Le Maroc accuse un retard significatif par rapport à certains autres pays émergents,, malgré les différentes réformes engagées. Les exigences restrictives de la réglementation du système financier ont participé à la réduction de l'impact de la crise financière mondiale sur le Royaume. Le Maroc a connu ces dix dernières années un grand chantier de mesures et de réformes réglementaires et institutionnelles. Elles se sont traduites positivement sur le développement du marché monétaire et l'émergence d'un marché des capitaux. C'est, globalement, ce qu'a montré l'étude comparative des niveaux de développement financier moyen sur la période 2000-2008, initiée par le Haut Commissariat au Plan. Cette dernière vise à observer les évolutions de certains pays émergents en comparaison avec le Maroc et à identifier les composantes du système financier, afin de détecter leurs insuffisances et leurs performances. L'étude effectuée est basée sur un échantillon composé de pays émergents de l'Afrique du Nord, de l'Asie, de la zone méditerranéenne et de l'Europe, afin de les évaluer sur la base de certains indicateurs de performances. Les indicateurs retenus par le Haut Commissariat au Plan sont, notamment, «la profondeur financière mesurée par la masse monétaire au sens M2 divisée par le PIB, le rapport crédit bancaire intérieur sur le PIB, le ratio crédit intérieur destiné au secteur privé sur le PIB et la capitalisation boursière sur le PIB». Malgré les réformes engagées, qui ont conduit à des résultats probants et positifs, le Maroc enregistre encore des lacunes au niveau du système financier. Ainsi, selon le Haut Commissariat au Plan, la profondeur financière, mesurée par le rapport entre la masse monétaire et le PIB, est de 83,27%. A partir de ce ratio et comparé aux autres pays de l'échantillon de l'étude, le secteur financier marocain est plus développé que celui de la Tunisie, la Turquie, la Pologne et la Corée du Sud. Mais il est plus faible que ceux de la Jordanie et de la Malaisie. De plus, le ratio des crédits au secteur privé sur le PIB mesurant le volume d'actifs bancaires, est de 79,88% en moyenne. Se situant au même niveau que celui de l'Egypte, le Maroc montre un retard par rapport aux autres pays de l'Asie et la Jordanie. En outre, le Royaume accuse également un retard par rapport aux pays émergents de l'Asie, en terme d'indicateur de développement des marchés boursiers (la capitalisation boursière sur PIB), avec une moyenne de 48,94%, et aussi au niveau du ratio des crédits bancaires intérieurs sur le PIB (56,28%). En résumé, les bonnes performances du système financier, enregistrées grâce aux différentes réformes institutionnelles et réglementaires, permettent de positionner le Maroc à un niveau supérieur à la moyenne de la région du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord, mais il reste encore inférieur à la moyenne de la zone Euro. Contraintes Sur un autre registre, le Maroc a entamé plusieurs réformes au niveau des marchés monétaires et des capitaux. Toutefois, il reste encore confronté à des contraintes qui bloquent le bon fonctionnement du système financier. «Ces contraintes sont liées à l'importance du poids des institutions financières détenues par l'Etat, entre autres, et à la prudence excessive des banques en terme d'octroi de crédit et des garanties», souligne l'étude. Par ailleurs, l'évolution institutionnelle est insuffisante à l'amélioration des pratiques financières existantes et à la suppression des réticences des entreprises marocaines face à l'ouverture de leur capital. De plus, le Maroc, dans son processus d'ouverture financière vers les marchés internationaux, reste un pays limité par la déconnexion de son marché boursier des grandes places de valeurs internationales, et donc par la quasi absence (hormis Ennakl Automobile) de sociétés étrangères cotées à la Bourse de Casablanca et le nombre peu important d'investisseurs étrangers. Ajoutons à cela la part de la dette des banques internationales dans la dette publique extérieure marocaine qui reste minoritaire par rapport à celle contractée auprès des institutions financières internationales et des créanciers bilatéraux. Par conséquent, précisé l'étude, «les réformes engagées par le Maroc dans son projet d'ouverture vers l'international doivent être ajustées de façon continue et permanente pour une évolution durable et stable». Défis Les exigences protectrices du marché de change marocain, qui limitent les flux de capital, ainsi que la faible dépendance du système financier à l'égard des marchés financiers internationaux, sont des facteurs clés qui ont protégé le Maroc des dégâts directs de la crise financière internationale. En effet, «l'ouverture financière partielle du Maroc montre bien son rôle dans la protection du système financier face aux risques externes de la crise mondiale», relève le HCP. En revanche, face à la mondialisation accrue et les mutations économiques internationales, l'orientation de l'économie marocaine vers une économie plus ouverte s'annonce inévitable. Ainsi, le Maroc, à l'instar des pays émergents, ne pourra réaliser tout son potentiel économique que par son intégration dans l'économie mondiale. Cela se traduit, dans ce cadre, par une multiplicité d'accords bilatéraux et multilatéraux signés à cet effet avec plusieurs pays. Cette ouverture est toutefois à double tranchant. Car cette ouverture accrue sur l'économie mondiale risque de remettre en cause la stabilité du cadre macroéconomique et rendre insoutenable l'environnement du système financier. Ainsi, d'après le Haut Commissariat au Plan, «le Maroc doit donc être suffisamment préparé aux défis de l'ouverture en poursuivant les réformes engagées et en réduisant progressivement le champ des restrictions des mouvements des capitaux».