Ecrit par Soubha Es-Siari | L'inflation sera-t-elle de retour ? La hausse des prix est depuis plusieurs mois sur la table des discussions des analystes et économistes un peu partout dans le monde. Au Maroc, il semble que le débat est peut-être remis à plus tard mais la vigilance est de mise. Depuis pratiquement le mois de mai 2021 ayant coïncidé avec le Ramadan, on assiste à une hausse continue et quasi-générale des prix, grevant le budget des ménages. Si l'on se fie à l'IPC ( Indice des prix à la consommation), baromètre du coût de la vie, publié mensuellement par le HCP, ledit indice a connu une hausse de 0,4% par rapport au mois précédent. Cette variation n'est que la résultante de la hausse de 0,4% de l'indice des produits alimentaires et de l'indice des produits non alimentaires. Comparé au même mois de l'année précédente, l'IPC a enregistré une hausse de 2,2%. Il ressort également que l'indicateur d'inflation sous-jacente aurait connu au mois de juillet 2021, une hausse de 1,7% par rapport à juillet 2020. Des hausses qui ne reflètent pas pour autant la réalité. Inflation conséquence de la surchauffe mondiale Sous d'autres cieux, l'inflation est chaque jour scrutée par les analystes. Ils craignent un retour de l'inflation suite aux plans de relance lancés un peu partout se traduisant par des injections massives de l'argent dans les différents circuits de l'économie. L'inflation sera-t-elle ainsi une des séquelles du Covid ? Dans la zone euro, l'inflation a atteint les 3% (sur l'année) en août, soit la plus forte hausse depuis 10 ans. Elle pourrait même, selon Capital Economics, grimper jusqu'à 3,3% dans les prochains mois. Les banques centrales (BCE , FED...) commencent d'ailleurs à agiter le chiffon rouge de la spirale inflationniste. Si à son début, l'inflation était considérée comme passagère, aujourd'hui elle taraude les esprits les plus optimistes. En France, on commence d'ores et déjà à parler d'une hausse des salaires bien que le financement de la hausse (budget ou hausse des impôts) fait toujours polémique. L'inflation sera-t-elle passagère ? Au Maroc, le problème de l'inflation est encore sous le tapis. Depuis pratiquement un mois, le pays vibre au rythme des élections qui se sont déroulées ce 8 septembre. Mais cela n'a pas empêché certaines associations de consommateurs de monter au créneau et de dénoncer le silence du gouvernement quant à la hausse des prix. Le dernier évènement en date est celui de la FNAC qui n'a pas manqué d'annoncer, dans un communiqué datant du 7 septembre 2021, les hausses des prix des produits alimentaires observées. Elle appelle les autorités à un contrôle plus strict des prix. Interrogé lors du dernier conseil de Bank Al-Maghrib par EcoActu.ma sur le spectre de l'inflation qui commence à planer, Abdellatif Jouahri s'est voulu très rassurant considérant la hausse aux mois de mai et avril de 1,7% en moyenne comme étant temporaire. « Evidemment, il y a eu une accélération en avril et mai, mais essentiellement en raison des prix de lubrifiants. Cet effet va certainement s'effriter au cours du temps et nous allons nous retrouver avec des taux de 1% en 2021 et 1,2 % en 2022 », affirme Jouahri. D'après ses propos, lorsque l'inflation monte, il ne faut pas entrer dans le cercle non vertueux et augmenter les effets de second tour qui ne sont que les hausse des salaires. Ce qui entraîne encore une hausse de l'inflation. Allusion faite à certains pays émergents qui face à des taux d'inflation à deux chiffres ont augmenté le taux directeur avec toutes les conséquences qui risquent d'en découler. Concrètement sur le terrain, la réalité est tout autre. On sent même une inadéquation entre la hausse communiquée par le HCP et celle pratiquée dans les commerces. Cette hausse est-elle juste un nuage passager ou une ombre que la banque centrale serait amenée à dissiper ? Les indicateurs du HCP reflètent-ils la hausse réelle ? Sans vouloir remettre en cause la méthode du HCP, le CMC avait alerté il y a deux ans sur la contradiction existant entre les données publiées par l'institution de Lahlimi et l'enquête des ménages sur le pouvoir d'achat. Gare à la stagflation ! Si la situation perdure, la banque centrale serait amenée à jouer son rôle pour éviter une remontée qui risque de nuire à une économie martelée par la hausse du chômage ( dernier chiffre : 12,8% à T2 2021). Parce que dans ce cas de figure, les entreprises seraient acculées à réduire leur effectif à cause de la hausse des coûts des intrants et d'où la stagflation. Il serait peut-être judicieux de prévoir une hausse des salaires qui serait plus importante que le taux d'inflation et du coup, on aboutirait à une maîtrise du pouvoir d'achat. Encore faut-il que la page de la crise sanitaire soit tournée pour de bon, sinon les chefs d'entreprises risquent de se retrouver dos au mur à cause d'une baisse des commandes conjuguée à une hausse des salaires. Autre éventuelle hésitation pour les chefs d'entreprises d'augmenter les salaires c'est le télé travail qui n'est toujours pas évalué, s'il génère des gains de productivité ou pas. En attendant les prochains indicateurs, on verra comment se profile chez nous l'inflation. Lire également : Inflation à 1,7% : la hausse partie pour durer ? La réponse du Wali de BAM