Bien que le débat autour du digital, des nouvelles technologies et de l'intelligence artificielle soit imposé depuis bien longtemps, la pandémie, qui a pris au dépourvu le monde entier, a démontré l'importance de ces outils pour garantir le développement d'une nation et faire face à des risques tels que la Covid. C'est dans cette optique que l'institut CDG a organisé le 2ème webinaire de cette rencontrée sous le thème « Peut-on faire confiance à l'intelligence artificielle ? ». Ce webinaire intervient deux ans après une première rencontre, organisée par l'Institut CDG en septembre 2018, sous le thème « Renaissance et promesses actuelles de l'intelligence artificielle ». L'objectif de retraiter ce sujet est d'approfondir le débat autour de cette technologie qui revêt une importance cruciale bien qu'elle continue de diviser entre les pour, les contre et les sceptiques. Animé par une belle brochette de 6 experts en la matière, le débat a permis d'apporter un éclairage nouveau sur une révolution mondiale majeure, de rappeler les avantages mais également les contraintes et les risques de cette technologie. En effet, aujourd'hui par la force des choses le recours à l'accès aux machines (ordinateurs, téléphones portables, etc.) et le développement de l'économie de l'information se sont immiscés dans nos modes de vie voire même ont bouleversé le quotidien des citoyens de par le monde. Doit-on avoir peur de l'IA ? Pour Rachid Guerraoui, professeur à l'Ecole Polytechnique de Lausanne, la réponse est oui et non. « On est bien loin du fait que l'IA va dominer les humains mais ce qu'il faut craindre, ce sont les sources naturelles d'erreur informatique. Il faut craindre la bêtise naturelle des algorithmes. Deuxièmement, je crains qu'on ne surfe pas sur la vague de l'IA ce qui risque d'avoir comme conséquence la destruction d'emploi notamment pour le Maroc qui mise sur la délocalisation industrielle », a-t-il précisé. En d'autres termes, il faut garder l'œil sur le développement de cette technologie et l'adopter au fur et à mesure au risque de se voir dépassé par le virage industriel d'une part et d'autre part par la vague de l'IA. Mais la question est de savoir si le tissu économique marocain est-il prêt à prendre cette vague ? Une question légitime eu égard à la spécificité de notre économie qui est constituée à hauteur de 86% de TPE, de 12% de PME et de seulement 1% de grandes entreprises GE comme annoncé récemment pour le Wali de BAM. En effet, le recours à l'IA requiert l'adoption d'un arsenal de cyber sécurité pour protéger le flux d'information géré par cette technologie. Mais la réalité est ce qu'elle est. Et aujourd'hui on ne peut pas vivre sans l'IA. C'est dire que tôt ou tard les entreprises marocaines doivent l'intégrer progressivement pour garantir leur survie. C'est une question de temps dans un monde qui fonctionne avec l'IA. En effet, l'IA est en train de transformer radicalement de nombreux secteurs d'activité, rendant certains métiers obsolètes et créant de nouvelles niches à investir. Son utilisation croissante poussera les entreprises à revoir leur mode de management, leur approche en matière de RH et relation client... Par conséquent, ces transformations en cours nécessitent de multiplier les efforts de vulgarisation auprès des consommateurs afin de démystifier l'IA et d'apaiser les craintes qu'elle est susceptible de générer, mais aussi et surtout de préparer les jeunes et les moins jeunes aux mutations qu'elle va engendrer, notamment à travers la révision des modèles de formation proposés aux nouvelles générations. « La généralisation de l'IA ne se fera pas à la même vitesse et de la même manière. Par contre, elle est là et elle s'installe. C'est pourquoi au lieu de diaboliser il est plutôt question de mettre un cadre éthique et législatif pour accompagner ce chantier », a souligné Karim BAINA, professeur à l'ENSIAS, Université Mohammed V de Rabat, Expert en Big Data Analytics.