Parmi les raisons des inondations causées par les dernières intempéries à Casablanca, un réseau qui ne répond plus aux besoins de la ville qui a connu ces dernières années une urbanisation rapide. Les besoins pour résoudre les problèmes de débordement ont été fixés à 15 Mds de DH en 2014. Où en est le déblocage de ces financements ? Les explications de Lydec. Durant une semaine, Casablanca s'est transformée en une grande marre d'eau. Inondations, effondrements d'habitation, victimes (décès et blessés), dégâts matériels (voitures, habitations, marchandises…)..., les pluies diluviennes qui se sont abattues sur Casablanca du 5 au 10 janvier ont engendré des dégâts inestimables et pris en otage les Casablancais. En 6 jours seulement, la capitale économique a enregistré 250 mm de précipitations (moyenne cumulée), soit l'équivalent de 69% des pluies d'une année (pluviométrie moyenne 361 mm/an ; 218 mm en 2020). Une intensité des pluies qui ne survient qu'en 50 voire même en 100 ans, que le réseau d'assainissement n'a malheureusement pas pu supporter. Mais qu'est ce qui explique malgré ce diagnostic, des inondations pareilles surtout en milieu urbain ? Pourquoi le réseau n'est-il pas dimensionné pour un tel besoin ? Le gestionnaire délégataire a-t-il failli à ses engagements ? Est-il responsable des inondations qui ont saccagé une bonne partie de la ville ? Autant de questions que les Casablancais se posent notamment après la déclaration du Maire de la ville qui a choisi la voie la plus simple en se désengageant de toute responsabilité et en pointant du doigt la Lydec comme principal responsable des inondations et par conséquent des dégâts causés. Afin de mettre la lumière sur ce qui s'est réellement passé durant ces 6 jours et mettre en évidence les défaillances qui ont causé ce drame, le top management de Lydec a organisé ce mardi 12 janvier 2021 un point de presse pour répondre à toutes ces interrogations. Sans entrer dans la polémique, le Directeur général de la Lydec s'est contenté de communiquer les éléments d'information en tant que gestionnaire et a rappelé dans un premier temps les moyens humains et techniques déployés pour faire face à ces intempéries exceptionnelles. « Près de 800 agents toutes catégories confondues ont été mobilisés 24h/24 sur le terrain des opérations et plus de 300 unités (matériel de toutes sortes : Hydrocureuses, aspiratrices, camions mini-cureurs, pompes et motopompes, véhicules...) ont travaillé sur les différentes interventions relatives au réseau d'assainissement, sans parler des 300 collaborateurs mobilisés en back office », a précisé Jean Pascal Darriet, DG de Lydec. Au total, 7.887 interventions dont 85% achevées ont été menées du 5 au 11 janvier 2021. Un record d'après le top management de Lydec. Autre indicateur et pas des moindres, le Centre de Relation Clientèle a reçu 40.200 appels (le CRC reçoit en moyenne 57.500 appels par mois) et a renforcé sa capacité pour gérer l'afflux. Jean Pascal Darriet a assuré que Lydec n'a déshonoré aucun de ses engagements contractuels figurant dans le contrat de gestion déléguée. A la question de la conformité des engagements de Lydec par rapport au programme d'investissement prévu dans le contrat de gestion déléguée, le DG de Lydec rétorque « oui ». « En effet, nous sommes à jour par rapport au programme d'investissement. Je tiens à préciser que Lydec est contrôlée chaque année sur les réalisations prévues dans ledit programme », a-t-il précisé. Les inondations auraient-elles pu être évitées ? Le problème ayant causé les inondations à Casablanca n'est pas uniquement lié à des égouts bouchés mais à un dimensionnement des canalisations qui n'est plus adapté à la ville. En effet, durant les dernières années, la capitale économique a connu une forte croissance urbanistique qui va plus vite que la capacité de ses réseaux d'assainissement. Requalification urbaine du centre-ville (passage de zones villas à des zones immeubles...) ; ouverture de nouvelles zones péri-urbaines (Errahma, Dar Bouazza, Médiouna, Bouskoura...) engendrant notamment un phénomène d'imperméabilisation des sols ; ouverture de nouvelles voies à la circulation non-encore équipées en réseaux d'assainissement pluvial ; nature de la topographie de la ville de Casablanca située en bord de mer..., autant de facteurs qui font que le réseau actuel est largement dépassé par rapport à la réalité. Mais où en est le Conseil de la ville dans toute cette histoire ? N'est-il pas informé de la nécessité d'engager de nouveaux investissements pour éviter de tels scénarios et que de telles inondations ne se reproduisent ? D'après le DG de la Lydec, ce besoin a été identifié depuis 2014, date de l'élaboration du Plan de Développement du Grand Casablanca. Il a même été acté que les besoins d'investissements en assainissement pluvial à l'horizon 2027 s'élevaient à 15 Mds de DH environ (Cf. Document de la Commission Habitat & Requalification Urbaine en date d'avril 2014). Or depuis rien n'a été fait. Les financements n'ont pas été débloqués face à un urbanisme galopant de la ville. « Des ressources supplémentaires sont nécessaires pour avancer dans le programme d'investissement qui reste la solution pour régler tous les problèmes de débordements », a-t-il précisé. En d'autres termes, les solutions existent encore faut-il y mettre les moyens financiers nécessaires. Quant au dédommagement des dégâts, Lydec a précisé que l'indemnisation des éventuels dégâts n'est pas systématique. Elle obéit à des dispositions règlementaires nationales et à celles du Contrat de Gestion Déléguée. Les installations techniques du délégataire sont vérifiées et entretenues régulièrement, conformément aux dispositions du Contrat de Gestion Déléguée. Ces opérations d'entretien et de vérification font l'objet d'une communication régulière aux autorités compétentes. Pour les éventuelles réclamations de tiers, si la preuve de la responsabilité de Lydec est rapportée, elles seront traitées dans le respect de la loi et des dispositions du contrat de gestion déléguée. Voir également : [VIDEO] INONDATIONS DANS LE GRAND CASABLANCA : AU COEUR DES OPERATIONS MENEES PAR LYDEC