Ecrit par L.B. | Depuis la promulgation de la loi sur la liberté des prix et la concurrence, le marché des produits alimentaires répond à l'offre et la demande. Toutefois, en période de forte demande, les prix grimpent en raison de certaines pratiques notamment la spéculation. Qui protège donc le maillon faible de la chaîne ? C'est devenu une règle. Plus la demande augmente plus le prix des produits augmente même lorsque l'offre dépasse la demande. Les marchands profitent de la hausse de la demande pour tirer davantage profit et augmenter leurs bénéfices au détriment du consommateur qui reste le maillon faible. C'est la loi du plus fort qui règne sur le marché. Depuis l'année 2000, date de promulgation de la loi 06/99 sur la liberté des prix et la concurrence, le nombre des produits dont le prix est réglementé, est passé de 172 (depuis 1971) à uniquement 15 groupes de produits et services. C'est donc la loi de l'offre et la demande qui s'applique et s'impose aux consommateurs. Le gouvernement n'a donc plus le droit d'intervenir sur le prix des produits ne figurant pas dans la liste des produits réglementés à une exception près. En effet, l'article 4 de loi sur la liberté des prix et la concurrence autorise l'Etat d'appliquer des mesures temporaires contre des hausses ou des baisses excessives de prix, motivées par des circonstances exceptionnelles, une calamité publique ou une situation manifestement anormale du marché dans un secteur déterminé. Une carte que le gouvernement aurait dû sortir dans le dossier des prix des hydrocarbures mais n'a pas eu le courage nécessaire pour le faire. Cela dit, depuis la promulgation de cette loi, cet article n'a jamais été appliqué. Et pourtant, durant certaines périodes de pics de consommation comme c'est le cas pour le mois sacré, le marché connait des hausses de prix injustifiables mettant à rude épreuve le budget des ménages. Manque de transparence du marché, non-respect des règles d'une concurrence loyale, absence d'instruments de régulation du marché et des autorités publiques désemparées devant le phénomène, autant de facteurs qui irritent de plus en plus les Marocains saignés à blanc pour se nourrir dignement. Et pourtant, le département des Affaires générales et de la Gouvernement est censé préserver le pouvoir d'achat des Marocains en coupant court à certaines pratiques notamment de spéculation qui font grimper les prix. Qui contrôle les prix des produits alimentaires ? La mission de contrôle des prix est d'ailleurs confiée au ministère de l'Intérieur qui veille au respect des règles du marché. Une mission qu'il assure au sein de la commission interministérielle créée depuis quelques années pour assurer le suivi de l'approvisionnement, des prix et des opérations de contrôle de la qualité et des prix. Une commission composée, entre autres, des contrôleurs de l'ONSSA, de l'ONICL, des départements des Affaires Générales et de la Gouvernance ainsi que de ceux du ministère de l'Industrie. Ce dernier est d'ailleurs en charge de vérifier l'affichage des prix dans le cadre de la loi 31.08 éditant des mesures de protection du consommateur et non pas de la fixation des prix comme le pensent certains. « A cet effet, tout fournisseur doit notamment par voie de marquage, d'étiquetage, d'affichage ou par tout autre procédé approprié, informer le consommateur sur les prix des produits et biens et tarifs des services, et lui fournir le mode d'emploi et le manuel d'utilisation, la durée de garantie et ses conditions », stipule l'article 3 de la loi sur le consommateur. Cela dit, ladite commission a émis ce jeudi 7 mai une note sur la situation des marchés des trois premières semaines du ramadan. « Concernant les prix pratiqués, ils sont généralement stables avec la poursuite de la tendance baissière des prix des dates, des fruits secs, des légumineuses ainsi que de certains légumes comme l'oignon sec. Toutefois, il a été observé des légères hausses des prix d'autres produits alimentaires comme les viandes blanches », a indiqué le Département des Affaires générales et de la gouvernance dans un communiqué publié à l'issue de la quatrième réunion de cette commission au cours du mois de Ramadan. Ainsi le département des Affaires générales affirme que les commissions de contrôle vont se poursuivre pour faire face à toute forme de fraude, de monopolisation, de spéculation ou de manipulation des prix, conclut le communiqué. Toujours est-il, dans une optique de plus de transparence et afin de mettre fin aux pratiques de spéculation qui déstabilisent le marché, il est impératif de mettre en place des outils de transparence et de suivi du marché à la portée de tous. Rappelons qu'en 2018, le ministère des Affaires générales et de la gouvernance avait affirmé que son département travaillait sur une plateforme de prix des fruits et légumes, à l'instar de l'application Mahatati de comparaison des prix des hydrocarbures. Une application qui permettrait aux consommateurs d'opérer leurs choix de consommation en connaissance de cause. Il était question d'harmonisation les systèmes d'information des ministères chargés de la collecte d'information à savoir le ministère de l'Agriculture et celui de l'Intérieur pour permettre l'agrégation des données collectées et puis mettre l'information à la disposition des citoyens. 3 ans plus tard, cette plateforme n'a toujours pas vu le jour. On se demande d'ailleurs si le projet est toujours en cours ou tout simplement l'idée a été abonnée.