Réalisé par S. Es-Siari | En marge de la 14e édition du Colloque international des finances publiques, le point avec Noureddine Bensouda le Trésorier Général du Royaume se veut nécessaire pour décrypter la réalité des finances publiques face aux dépenses d'avenir qui d'année en année s'amplifient. Les recettes elles ne font que s'amenuiser pour différentes raisons telles que le rétrécissement de l'assiette fiscale, la déterritorialisation de l'impôt, la fraude, le non-consentement à l'impôt... Pour Noureddine Bensouda, les crises sont une occasion pour passer à un autre cap, pour conceptualiser tout en essayant de regarder l'histoire économique, sociale, politique, l'histoire des civilisations. Laquelle histoire nous enseigne des principes que nous devrons observer et respecter. Toute l'importance des finances publiques est donc d'essayer de préserver des fondamentaux, d'avoir une vision et de se concentrer sur ces dépenses d'avenir. Il rappelle à juste titre que les pays ayant adopté le programme d'ajustement structurel pour répondre à la crise des années 80 ont accordé de l'importance à la mise en place des réformes économiques et financières tout en mettant le volet social de côté. Les gouvernements sont aujourd'hui conscients que l'économique ne peut se faire sans le social. « C'est d'ailleurs dans ce cadre que s'inscrivent les orientations royales pour la mise en place du chantier titanesque qu'est la généralisation de la protection sociale et son élargissement à toute la population », rappelle Noureddine Bensouda. Pour ce faire, l'enjeu est de disposer des ressources ordinaires pour couvrir des dépenses ordinaires (fonctionnement, charges courantes...) et d'essayer de dégager une épargne budgétaire à côté de l'emprunt pour financer l'investissement productif au service de la croissance. Le principe des finances publiques est de mettre d'un côté les réformes structurelles mais surtout de veiller à leur bonne exécution. L'un des grands défis du 21e siècle c'est d'améliorer la capacité de gestion, de former des responsables et d'être responsable dans la gestion des deniers publics. Commentant le PLF2022, le Trésorier Général du Royaume a tenu à rappeler que la nouvelle équipe gouvernementale a malgré la contrainte de temps donné des signaux positifs en matière de budget faisant allusion à l'Education et à la Santé. Tout cela est accompagné d'une insistance par l'équipe au pouvoir sur la gestion rationnelle et l'évaluation des politiques publiques. Dans le même ordre d'idées, Bensouda rappelle que souvent le revenu d'un ménage est engrangé par une foultitude de dépenses à cause de la non-disponibilité des services publics de qualité ( santé, éducation...). L'intervention de l'Etat par le biais du Budget soit par l'amélioration du revenu, par la baisse de l'impôt ou par l'appui budgétaire va permettre d'améliorer un tant soit peu la situation des ménages qui n'arrivent pas à épargner et dont la situation sociale laisse souvent à désirer. Chaque politique publique nécessite une évaluation pour s'assurer qu'elle répond aux objectifs escomptés et la modifier en cas de besoin. La création d'un ministère chargé de l'évaluation des politiques publiques ne peut qu'être appréciée si elle est menée à bon escient. Le Trésorier Général du Royaume insiste également sur l'entente et la compréhension entre le secteur public et privé. Le Maroc a besoin de ses deux jambes pour aller de l'avant et assurer une croissance durable et inclusive. En matière d'endettement, il rappelle qu'on ne peut ne pas rémunérer l'économie, l'épargne. Cette parenthèse des taux d'intérêts négatifs ou zéro n'est pas une raison pour continuer à s'endetter massivement. Parce que cet endettement, il faut à un moment ou un autre, le rembourser. Aussi, une fois qu'on s'est endetté, il faut assurer la bonne gouvernance des finances publiques et la rationalisation des choix budgétaire. «Autrement dit, la mobilisation des ressources doit se fait d'une manière équilibrée pour aboutir à une société solidaire, homogène et surtout épanouie», insiste Noureddine Bensouda. Voir également : [Podcast] Michel Bouvier : « Si l'Etat n'est pas l'idéal, le marché ne l'est pas non plus »