Certaines variétés, surtout le blé tendre, restent introuvables et les prix des semences ordinaires sont tirés vers le haut en raison des perturbations sur le marché. La problématique de la mécanisation du secteur se pose toujours à cause du foncier et des procédures pour l'octroi des crédits et de la subvention. Le chiffre d'affaires de l'Aïd El Kébir, de près de 8 Mds de DH, a soulagé la trésorerie des agriculteurs leur permettant d'entamer la campagne dans de bonnes conditions. Le démarrage de la campagne agricole se passe dans de bonnes conditions, aidé en cela par l'arrivée de la pluie avec une bonne répartition dans le temps et l'espace. La saison va bénéficier également des résultats favorables de la saison précédente marquée également par une pluviométrie exceptionnelle. L'apport en eau s'est manifesté sensiblement sur les retenues des barrages qui présentent une capacité permettant d'assurer les besoins des périmètres irrigués pour au moins les deux prochaines années. La nappe phréatique a également bénéficié des deux années humides. Mais chaque saison a ses spécificités. Malgré les efforts déployés par le gouvernement pour assurer une disponibilité des intrants, certains produits restent introuvables sur le marché à commencer par les semences certifiés. «Nous avons du mal à trouver certaines variétés comme Achtar, par exemple, pour le blé tendre. Dans les points de vente agréés on nous propose d'autres variétés qui ne correspondent pas essentiellement à nos besoins. Pour avoir un bon rendement, il faut chercher les variétés qui s'adaptent à la nature du sol et aux conditions climatiques de la région», explique un exploitant dans la région de Benslimane. Ce constat est partagé par d'autres agriculteurs et c'est pourquoi la diversité que connaît le marché des semences certifiées n'est pas à l'ordre du jour cette année. «Pour avoir les variétés souhaitées, j'ai dû payer un prix élevé par rapport à ce qui est déclaré normalement. Il y a des marchands qui monopolisent des produits et, pour les produits rares, la majoration peut aller jusqu'à 40%», explique un exploitant de la région du Gharb. A Sonacos on explique que l'offre est abondante mais que le stock de certaines variétés peut s'épuiser dans certaines régions, alors qu'on peut trouver ces mêmes produits ailleurs. Outre l'indisponibilité des produits, les agriculteurs se plaignent cependant de leur cherté. Même les semences ordinaires ont connu une réelle flambée par rapport à la normale. Les explications de ce phénomène ont trait aux craintes des exploitants qui préfèrent garder leur production au lieu de la vendre plus tôt, car ils anticipent un renchérissement des produits surtout que le marché des produits alimentaires à l'international connaît une volatilité sans précédent après que la Russie, l'un des principaux producteurs de céréales, a suspendu les exportations. L'actuelle campagne n'a pas échappé à la règle visant à mettre en valeur les limites structurelles du secteur, notamment au niveau de la mécanisation. Une bonne partie des exploitants ne possède pas encore de moyens mécaniques, surtout les tracteurs agricoles et autres matériels de travail du sol. Le programme du Plan Vert en la matière aborde des démarrages timides. Malgré les efforts de l'Etat pour encourager la mécanisation, les résultats restent peu tangibles. Un spécialiste du secteur a expliqué que pour «les problèmes, du foncier, notamment ceux liés à l'héritage et au morcellement fait que les agriculteurs concernés ne peuvent prétendre à des subventions ou être éligibles à des dossiers d'investissement pour ce qui est du matériel». En effet, plus de 80% des exploitants ont des parcelles de terre de moins de 5 hectares. Dans cette catégorie, il y a une bonne partie qui n'a pas de titre foncier ou qui est propriétaire dans l'indivision, ce qui complique davantage leur situation pour pouvoir bénéficier des différents programmes d'investissements subventionnés. Il faut noter qu'en matière de trésorerie en vue de financer la campagne, la communauté des agriculteurs a bénéficié de l'apport favorable de l'Aïd El Kébir en réalisant des ventes intéressantes. Le chiffre d'affaires enregistré frôle les 8 Mds de DH, permettant d'entamer les travaux du sol dans de bonnes conditions, surtout quand on sait qu'une bonne partie des agriculteurs est constituée d'éleveurs. Contrairement aux hypothèses du ministère de l'Agriculture qui prévoyaient une forte abondance de l'offre par rapport à la demande, les deux derniers jours précédents l'Aid ont entraîné une rush qui a renchéri sensiblement les prix. Pour ce qui est des travaux du sol, il faut dire que la campagne a démarré dans le temps. Les pluies précoces ont activé les préparatifs.Il faut s'attendre à une hausse des terres emblavées qui peuvent atteindre 5,6 millions d'hectares. Les opérations de labour pour les céréales d'automne, qui se situent entre le 15 novembre et le 15 décembre, doivent aussi se dérouler normalement. Mais ce qui est déplorable c'est que les prix des fruits et légumes ont connu de nouveaux renchérissements, les tomates frôlent les 10 DH/kg, les ognons 6 et les pommes de terre 8 DH. Au marché de gros on impute cette hausse à la faiblesse de l'offre, à cause de la célébration de l'Aïd, et de la pluie qui perturbe les opérations de récolte. Mais les avis des commerçants opérant dans le marché de gros sont unanimes : les transporteurs ont réduit leur tonnage habituel pour se conformer aux dispositions du nouveau code de la route.