* Les filiales financières portent les performances du holding. * La branche agroalimentaire peine à retrouver ses marques. Lomnipotence de l'ONA serait-elle remise en cause ? Si l'on s'en tient aux analyses de maints observateurs, le holding a perdu quelque peu de son aura ces dernières années. «Nous n'avons plus le même ONA touche-à-tout, super-puissant, avec des filiales leaders dans pratiquement tous les secteurs», confie un analyste. Si, par le passé, grâce à la centralisation du pouvoir, le holding occupait bruyamment la scène économique et financière, actuellement il se fait de plus en plus discret. Le mythe ONA est-il alors en train de prendre fin ? Certes le Groupe reste encore le premier du Royaume, mais il n'en demeure pas moins que dans certains secteurs, comme notamment l'agroalimentaire, il perd du terrain du fait, entre autres, de la perte de monopole. Aujourd'hui, il n'est pas faux de soutenir que les performances de l'ONA sont portées principalement par ses filiales financières, et plus particulièrement Attijariwafa bank, un groupe bancaire qui s'illustre grâce notamment au désormais célèbre concept «champions nationaux» initié par Khalid Oudghiri, son président. Il faut dire que le turn-over au niveau du management de l'ONA n'est pas pour rassurer. Les changements successifs de président donnent volontiers l'impression d'une structure instable, à la recherche d'un mode de management qui sied aux nouvelles réalités économiques du Maroc résolument ouvert sur la modernité. Et, surtout, la valse récurrente des participations au sein du groupe renvoie l'image d'un holding à la structure financière pour le moins déséquilibrée. C'est d'ailleurs ce qui a justifié, laissait-on entendre en 2003, le contrôle de l'ONA par la SNI grâce à un jeu subtil de cessions intragroupe. L'ONA avait ainsi cédé les 60% qu'il détenait dans la SNI au holding Siger, via Copropar (holding détenu à 100% par Siger). La SNI a ensuite pris 20% du capital de l'ONA en contrepartie de la cession à ce dernier de Bimo et Sopriam. La SNI, qui avait une participation (historique) de 9,84% dans l'ONA, s'est donc retrouvée premier actionnaire avec pratiquement 30%. Parallèlement, Siger est monté en force dans le tour de table de l'ONA (35%) à travers la SNI (30%) et la participation de 5% qu'elle détenait auparavant. Le président de l'époque, Bassim Jaï Hokimi, présentait cette opération comme une nécessité au regard des participations croisées entre l'ONA et la SNI. Elle permettait non seulement la consolidation de la position de l'actionnaire de référence (Siger), mais également un rééquilibrage financier entre l'ONA et la SNI. Car au moment où cette dernière présentait un excédent de trésorerie du fait de la cession des Brasseries du Maroc, l'ONA restait de son côté trop endetté. Ce décloisonnement et la disparition du principe de l'autocontrôle a d'ailleurs permis à la SNI de porter actuellement sa participation au sein de l'ONA à 33,54%. Tout cela a-t-il été bien perçu par le marché ? Pas sûr. Certes, la valeur ONA s'est appréciée de 51,4% à 1.618 DH au 7 décembre courant, mais ses filiales agroalimentaires sont à la peine : Centrale Laitière a cédé 1,9% depuis le début de l'année, tandis que Cosumar et Lesieur sont en recul de 14 et 20,3% respectivement.