Une mesure radicale prise par la Central Bank of Nigeria (CBN) au moment où Elon Musk, patron de Tesla annonçait le 8 février 2021, avoir investi 1,5 milliard de dollars dans les Bitcoins. Cette annonce a fait grimper le cours du Bitcoin à un niveau historiquement haut pour s'établir à près de 40.000 euros ce jour. Un sommet jamais atteint au point de faire trembler la première puissance économique africaine. Troisième détenteur de réserves de bitcoins au monde en pourcentage du PIB, derrière la Russie et la Nouvelle-Zélande, selon un rapport publié en décembre par la banque américaine Citigroup, le Nigeria s'accroche dans le peloton de tête des « aficionados » de cette nouvelle monnaie électronique. Un regain d'intérêt qui fait peur aux autorités locales. L'absence de régulation grâce au circuit de la blockchain et la liberté d'un système décentralisé qu'offrent son utilisation sont autant d'arguments qui attisent son succès au Nigeria quelque part exclut des systèmes d'échanges. Malgré son succès grandissant dans un pays pourtant marginalisé par le système financier international, les échanges avec les cryptomonnaies continuent à cliver dans le pays pétrolier de 190 millions d'habitants. Darknet, évasion fiscale, financement du terrorisme Une position ferme que l'institution d'émission monétaire a justifié dans une communication. Poursuivant le bannissement de cette nouvelle forme de monnaie, l'institution financière nigériane la présente comme « des outils cryptés, opaques, empêchant toute surveillance et ne pouvant de ce fait être règlementés, les monnaies numériques sont considérées comme présentant des risques trop importants pour l'écosystème financier national ». La Central Bank of Nigeria évoque notamment des risques « de perte d'investissements, de blanchiment d'argent, de financement du terrorisme, de flux de fonds illicites et d'activités criminelles » et « d'évasion fiscale » qui frappent durement le pays. « (...) la CBN ne saurait pour toutes ces raisons s'accommoder avec les cryptomonnaies pour le moment et continuera à tout faire dans le cadre de ses pouvoirs réglementaires pour éduquer les Nigérians à renoncer à leur utilisation et à protéger notre système financier contre les activités des fraudeurs », argumente l'institution. En attendant, il serait difficile de tenter de contrôler ou bannir cette nouvelle forme de monnaie, présentée comme un pari pour l'avenir. Les cryptomonnaies pourraient dans les prochaines années connaître un essor rapide dans les autres pays africains pour arrimer les champions locaux du mobile money à un système mondial (CIO Mag).