics et des professionnels du tourisme quant à la politique et à la stratégie à mettre en place pour accompagner ce troisième millénaire. - Les professionnels doivent se mobiliser afin d'asseoir les bases d'un tourisme durable; - -Identifier les problèmes liés à la fréquentation massive des sites et envisager les remèdes; - Adopter des stratégies nationales avec les différents acteurs économiques; - Encourager les initiatives tout en tenant compte des aspirations sociales et de l'environnement; - Adopter les pratiques de management jugées les meilleures pour l'avenir du tourisme; - Le tourisme doit prendre en compte les dimensions du développement durable : l'environnement, les enjeux écologiques, la cohésion sociale et l'authenticité culturelle; - Protéger "la poule aux uf d'or" (Tourisme), sinon elle serait condamnée à disparaître; - Provoquer un dialogue, pour sensibiliser à l'impact du tourisme, les représentants locaux et les professionnels du tourisme; - Innover et dépasser le mono-produit et réduire la concurrence; - Gérer pour mieux protéger mais aussi développer les richesses économiques; - Renforcer les partenariats entre les différentes synergies (Agences de voyage, Transport, Assurances, guides - Valoriser les ressources humaines et créer l'esprit de l'emploi dans le milieu rural; - Atténuer la pression fiscale qui suscite la grogne des Agences de voyages.