Le comportement des agrégats économiques en 2021 au Maroc et les prévisions de croissance en 2022, ont été passés au crible dans le cadre du Budget exploratoire du HCP. Le document de référence dresse les évolutions et prévisions des principaux secteurs économiques au Maroc. Détails. Le Budget économique exploratoire publié par le Haut commissariat au Plan (HCP) dresse une radioscopie des agrégats économiques de l'exercice en cours et celui de 2022 après une année 2020 très difficile. Un document important dans la mesure où il permet au nouveau gouvernement et aux décideurs de prendre conscience de l'évolution économique prévue en 2022. Il constituera, ainsi, un cadre de référence pour la fixation d'objectifs économiques appuyés par d'éventuelles mesures à mettre en œuvre notamment, dans le cadre de la Loi de Finances 2022. « L'analyse dans sa globalité de la situation dans notre pays en 2020 et les perspectives de son évolution en 2021, par-delà les données économiques fournies par ce traditionnel Budget Exploratoire que nous présentons à l'instar des autres années et qui porte dans sa version actuelle les stigmates de la terrible pandémie covid-19, nous enclinent à maintenir notre préjugé favorable pour la prochaine décennie et ce, malgré la complexité singulière du contexte économique et sanitaire international sur lequel elle s'ouvre », soutient Ahmed Lahlimi, Haut-commissaire au Plan. Sous l'effet de la reprise de la croissance mondiale, la demande adressée au Maroc devrait tirer profit du raffermissement de l'activité économique mondiale pour atteindre un accroissement de 9,3% et 6,7% respectivement en 2021 et 2022, après une chute de 9,2% enregistrée en 2020. Ce rebond de croissance en 2021 tient également de la promesse d'une bonne campagne agricole ainsi qu'à la reprise, sous l'effet de base, des activités non agricoles profitant d'une atténuation des effets négatifs de la crise sanitaire reflétant ainsi le début de redressement de l'économie nationale. Ainsi, le secteur primaire devrait enregistrer un rebond de l'ordre de 17,5% en 2021 au lieu d'une baisse de 6,9% enregistrée en 2020, contribuant ainsi positivement à la croissance du Produit Intérieur Brut de 2 points au lieu d'une contribution négative de 0,8 point une année auparavant. Les activités non agricoles devraient, sous l'effet de base, afficher une croissance positive de l'ordre de 4,1% contre une baisse de 6% enregistrée en 2020. Cette reprise serait imputable à une hausse de 4% des activités secondaires contre un repli de 3,8% en 2020 et d'une amélioration de 4,1% des activités tertiaires au lieu d'une baisse de 7,1% l'année précédente. Au niveau du secteur secondaire, les industries de transformation devraient profiter de la reprise des industries du textile et d'habillement et de la poursuite d'amélioration des industries agroalimentaires et des activités chimiques et para-chimiques, suite au raffermissement continu de la demande extérieure. Quant aux industries mécaniques, métallurgiques et électriques, celles-ci devraient afficher un rebond considérable, soutenu par la reprise du secteur de l'automobile, atténué toutefois par le ralentissement de l'activité aéronautique au niveau mondial. Le secteur minier devrait continuer d'afficher de bonnes performances, avec une croissance de 4,6% en 2021. Le maintien de la demande des industries de transformation locales devrait entrainer une hausse de l'extraction du phosphate roche, grâce au raffermissement de la demande étrangère de ses dérivées en provenance du Brésil, de l'Inde et des pays de l'Afrique de l'Est. Concernant les minerais métalliques, la hausse prévue de leurs cours sur les marchés internationaux due à un rebond de la demande chinoise, devrait booster leur extraction. Quant au secteur du Bâtiment et Travaux Publics, il devrait connaître une hausse de 3,5% en 2021 après un repli de 3,8% enregistré en 2020. Ce rythme de croissance devrait être attribuable à la reprise des travaux d'infrastructure et au dynamisme que devrait connaitre la branche du bâtiment, stimulé par la politique publique mise en œuvre en 2020 pour encourager la demande. En effet, les mesures entamées par l'Etat dans le cadre de la loi des finances rectificative 2020, axées principalement sur l'amélioration et l'assouplissement des conditions de financement et les avantages fiscaux, devraient fortement soutenir la demande des ménages en logement et encourager les promoteurs immobiliers à investir. En outre, les activités tertiaires marchandes, bénéficiant de la reprise de la demande intérieure, devraient renouer avec une croissance positive de l'ordre de 4,7% en 2021 attribuable à la bonne tenue de la plupart des services après une forte baisse de 9,2% enregistrée en 2020. Les activités touristiques et le transport, qui ont pâti durant l'année 2020 des effets des restrictions à la mobilité et de la fermeture des frontières, affichant ainsi des récessions aigues de -55,9% et -32% respectivement, devraient connaître un redressement sous l'effet de l'ouverture progressive et de l'assouplissement des mesures restrictives. Il s'agit notamment des dispositifs mis en place, sous les hautes instructions royales, pour faciliter le retour des MRE et encourager les rentrées des touristes étrangers. De leur côté, les activités du commerce devraient afficher un bon comportement en 2021 stimulées par la performance des activités primaires et l'atténuation des restrictions de déplacement au deuxième semestre. Elles devraient ainsi enregistrer une croissance de 6,3% en 2021 au lieu d'une chute de 10,7% en 2020. Dans ces conditions, et compte tenu de l'augmentation de 5,6% des impôts et taxes sur les produits nets de subventions, la croissance économique nationale devrait connaitre un rebond de 5,8% en 2021 au lieu d'une récession de 6,3% enregistrée en 2020. Concernant l'évolution des prix intérieurs, la hausse des cours des produits énergétiques et le renchérissement des autres matières premières au niveau international, conjugués à une reprise de la demande intérieure, devraient entrainer une hausse du niveau général des prix aux alentours de 1,5% au lieu de 0,8% enregistrée en 2020. Dans ce contexte de rebond de la croissance économique, le marché du travail devrait connaitre un redressement et le taux de chômage au niveau national devrait, sous l'hypothèse de la poursuite de la baisse tendancielle du taux d'activité, se situer à près de 10,9% au lieu de 11,9%, enregistré en 2020. Poursuite de rétablissement de l'économie nationale en 2022 Les perspectives économiques nationales pour l'année 2022 tiennent compte des nouvelles tendances de l'environnement international, notamment, de l'évolution des prix des matières premières en quasi-stabilisation et de la demande mondiale adressée au Maroc qui devrait augmenter de près de 6,7% en 2022 après 9,3% en 2021. Ces prévisions prennent également en considération, la reconduction de la politique budgétaire en vigueur en 2021 et une production céréalière moyenne durant la campagne agricole 2021/2022. Toutefois, ces perspectives devraient rester entourées de fortes incertitudes liées principalement à l'évolution de la situation épidémiologique et à l'aboutissement du processus de vaccination aux niveaux national et international. Sur la base de ces hypothèses, les activités non agricoles devraient enregistrer une valeur ajoutée en accroissement de près de 3,6% en 2022 au lieu de 4,1% en 2021, attribuable, notamment à une poursuite de récupération du secteur tertiaire sous l'effet du redressement des services marchands, particulièrement ceux du tourisme, du transport et du commerce en raison de l'ouverture prévue des frontières en 2022. Le secteur tertiaire devrait connaître une croissance de 3,7% en 2022 au lieu de 4,1% attendue en 2021. Le secteur secondaire devrait, de son côté, continuer d'afficher une valeur ajoutée en raffermissement affichant une croissance de 3,4% en 2022, en raison, notamment, de l'amélioration des secteurs du BTP, des mines et des performances des industries de transformation, en liaison principalement avec l'amélioration attendue de la demande extérieure. Le secteur primaire devrait, sous l'hypothèse d'un scénario moyen de la production céréalière et de la consolidation de celle des autres cultures agricoles et de l'élevage, dégager une valeur ajoutée en baisse de 2,9% après un rebond de 17,5% en 2021 Compte tenu d'une évolution des impôts et taxes sur produits nets de subventions de 4,4%, le Produit Intérieur Brut devrait enregistrer un taux de croissance de l'ordre de 2,9% en 2022 après une reprise de 5,8% prévue en 2021. En terme nominal, le produit intérieur brut devrait enregistrer une progression de 3,8%. Cette évolution fait ressortir une légère hausse de l'inflation, mesurée par l'indice implicite du PIB, de 0,9 % au lieu de 1,5 % en 2021.