Ecrit par Lamiae Boumahrou | Durant ces dernières années, nous assistons à une déchéance du contenu diffusé sur les réseaux sociaux. Un contenu qui rapporte gros mais qui échappe toujours aux radars du fisc et de l'Office des changes. Mais pas pour longtemps. Nous apprenons que la DGI mène une enquête pour identifier tous ceux qui passent entre les mailles de ses filets . Qu'on le veuille ou pas, les réseaux sociaux font désormais partie intégrante de nos vies. Chiffres à l'appui, 27,62 millions d'internautes ont été comptabilisés au Maroc en janvier 2021 d'après le rapport digital 2021 publié par Global Digital Insights. Un rapport qui a également révélé que les Marocains entre 16 et 64 ans passent en moyenne 2H25 sur les réseaux sociaux. Mais pour quel contenu ? C'est là où le bât blesse. Durant ces dernières années, nous assistons à une déchéance du contenu diffusé sur les réseaux. Un contenu, que le moins que l'on puisse définir, de choquant et d'une bassesse inouïe. La pandémie et ses conséquences notamment le confinement, le chômage, la crise économique... n'ont fait qu'aggraver le niveau du paysage des réseaux sociaux. Le buzz est malheureusement devenu le mot d'ordre. Le Graal que les nouveaux envahisseurs des réseaux cherchent à remporter. Un graal qui faut-il reconnaître vaut une petite fortune. Ce qui explique d'ailleurs l'engouement des youtubeurs, des influenceurs et blogueurs pour cette activité juteuse et rentable qui échappe toujours à tout contrôle. Ce qui prime c'est une course aux clics, à l'augmentation des abonnés, des followers, des vues et des gains de youtube, Instagram et des autres réseaux. Les chiffres des gains de certains protagonistes des buzz sur youtube font tourner la tête. En un mois certains peuvent générer des revenus allant jusqu'à 150.000 DH/mois voire beaucoup plus. Quant aux influenceur(e)s, c'est une autre histoire. Non seulement leurs tarifs sont exorbitants mais les payements se font généralement au noir. Certains ont même choisi de s'associer à des cabinets pour détourner leur revenu vers des paradis fiscaux. Pour donner un ordre de grandeur, une story sur Instagram peut coûter 3.500 DH, un poste photo 18.000 DH et une vidéo jusqu'à 25.000 DH. Les tarifs varient en fonction du nombre de followers/abonnés mais aussi de la notoriété de l'influenceur. Malheureusement ce business continue de fleurir en échappant à tout contrôle fiscal. Du moins c'est ce que beaucoup croient. Plusieurs questions s'imposent : qui est responsable de cette descente aux enfers ? Qu'attend le fisc pour traquer ceux qui se font de l'argent sans le déclarer ? Où en est l'Office des changes de sa pourchasse aux hors-la-loi ? Contrairement à ce que certains croient, le fisc ne ferme pas les yeux sur cette activité mais les a grands ouverts. Nous apprenons d'une source à la Direction générale des impôts (DGI) que l'administration fiscale mène une enquête non seulement sur les activités du web mais sur toutes les activités qui génèrent des revenus sans déclaration. Cette enquête s'inscrit dans le cadre la loi fiscale qui doit s'appliquer à tout le monde sans exception. C'est le principe même de la justice fiscale qui fait encore défaut dans notre système fiscal. « Le fisc a identifié plusieurs catégories qui ne déclarent pas leur activité génératrice de revenu. Ces catégories font objet d'une enquête et seront rappelées à l'ordre en application de la loi en vigueur », explique notre source. A rappeler que le fisc a une prescription de 10 ans ce qui lui permet de traquer l'activité durant une période de 10 ans. Les youtubeurs sont donc dans le collimateur du fisc et seront bientôt appelés à passer à la caisse. Quant aux influenceurs et blogueurs dont une bonne partie se fait payer au noir pour placement de produits, ils ne risquent pas non plus d'échapper au fisc. « Si on n'arrive pas à traquer les entrées on traque les dépenses », précise notre source. Qu'en est-il de l'Office des changes ? En 2019, l'Office avait adressé aux personnes physiques qui exportent des services et reçoivent de la devise de façon informelle les appelant à se conformer par rapport aux revenus encaissés entre 2016 et 2018. L'Office avait débuté cette opération par la voie passive en invitant ceux qui sont en situation irrégulière de se conformer. Il avait fixé un délai maximum d'un mois pour le dépôt des dossiers. Nous apprenons que l'Office travaille actuellement sur la période les déclaration de la période 2019-2020.