* Le Maroc a quasiment épuisé le réservoir des secteurs privatisables. Depuis le lancement du programme de privatisations dans le cadre de la loi 39/89, l'Etat a pu saisir les opportunités du marché international pour négocier des prix de cessions intéressants pour les entreprises privatisées. Par ailleurs, au regard de la liste des entreprises à privatiser en 2006 et même au-delà, le Maroc semble avoir quasiment épuisé le réservoir des secteurs privatisables capables de booster les finances publiques de manière significative. Se pose alors la question lancinante de savoir quel sera le devenir du processus des privatisations. La privatisation a servi de levier de développement de l'investissement privé tant étranger que national. A relever que depuis 2001, une part importante des recettes des privatisations, pouvant aller jusqu'à 50%, est affectée au Fonds Hassan II pour le développement économique et social. Au total, ce sont 23,2 milliards de dirhams provenant des recettes des privatisations de Maroc Télécom et de la Régie des Tabacs qui ont été versés au Fonds qui intervient dans le financement des investissements relevant de divers secteurs productifs et sociaux. Selon l'étude faite par la Commission européenne sur les réalisations du programme de privatisations entre 1993 et 2003, il ressort qu'après privatisation, les entreprises concernées affichent une amélioration notoire de leurs fondamentaux. Les perspectives de la politique des privatisations au Maroc sont à apprécier à l'aune de la nature de ce qui reste à privatiser. Or, sous cet angle, force est de reconnaître que le portefeuille qui reste à céder est de qualité bien moindre comparativement à ce qui a déjà été cédé. C'est ainsi que sur la liste des 10 entreprises privatisables en 2006, on trouve de très petites entreprises qui évoluent justement dans des secteurs enclavés ou peu porteurs. A titre d'illustration, sur les 9.763 millions de dirhams de chiffre d'affaires consolidé de ces 10 entreprises privatisables, la part qui échoit aux six entreprises dont le capital est détenu à hauteur de 100% est inférieure à 10% (soit l'équivalent de 882 millions de dirhams). Il s'agit de : Sonacos (production de semences), Somathes (thé et sucre), Drapor (dragage des ports), Sococharbo (négoce de charbon et de bois), SSM (production de sel) et de Biopharma (produits vétérinaires). Deux entreprises parmi ces dix où l'Etat possède une participation respective de 62% et de 50% (BTNA : produits de briqueterie ; SCS : production de sel) ont un chiffre d'affaires cumulé modique ne dépassant guère les 12 millions de dirhams. Si bien que sur le portefeuille à privatiser en 2006, seules deux entreprises présentent un intérêt bien réel (Régie des Tabacs : 20% du capital, et Comanav : 79% du capital). A elles seules, ces deux entités cumulent un chiffre d'affaires consolidé de 80% (soit 8.791 millions de dirhams). C'est dire que les recettes levées par la vente de certaines entreprises frôlent le ridicule. Ce qui est par contre envisageable pour les secteurs stratégiques tels que le transport ferroviaire, l'exploitation portuaire, l'exploitation aéroportuaire le transport aérien, l'électricité, la gestion de l'eau pour l'irrigation, l'agriculture et les télécommunications, c'est d'abord une profonde restructuration suivie de la libéralisation des secteurs par l'entrée en jeu de nouveaux opérateurs. La formule idoine qui semble se profiler à l'horizon est celle de la gestion déléguée.