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Investissement privé : les paradoxes de l'économie marocaine
Publié dans EcoActu le 27 - 10 - 2021


Ecrit par S. Es-Siari |
L'investissement privé ou domestique est le maillon faible de la politique économique marocaine. Pour y remédier, le Maroc est appelé impérativement à changer de paradigme. Quant on se fixe le cap d'une économie prospère, on a l'obligation de mettre en place les outils nécessaires.
Pour embarquer le train de l'émergence et assurer une croissance durable, le Maroc a besoin de ses deux jambes (secteur public et privé). Or, l'analyse des chiffres montre que le secteur privé, malgré les réformes entreprises, ne joue pas le rôle qui lui est dévolu dans la scène économique notamment en matière d'investissement.
Une situation qui ne cesse d'interpeller les observateurs, les analystes et les faiseurs d'opinion qui mettent le doigt sur l'insuffisance de la contribution du secteur privé dans la croissance économique.
La thématique a été débattue récemment à l'occasion d'une table ronde organisée par la SFI. Des intervenants éminents ont porté leur pierre à l'édifice pour faire un état des lieux de l'investissement privé et démystifier les obstacles qui entravent l'investissement privé ou domestique au Maroc.
C'est un secret de Polichinelle que l'investissement privé est un indicateur de bonne santé pour toute économie. Il reflète les capacités d'entrepreneuriat, les opportunités de marché pour mobiliser l'investissement privé. D'où l'importance de disposer de data pour faire une belle radioscopie du secteur et remédier aux lacunes et défaillances.
Faible efficience de l'investissement
A ce titre, Youssef Saadani Directeur général délégué de CDG Invest a procédé à l'analyse de la croissance économique du Maroc contrastée avec celle d'autres pays durant les dix années précédentes (2010-2019). Il ressort ainsi que durant cette période, la performance du Maroc est de 3,5% , une performance inférieure à celle d'autres pays émergentes pour ne citer que la Turquie qui a réalisé une croissance de 5,9%. C'est d'ailleurs, l'ambition (un taux de croissance de 6%) que se fixe le Maroc dans son nouveau modèle de développement (NMD).
En rappelant les sources de la croissance économique que sont le capital, le travail et le progrès technique qui mesure la productivité du travail, Y. Saadani annonce que le focus sera fait essentiellement sur le capital (investissement). Au cours des dix dernières années, le taux d'investissement est en moyenne de 30%. Si l'on compare avec la Turquie, on remarque qu'elle réalise un taux d'investissement de 28% (identique au Maroc) pour un taux de croissance de presque 6%. Le Maroc réalise une croissance de l'ordre de 3,5% avec un taux d'investissement de 30%. Des taux d'investissement quasi-similaires pour des croissances très différenciées. Le rapport taux d'investissement/PIB appelé communément l'indice ICOR est très élevé au Maroc comparativement aux autres pays émergents.
Cela veut dire que l'efficience de l'investissement est faible, moins rentable.
Pourquoi justement cet écart d'efficience avec la Turquie ?
A ce titre, Y. Saadani explique qu'il est possible que cette faiblesse résulte de la prédominance de l'investissement public. Au moment où la répartition de la FBCF au Maroc est à 50% pour l'investissement privé et 50% pour l'investissement public, celle en Turquie est de 85% pour l'investissement privé et 15% pour l'investissement public.
On pourrait même illustrer cet ordre de grandeur par les 245 Mds de DH qui seront injectés par le secteur public tel qu'annoncé dans le PLF 2022. C'est pour dire que la même tendance se poursuit.
L'effort de l'accumulation du capital en Turquie est tiré par de grands groupes privés. « La faiblesse de l'investissement privé s'explique par un défaut de dynamisme entrepreneurial à plusieurs niveaux : grands groupes, PME, TPE, GE. Il y a un problème dans la microstructure qui aboutit à des résultats pareils », annonce Saadani.
La R&D progresse mais toujours faible
Sur un plan microéconomique, Amine Diouri Directeur Etudes & Communiation Inforisk confirme à son tour que le gap est très important en matière d'investissement entre secteur public et secteur privé. Si les chiffres relatifs à l'investissement publics sont annoncés dans le PLF 2022, ceux du secteur privé n'apparaissent pas. Alors quid de l'investissement privé ? Qu'investissent effectivement les entreprises marocaines ? Des questions nécessaires en matière de finances publiques afin de proposer les mesures adéquates et mesurer à travers le temps leurs impacts.
D'après la méthodologie adoptée par Inforisk, il ressort que 50 Mds de DH est le montant investi en 2019. 621 Mds de DH est l'investissement cumulé entre 2010 et 2019 et 1,2 Md de DH est le montant moyen annuel des investissements en R&D entre 2010 et 2019.
1,8 Md de DH a été investi en 2019 dans la R&D soit 0,2% du PIB. Entre 2018 et 2019, la progression des investissements en R&D est de 155%. C'est pour dire que malgré la faiblesse de l'investissement en matière de R&D, on assiste à une progression au cours des trois dernières années.
Par secteur, les principales activités qui investissent sont la promotion immobilière, le commerce d'équipements automobile, le BTP, la location de voitures. Bref 10 activités représentent 50% de l'investissement total, ce qui atteste d'une forte concentration.
Par taille d'entreprises, les GE investissent 39%, les TPE 34% et les PME 27%%.
S'agissant du financement, l'endettement bancaire représente plus de la moitié du financement dédié à l'investissement contre 24% sous forme d'autofinancement et 25% de Fonds propres.
Pour ce qui est des perspectives d'investissement, 81% des entreprises industrielles ne prévoient pas d'investissement en 2021, 4% anticipent une baisse de leur investissement en 2021, 9% comptent maintenir le même niveau d'investissement en 2021 et 6% prévoient d'augmenter leur investissement(Enquête HCP 2021).
Comment booster l'investissement domestique ?
Pour Saadia Slaoui Bennani PDG du Cabinet Valyans, le dynamisme de l'investissement privé passe par 10 mesures dont la manière de leur mise en œuvre compte beaucoup.
L'investisseur est un homo œconomicus rationnel qui ne décide de prendre le risque que lorsqu'il est confiant et qu'il va générer un revenu intéressant en contrepartie.
Donc la question est comment mitiger les risques pouvant être encourus pour aider l'investisseur à franchir le pas. Elle rappelle dans la foulée que le NMD se fixe un objectif de 65% de l'investissement privé à horizon 2035.
Mais avant la déclinaison des mesures, Saadia Slaoui appelle à la redéfinition du rôle de l'Etat pour qu'il soit visionnaire, stratège, régulateur et facilitateur. Les moyens dont dispose l'Etat pour investir ne sont pas infinis.
Les mesures en question doivent être mises en place d'une manière concomitante. Il s'agit de :
* La privatisation accélérée de certains EEP parce qu'il y a des secteurs où la présence de l'Etat n'est pas aussi obligatoire ;
* La diversification des sources de financement pour éviter le surendettement des entreprises. Dans ce cadre le Fonds Mohammed VI pour l'investissement peut jouer un rôle très important ;
* Le renforcement du rôle de l'Etat stratège en orientant l'investissement vers des secteurs porteurs ;
* La révision du cadre incitatif à l'investissement ;
* La compétitivité des facteurs de production notamment celui lié à l'énergie ;
* Le développement de notre système de régulation ;
* La lutte contre l'informel et la corruption
* La refonte de la procédure des appels d'offre et ne plus se baser sur le moins disant.
La composition de l'investissement est donc au cœur de ce paradoxe Maroc. Bien au-delà, la composition de l'investissement privée est également à étudier dans la mesure où l'on constate une faiblesse de financement alternatif, et une concentration de 10 activités, la prédominance des PME… autant de nœuds gordiens qu'il est temps de dénouer.


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