* Tous les éléments indiquent que le marché boursier marocain gagne de plus en plus en profondeur et en maturité. Tour d'horizon sur les réalisations 2006 et coup de projecteur sur 2007. * L'analyse de Ali Bensouda, Directeur délégué à CDG Capital en charge de la gestion d'actifs et des services bancaires et financiers. Finances News Hébdo : Quel bilan tirez-vous de l'année boursière 2006 ? Ali Bensouda : Je pense que nous pouvons qualifier le bilan de l'année boursière 2006 d'exceptionnel vu la performance de +71% du MASI au 31/12/2006 (pour rappel, la performance 2005 s'est située à + 22%), et les volumes traités avoisinant 10 milliards de dirhams en moyenne chaque mois sur le seul marché central. Pour vous retracer succinctement le déroulement de l'année boursière 2006, le marché est passé par plusieurs phases : - Phase 1 (janvier - mai) : forte hausse du marché, traduisant un climat de confiance de la communauté boursière combiné au positionnement des institutionnels locaux et étrangers. - Phase 2 (mai - juin) : nette correction de l'indice (-23% au 14 juin) sous l'effet d'un mouvement massif de prises de bénéfices ; - Phase 3 (juin - décembre) : retour de la hausse ponctuée de corrections (prises de bénéfices, annonce des résultats semestriels et ajustement des cours de certaines valeurs). Par ailleurs, plusieurs introductions en Bourse sont venues dynamiser le marché sur toute l'année en question. F. N. H. : Comment expliquez-vous cette euphorie boursière qui a amené cette performance exceptionnelle comme vous dites ? A. B. : Plusieurs éléments l'expliquent : un bon contexte macroéconomique, une confiance accrue des investisseurs, qu'ils soient locaux ou étrangers, institutionnels et particuliers, sans oublier la saturation du marché obligataire due à une année exceptionnelle pour le Trésor et à une taille limitée du marché de la dette privée. Tous ces éléments nourrissent davantage une surliquidité structurelle qui se déverse en partie sur le marché boursier marocain, d'autant plus que les opportunités d'investissement offertes aux institutionnels locaux restent limitées. Notons également que la croissance bénéficiaire estimée en 2006 des sociétés cotées devrait être élevée. Cela étant, l'augmentation globale du marché paraît quelque peu exagérée et décorrélée par rapport aux fondamentaux des sociétés. F. N. H. : Qu'en est-il des perspectives 2007 ? A. B. : Nous pouvons supposer que les paramètres qui ont marqué l'année boursière 2006 pourraient être légèrement atténués. En parallèle, la confiance reste de mise, avec un attrait croissant pour le label Maroc en terme d'investissements nationaux et étrangers. Par ailleurs, plusieurs opérations d'introductions en Bourse sont d'ores et déjà annoncées pour 2007. Autant d'atouts pour le financement de l'économie à travers l'instrument Bourse, et d'impacts positifs sur la profondeur et la maturité du marché. Tous ces éléments sont de bon augure pour l'année boursière 2007. F. N. H. : Que conseillez-vous à l'épargnant marocain ? A. B. : Il faut d'abord distinguer plusieurs catégories d'épargnants pour lesquels il existe toute une panoplie de produits d'épargne adaptés (compte sur carnet, OPCVM, immobilier, épargne vie, Bourse, ). Il faut également rappeler que si tout investissement peut générer des bénéfices plus ou moins importants, il comporte aussi un risque. A ceux qui ne sont pas familiarisés avec le marché et ses différents instruments, je leur conseillerais de s'adresser à des professionnels. Ces derniers peuvent conseiller chaque épargnant et lui proposer le produit qui lui correspond en fonction de son patrimoine, de son horizon de placement et de son aversion au risque.