L'embouteillage du port de Casablanca et de Jorf Lasfar a rendu l'approvisionnement en maïs hors délais. Les professionnels dénoncent les surestaries qui aggravent le cours du maïs dont le prix coût et frêt s'envole au-delà de 350,00 dollars/tonne et, par voie de conséquence, renchérissent le prix de revient des productions animales. Les fabricants d'aliments composés risquent le chômage technique faute de matières premières disponibles. Actuellement, toutes les unités existant au Maroc n'assurent leur fonctionnent que grâce au stock qui ne peut perdurer que quelques semaines. L'Association des fabricants d'aliments composés (AFAC) est montée au créneau pour dénoncer cette situation intenable. A l'origine, c'est un embouteillage du port de Casablanca qui a rendu la livraison des marchandises hors délais. «Cette situation est due à la décision de l'Agence nationale des ports (ANP) d'imposer le déchargement aux silos portuaires et d'interdire les quais aux cargaisons de céréales, sauf les bateaux mixtes, et de relever le tarif de manutention et de stockage», a indiqué Nourreddine Karim, président d'AFAC. Il a rapporté que «le port de Casablanca est congestionné et que cette situation perdure depuis quelques semaines. L'attente des navires et le retard d'évacuation des marchandises risquent de causer un préjudice très lourd de conséquences». Les opérateurs qui ont opté pour le port de Jorf Lasfar n'ont pas pu réduire les délais d'attente de leurs navires et se sont trouvés dans un contexte plus grave que celui du port de Casablanca. La situation est de plus en plus alarmante aussi bien à Casablanca qu'à Jorf Lasfar, le délai moyen d'attente dépasse dans la plupart des cas 12 jours. 25 unités opérant dans le secteur sont intimement liées aux matières premières importées notamment le soja, le sorgho et le maïs. Ce dernier entre pour 60% dans la fabrication de la provende. Celle-ci est destinée à 90% à l'alimentation de la volaille, le reste étant fourni à l'élevage laitier et autres ruminants. Dans un point de presse, les provendiers ont dénoncé la capacité d'évacuation des silos qui demeure faible même si leur déchargement est plutôt rapide. «Une telle distorsion occasionne des retards très coûteux aussi bien pour le pays que pour les opérateurs. Déjà, pour les bateaux en rade, les importateurs sont astreints à payer aux armateurs des surestaries qui peuvent aller jusqu'à 20.000 dollars voire 30.000 dollars par jour et par bateau», a averti Karim. Il a jouté que «ces surestaries aggravent le cours du maïs dont le prix coût et frêt s'envole au-delà de 350,00 dollars/tonne et par voie de conséquence le renchérissent du prix de revient des productions animales (viandes rouges, viandes de volailles, œufs de consommation et lait), au moment même où le secteur de l'élevage assume les répercussions de la flambée des matières premières sur les marchés mondiaux». Il faut souligner que les surestaries affectent également le prix du blé pour lequel l'Etat fait un effort considérable pour le subventionner. Le surcoût est matérialisé autrement par l'incidence des ruptures de stocks. Bon nombre d'usines dont les bateaux sont en rade éprouvent des difficultés à s'approvisionner en maïs. «Dans des circonstances similaires, tout décideur animé d'un minimum de bon sens autorisera le quai pour le déchargement des bateaux en rade afin d'éviter l'hémorragie de devises», a relevé Karim. «Afin de décongestionner le port et activer l'évacuation des marchandises, l'ANP devra autoriser systématiquement les quais chaque fois que le délai d'attente des bateaux dépasse 3 jours. Cette mesure est judicieuse à partir du moment où elle évite au pays des surcoûts inutiles sur des produits stratégiques, tels le blé pour l'alimentation humaine et le maïs pour l'alimentation animale», a-t-il lancé. Il importe de préciser que les provendiers ont la responsabilité de ravitailler les élevages avicoles en aliments composés. Les responsables de l'AFAC mettent en garde quant à la persistance de ce problème : «Si ces usines tombent en rupture de maïs, soit 60% de leurs formules, c'est tout le cheptel avicole qui sera mis en découvert de nourriture. Le revers de la médaille est la perturbation de l'approvisionnement normal et régulier du marché en protéines bon marché destinées à une population dont le pouvoir d'achat s'affaiblit tous les jours». L'AFAC préconise la construction de nouveaux silos qui devra normalement éradiquer les problèmes liés au déchargement et évacuation des cargaisons de céréales. C. J. * Réaction du ministère de l'Equipement : Les capacités d'accueil des ports ne sont pas saturées Le port de Casablanca, qui concentre plus de 75% du trafic global des céréales, ne souffre d'aucune congestion, a indiqué mardi le ministère de l'Equipement et des Transports. Le ministère et l'Agence nationale des ports (ANP) tiennent à affirmer que les capacités portuaires d'accueil, tous trafics confondus, ne sont pas saturées et que plusieurs postes d'accostage sont disponibles aux quais de commerce, indique un communiqué du ministère, rendu public au sujet des navires céréaliers en rade au port de Casablanca. Les postes et les silos des deux terminaux céréaliers sont tous mobilisés pour le déchargement des céréales suite à l'arrivée de 13 navires céréaliers en l'espace de 3 jours et du rythme ralenti des sorties des céréales du port, en raison du manque de capacité de stockage des importateurs en dehors du port et qui les pousse à maintenir leur cargaison dans les silos portuaires conçus initialement pour le transit. La situation enregistrée depuis la fin du mois de mars à Casablanca, avec des délais de séjour plus longs des navires céréaliers à quai ou en attente en rade, s'explique par plusieurs facteurs exogènes à l'exploitation du port. Le communiqué cite à cet effet l'arrivée massive et concentrée de ces navires sur une courte période et sur le seul port de Casablanca, malgré l'existence de capacités de traitement et de stockage céréaliers des autres ports, Jorf lasfar, Nador, Safi et Agadir, les capacités logistiques limitées des importateurs, les politiques d'approvisionnement des importateurs et le prolongement jusqu'au 30 avril de la décision d'exonération des droits de douane, au lieu du 15 avril prévu initialement. La même source cite également la concentration des arrivées de navires céréaliers soit en fin de quinzaine soit en début de quinzaine, le refus des importateurs d'orienter les navires céréaliers vers les postes d'accostage disponibles des quais de commerce, ainsi que le ralentissement des rythmes de sortie des céréales du port par manque de moyens d'évacuation mobilisés par les importateurs.