Les élections présidentielles américaines auront lieu le 3 Novembre 2020 et opposeront l'actuel Président Donald Trump à Joe Biden ancien Vice-Président d'Obama. Alors que la campagne électorale bat son plein est survenu un événement important le Jeudi 1er Octobre 2020, à savoir que Donald Trump a été déclaré positif au Covid 19 et hospitalisé depuis Vendredi à l'Hôpital Walter Reed. Il faut attendre les prochains jours pour connaître l'évolution de sa maladie. Selon les sondages, Joe Biden a une légère avance sur Donald Trump, mais il est impossible de prévoir le résultat des élections du 3 Novembre, surtout depuis la contamination du Covid 19 du président Trump. C'est l'occasion de faire le bilan de la politique étrangère de Donald Trump depuis son élection en 2016. Le nouveau Président a voulu révolutionner la politique étrangère américaine. Il a privilégié la compétition stratégique notamment vis-à-vis de la Chine comme finalité première. Son slogan « America first » a promu l'unilatéralisme et le nationalisme comme principes directeurs, rejetant le multilatéralisme et les organisations internationales. Il a cependant maintenu quelques éléments de la politique étrangère d'Obama, notamment le désengagement américain du Moyen-Orient et le pivot vers l'Asie. L'Amérique sous Donald Trump semble rejeter l'ordre international qu'elle avait elle-même créée après la seconde guerre mondiale. Sans retourner à l'isolationnisme, on peut définir la politique étrangère de Donald Trump de retour au nationalisme américain « ethnoculturel » plutôt que civique. La communication du Président est également inédite puisqu'elle est pratiquée à travers l'utilisation de son fil twitter. Elle se manifeste par un assaut généralisé contre le « globalisme » en visant plus particulièrement la Chine, mais en ne ménageant pas non plus les alliés des Etats-Unis et notamment l'Europe. La politique étrangère de Donald Trump s'est caractérisée également par la destruction de l'héritage de Barack Obama : sortie du Traité de libre-échange transpacifique, de l'accord sur le nucléaire iranien et de l'accord de Paris sur le climat, ainsi que la mise en cause de l'ouverture avec Cuba. Sur le conflit israélien-palestinien, Donald Trump s'est rangé totalement sur les positions d'Israël : reconnaissance de Jérusalem comme capitale d'Israël, reconnaissance de l'annexion du plateau du Golan, transfert de l'ambassade américaine à Jérusalem, plan de paix pro-israélien, et signature d'accords d'Israël avec les Emirates Arabes Unis et Bahreïn. Par contre, durcissement des sanctions contre l'Iran et Cuba, et volonté de ne plus jouer le rôle de gendarme américain du monde. Pour obtenir satisfaction, Donald Trump n'a pas hésité à pratiquer le « hard power », consistant en un chantage politique, économique et militaire. Il a ignoré l'Afrique, tout en maintenant les engagements militaires pour contre la Chine. L'Amérique latine l'intéresse également peu, sauf concernant l'immigration pour des raisons intérieures. Il affectionne les relations avec les régimes autoritaires sans d'ailleurs obtenir de résultats tangibles, que ce soit avec Kim Jon-un de Corée du Nord, Vladimir Poutine de Russie ou Recep Tayib Erdogan de Turquie. Quant à l'Europe, Donald exprime deux reproches : le déficit commercial et le financement insuffisant de l'OTAN. Si Jo Biden gagne les élections présidentielles américaines, sa politique étrangère prendra sur plusieurs points le contre-pied de Donald Trump. Le premier objectif du nouveau Président sera de restaurer la crédibilité des Etats-Unis sur la scène internationale. En premier lieu, il rétablira la confiance avec les alliés et partenaires des Etats-Unis, notamment en ce qui concerne les relations commerciales. D'après lui, les Etats-Unis doivent redevenir un modèle et un phare de la démocratie dans le monde. Il propose de fixer un taux annuel de réfugiés autorisés à entrer aux Etats-Unis à 125.000 par an et à l'augmenter au fil du temps. Tout en sécurisant les frontières, il garantira la dignité des immigrants et défendra les droits des demandeurs d'asile. Il renforcera la coopération avec les pays d'Amérique Centrale en lui accordant un budget de quatre milliards de dollars. Il déposera un projet de loi au Congrès interdisant les contributions financières privées aux candidats à des élections fédérales. Il s'engage à réunir aux Etats-Unis un Sommet mondial de la démocratie pour se défendre ensemble contre l'autoritarisme et faire progresser les droits de l'homme. Il se prononce contre le protectionnisme et pour un commerce international équitable, et encouragera les secteurs innovants tels que les énergies propres, l'informatique quantique, l'intelligence artificielle, la 5G et les trains à grande vitesse. Contre la Chine, il propose d'opposer un front uni des alliés et partenaires de l'Amérique, en définissent des règles communes, en imposant la transparence et en jouant un rôle de leader. Il maintiendra l'effort de défense afin que les Etats-Unis demeurent la première puissance militaire mondiale, et n'hésitera pas à utiliser la force si nécessaire pour protéger le peuple américain. Pour les alliés des Etats-Unis, notamment l'Europe et les pays membres de l'OTAN, Joe Biden fait savoir que l'engagement des Etats-Unis vis-à-vis d'eux est sacré est non conditionnel. Les Etats-Unis reviendront à l'Accord de Paris sur le climat et s'engageront sur l'objectif d'une économie entièrement décarbonnée en 2050. Ils rejoindront également l'Accord sur le nucléaire iranien si les dirigeants de ce pays respectent leurs engagements. Joe Biden se prononce pour la non prolifération nucléaire et pour parvenir à un accord avec la Russie sur la limitation de l'arme atomique. Il continuera à défendre le libéralisme et les valeurs occidentales avec le slogan « Pourquoi l'Amérique doit continuer à guider le monde ». En conclusion, il est certain que si Joe Biden est élu Président des Etats-Unis, les relations internationales vont être plus apaisées, et un nouvel ordre mondial sera érigé surtout après la grande épidémie du Covid 19 qui a frappé la planète en cette année 2020. Par Jawad KERDOUDI Président de l'IMRI (Institut Marocain des Relations Internationales)