Le PDG de Wafa Assurance, Ramses Arroub, a laissé s'exprimer son cœur au sujet d'un chantier qui peine à décoller : la micro-assurance ou l'assurance inclusive. Quelle que soit son appellation, elle fait face à des freins de taille. La crise sanitaire a accentué la précarité des populations vulnérables, mettant à nu le coût de l'absence de filets sociaux face à un tel choc à la fois sanitaire et économique mais également social. La conjoncture exacerbée par la distanciation sociale et les difficultés de déplacement, a pour sa part mis en évidence que l'inclusion financière n'est pas un plus mais bien utile pour éviter que la fracture financière ne se creuse davantage entre différentes franges de la société marocaine. C'est un moyen d'efficience économique et d'équité sociale avéré mais qui fait cruellement défaut dans notre pays. Un véritable séisme que cette crise du Coronavirus mais est-ce suffisant pour permettre un éveil de conscience qu'une réelle inclusion soit un facteur d'efficience économique sans quoi les maillons faibles de la chaîne peuvent menacer la pérennité de l'ensemble de l'écosystème économique ? Non ! Pour preuve le récent coup de gueule du Wali de Bank Al-Maghrib déterminé coûte que coûte à mener à bien ce chantier qui dure depuis plus d'une décennie. Plus récemment, c'est au tour du PDG de Wafa Assurance de lancer un appel en faveur de la micro-assurance ou assurance inclusive. Interpellé sur cette question lors de la présentation des résultats semestriels de la compagnie, Ramses Arroub laisse s'exprimer son cœur. « La distribution est un point clé pour réussir l'inclusion financière. Et la difficulté pour la distribution d'une prime d'assurance de 60 DH, réside dans sa commercialisation au moindre coût. C'est là que réside le challenge de motiver un réseau de points de distribution qui accepte des marges faibles pour assurer un coût accessible à cette catégorie de client », annonce-t-il. C'est ce qui explique un taux de pénétration très modeste de ce type de produits sur le marché. De l'autre côté, les clients sont de plus en plus sensibilisés et sont demandeurs de ce type de produits. Au niveau de Wafa Assurance, la distribution de la gamme de produits « Taamine Iktissadi » se fait depuis de son lancement au quatrième trimestre 2019 à travers le réseau de Barid Bank. Ce produit sera prochainement commercialisé par le réseau d'Attijariwafa bank. Un choix stratégique pour la compagnie puisque le secteur bancaire peut commercialiser des produits pareils avec une faible commission. Mais cela ne suffit. D'autres canaux de distribution existent mais la réglementation ne le permet pas encore. Un blocage qui s'érige face à une pénétration rapide de ces produits sur le marché et atteindre facilement et à moindre coût la clientèle cible. Le premier canal cité par le PDG de Wafa Assurance et qui peut être mis au service de la micro-assurance est le réseau des établissements de paiement avec lequel la clientèle est déjà familiarisée. Le deuxième canal encore plus compétitif et qui peut assurer une distribution à très grande échelle est celui de la digitalisation. Mais également non autorisé pour cette catégorie de produits. C'est là où l'ACAPS doit entrer en jeu, tirant les leçons de cette pandémie qui a propulsé l'outil digital comme une alternative fiable pour contourner les contraintes imposées par la crise et l'état d'urgence sanitaires dans notre pays. Et surtout permettre aux personnes à faible revenu d'accéder à juste titre aux micro produits d'assurance. « La pandémie a mis en évidence l'importance du digital et c'est également un moyen d'atteindre plus de gens et donner un coup d'accélérateur à l'inclusion sociale » soutient Ramses Arroub, à la tête de l'une des rares compagnies à s'intéresser à cette niche. Et pourtant, non seulement ces produits sont rentables, le potentiel du marché est énorme mais suscite un engouement palpable auprès de la cible. Questionnée sur l'accueil réservé au produit Taamine Iktissadi, Bouchra Jabri, directrice marketing, marchés des particuliers professionnels et TPE chez Wafa Assurance, annonce qu'en à peine quelques mois de son lancement le produit comptabilise 350.000 contrats et ce malgré l'impact de la crise sanitaire qui a quelque peu freiné l'élan. Un nombre appelé à augmenter considérablement si le cadre réglementaire évolue en autorisant la commercialisation via le canal digital. « Militons ensemble en faveur de l'inclusion financière. Nous sommes aujourd'hui prêts à accompagner cette stratégie vers son aboutissement », conclut Ramses Arroub dans son appel lancé en faveur d'un cadre réglementaire plus propice à l'émergence de cette niche de produits. Lire également : [CORONAVIRUS] MICRO-ASSURANCE : LES COMPAGNIES SUR LE BANC DES ACCUSES