C'est dans une lettre ouverte que le Bureau Exécutif du Front national pour la sauvegarde de la raffinerie la Samir (FNSS) interpelle à nouveau le Chef du gouvernement à quelques semaines de la fin de mandat pour le mettre en garde contre les conséquences de la liquidation de La Samir et de la persistance des prix excessivement élevés des hydrocarbures. Il s'agit de 2 fautes politiques majeures du Gouvernement, juge le Front dans sa lettre, dont voici l'intégralité. « En contradiction avec le premier Gouvernement national post indépendance qui s'était fixé des objectifs ambitieux de construction et de développement de la société La Samir, le Gouvernement Benkirane et le Gouvernement El Otmani ont persisté à porter un coup fatal au pouvoir d'achat des citoyens en permettant un niveau de prix des hydrocarbures scandaleusement élevé suite à la suppression de la subvention publique et à la libéralisation du marché et des prix, dans un contexte où l'Exécutif s'est contenté d'assister sans agir aux pertes colossales pour la nation consécutives à l'arrêt d'activité de la raffinerie de pétrole de Mohammedia, à l'encouragement de l'importation des produits pétroliers raffinés et à la destruction des acquis réalisés par l'industrie nationale. Lire également : [Entretien] Affaire La Samir : Mohammed Benmoussa brise le tabou Dans la continuité de toutes ses initiatives antérieures destinées à protéger les intérêts du Maroc et des Marocains en lien avec la question du raffinage pétrolier et de la sécurisation des besoins nationaux en termes d'énergie pétrolière aux meilleurs prix, en quantités suffisantes et au niveau requis de qualité, le Bureau Exécutif du Front national pour la sauvegarde de la raffinerie marocaine de pétrole s'adresse à vous à travers cette lettre ouverte dans le contexte de fin de mandat de votre Gouvernement, pour porter à la connaissance de l'opinion publique nationale ce qui suit : 1. Votre Gouvernement ainsi que le précédent portent la responsabilité historique de s'être soustraits à leur devoir de coopération afin d'éviter la destruction de la société La Samir et la remise en cause de tous les intérêts nationaux associés à cette entreprise. Comme vous vous êtes obstinés à refuser d'apporter l'aide nécessaire permettant un retour de la production sous diverses formes possibles, et en particulier le transfert des actifs du raffineur national à l'Etat marocain à travers la proposition de loi présentée à la Chambre des Représentants et à la Chambre des Conseillers. 2. Le Gouvernement Benkirane a libéralisé les prix des hydrocarbures, tout en étant pleinement conscient de l'absence des conditions nécessaires à une concurrence libre et non faussée sur le marché. Votre Gouvernement a refusé de corriger cette faute politique en excluant de recourir au plafonnement des prix ou de réintroduire les hydrocarbures dans la liste des produits dont les prix sont régulés. Cette attitude a permis d'organiser les conditions favorables à l'accumulation de richesses obscènes au profit des commerçants de produits pétroliers qui dominent le marché marocain et au détriment du pouvoir d'achat des citoyens, gains additionnels illégitimes dont le montant généré depuis la date de la libéralisation jusqu'à fin 2020 excède le seuil de 38 milliards de dirhams. 3. Les députés du Parti de l'Istiqlal, du Parti du Progrès et du Socialisme, de la Fédération de la Gauche Démocratique, ainsi que les conseillers de l'Union Socialiste des Forces Populaires, de la Confédération Démocratique du Travail et de l'Union Marocaine du Travail, ont fait leur devoir en présentant au Parlement et en défendant les deux propositions de loi relatives au transfert des actifs de la société La Samir à l'Etat et à la régulation des prix des hydrocarbures. Votre Gouvernement ainsi que les représentants du Parti de la Justice et du Développement, du Rassemblement National des Indépendants, du Mouvement Populaire et du Parti Authenticité et Modernité ont refusé de traiter avec empathie l'initiative législative du Front national pour la sauvegarde de la raffinerie marocaine de pétrole et ont persisté à contribuer, par cette position politique, à la destruction de l'industrie nationale du raffinage pétrolier et au hold-up des consommateurs exposés à des prix obscènes des hydrocarbures. 4. Votre Gouvernement s'est contenté d'observer une posture passive et s'est dérobé de ses responsabilités face aux obstructions qui ont entravé l'action du Conseil de la Concurrence tant dans sa première configuration que dans la seconde. Votre Gouvernement n'a pris aucune initiative qui soit conforme aux attentes de l'opinion publique, en particulier suite aux recommandations de la Commission royale de réviser le cadre légal, qui regroupe la loi sur la liberté des prix et de la concurrence et la loi régissant le Conseil de la concurrence, notamment la composition de ses instances de décision. Votre Gouvernement, fragilisé par ses propres contradictions internes et probablement entravé par des situations de conflits d'intérêts inhérentes à sa composition, s'est abstenu d'agir pour mettre un terme aux positions dominantes dans le marché des hydrocarbures et rechercher la responsabilité de tous ceux qui profitent des pratiques contraires aux principes d'une concurrence libre et non faussée, se soumettant ainsi à ceux qui défient de façon éhontée et à la barbe de tous les citoyens les principes et les règles de loyauté et de transparence en matière de processus de formation des prix mais aussi en termes de constitution des réserves de sécurité et de garantie de la qualité des produits distribués aux consommateurs. 5. Votre refus d'aider à la sauvegarde de la société La Samir pour éviter son démantèlement et sa destruction définitive et la fuite devant vos responsabilités face à la situation des prix obscènes des hydrocarbures, demeureront à jamais une faute politique majeure de votre Gouvernement, dont le mandat arrive à son terme, et constitueront un des plus grands échecs que l'histoire retiendra d'un Exécutif qui aura été l'auteur, ou à minima le témoin passif, de la destruction méthodique d'un héritage provenant du premier Gouvernement national dirigé par Feu Abdellah Ibrahim et d'un joyau industriel qui fut créé et qui a prospéré tout au long du règne des Trois Monarques. »