La privatisation a rapporté gros à lÉtat. La dernière opération concernant les sucreries a répondu aux objectifs. Toutefois, la liste samenuise. Comment lEtat pourra-t-il faire face à ses dépenses budgétaires ? La politique budgétaire au Maroc a beaucoup souffert de la détérioration de la balance commerciale et des lourdes dépenses que supporte le Budget de lÉtat. Ces dépenses ont été en quelque sorte compensées par des recettes exceptionnelles provenant de la privatisation et menacées actuellement dépuisement. À fin septembre 2005, comme la souligné Abdelaziz Talbi, directeur des Entreprises publiques au ministère des Finances et de la Privatisation, 70 entités ont totalement ou partiellement été privatisées entre 1993 et aujourdhui. Ces cessions ont rapporté une recette globale de 77 milliards de DH. En matière de classement, il est à noter que le Maroc occupe les premiers rangs parmi les pays arabes et la troisième position au niveau du continent africain. La dernière opération réalisée est la cession au groupe Cosumar de la totalité des participations détenues dans le capital des sociétés sucrières Surac, Sunabel, Suta et Sucrafor, pour un montant de 1.367 MDH. Il sagit en effet dun processus qui a mis beaucoup de temps pour se concrétiser. Par le biais de cette opération, le gouvernement a marqué sa ferme volonté de privatiser entièrement le secteur sucrier. Le rôle de la Direction des établissements et de la privatisation a été important dans le bon déroulement des opérations. Depuis 1993, la DEPP a engagé 97 opérations de privatisation. Il est à noter que bien que le nombre de privatisations ait diminué depuis 10 ans, les recettes par contre ont augmenté. La cession de 35% de Maroc Telecom en 2001, son entrée en Bourse en 2004 et la cession de 16% de son capital en 2005 y sont pour beaucoup. Autres secteurs pointés du doigt et qui pourraient beaucoup rapporter à lÉtat : laérien et les phosphates, même si pour lheure aucune information na filtré de source officielle. Le PDG de Royal Air Maroc ne cesse de le répéter chaque fois que loccasion se présente : la privatisation nest pas la panacée pour un tel secteur. Encore des privatisables Selon le Directeur de la DEPP, «il reste un grand potentiel dentreprises à privatiser, mais le Maroc ne privatisera que ce qui est viable». Figurent sur la liste des privatisables pour 2005 et 2006, la Comanav, Biopharma, Drapor, de même que les 34% restants de la participation de Maroc Telecom et les 20% de celle de la Régie des Tabacs. Lentreprise qui devrait rapporter le maximum est la Comanav qui produit une valeur ajoutée de 200 MDH, mais dont les fonds propres ne se limitent quà 136 MDH en 2003. Une question demeure cependant posée : lÉtat est-il appelé à vendre tous ses bijoux pour asseoir sa politique budgétaire ? Si le Maroc a réalisé lessentiel des recettes exceptionnelles en se basant sur celles liées à la privatisation, quadviendra-t-il au delà de 2006 ? Commet uvrer afin dassurer léquilibre dun budget dont les recettes des privatisations ont compté pour beaucoup? Le recadrage des dépenses fiscales dont ont profité certains secteurs et sur lesquelles se penche actuellement le ministère des Finances et de la Privatisation permettra-t-il de compenser la baisse des recettes de privatisation ? Une autre formule au-devant de la scène Force est de constater que ces dernières années, la gestion déléguée commence à prendre du tonus. Il sagit en effet dun partenariat public-privé qui permettra aux investisseurs davoir plus de visibilité à sengager en matière de concession. Un projet de loi est aujourdhui en cours délaboration. LEtat pourrait de cette manière concéder des secteurs quil ne pourrait bien gérer et, partant, soccuper des secteurs stratégiques qui resteront sous sa responsabilité (santé, éducation...). Des sommes intéressantes seraient versées dans les caisses de lEtat, mais parviendront-elles à compenser celles liées à la cession ? Rien nest sûr. Mais il faut dire que largentier du Royaume ne se fait pas trop de soucis. Une liste très longue de services concessibles est dores et déjà dressée par le département concerné relevant du ministère des Finances.