Au lendemain de la pandémie, la DGAPR a recensé des centaines de cas confirmés à la Covid-19. La vulnérabilité du système de santé dans le milieu pénitentiaire a été dévoilée au grand jour. Le lancement d'une nouvelle stratégie est imminent. Dans un contexte marqué par la crise sanitaire Covid-19, la Délégation Générale à l'Administration Pénitentiaire et à la Réinsertion (DGAPR) souhaite élabore une stratégie en faveur de la population carcérale. Au Maroc, dans le milieu pénitentiaire, la population carcérale s'élève à fin décembre 2019 à 86.384 détenus dont 2,4% sont des femmes et 6,5% sont des mineurs, répartis sur 77 établissements pénitentiaires. Ces derniers souffrent de l'absence d'un système de santé adéquat face à la prolifération des maladies chroniques ou transmissibles. Dans ce sillage, la DGAPR prévoit en collaboration avec le ministère de la Santé, et avec l'appui de l'ONUDC et du Fonds mondial, le recrutement d'une équipe de consultant, un international pour l'élaboration d'une stratégie nationale de la santé en milieu pénitentiaire, et d'un consultant national qui travaillera spécifiquement sur le paquet minimum de services. Ladite stratégie devrait s'aligner sur les normes internationales en matière de santé et des droits de l'homme (ONUDC, OMS) et être menée dans le cadre d'une approche de santé publique, reposant sur les pratiques optimales et s'adaptant au contexte des établissements pénitentiaires. Le but de cette stratégie est de se pencher sérieusement sur les contraintes qui limitent l'efficacité des actions entreprises en matière de santé et ce tout en ciblant les besoins et conditions spécifiques de cette population. Où en est la santé dans les prisons ? En 2008, la Délégation Générale à l'Administration Pénitentiaire et à la Réinsertion (DGAPR) avait entrepris une stratégie en matière de soins pour promouvoir la santé en milieu carcéral à travers des actions prioritaires. Elle s'est ainsi engagée dans une démarche d'amélioration de l'accessibilité des détenus à des services complets de prévention, de traitement et de prise en charge sanitaire globale, dans le respect de l'équité, du genre et des droits de l'Homme. De nombreux partenariats nationaux et internationaux en matière de santé se sont développés au fil du temps. Cela s'est traduit par plusieurs actions : La mise à niveau des Unités de Santé Pénitentiaires (USP) en termes d'infrastructure et équipement médicotechnique et informatique ; L'ouverture d'autres USP dans les nouvelles prisons ; L'amélioration de la couverture médicale des établissements pénitentiaires grâce au recrutement annuel du personnel médical, paramédical et des psychologues portant l'effectif à 99 médecins, 71 médecins dentistes, 477 infirmiers et 51 psychologues ; L'augmentation du budget destiné à l'achat des médicaments et dispositifs médicaux qui a pratiquement triplé ; Le renforcement des prestations médicales curatives qui sont réalisées à 93% au sein des USP avec le recours aux hôpitaux publics et au secteur privé, limité aux prestations spécialisées ou examens para cliniques ou encore les hospitalisations ; Le renforcement de la stratégie mobile par l'organisation de campagnes préventives et curatives adaptées aux besoins des détenus et des prisons ; La prise en charge in situ, de certaines pathologies lourdes telles l'insuffisance rénale au niveau de 2 unités d'hémodialyse équipées de 5 générateurs ; L'ouverture de 10 unités d'addictologie dont 5 assurent la continuité de la prestation par la méthadone pour tous les détenus déjà bénéficiaires de cette substitution avant incarcération avec un total de 456 détenus pris en charge depuis le début du programme ; L'amélioration de l'accessibilité des détenus à des services complets de prévention, de traitement et de prise en charge globale du VIH/TB/Hépatites virales et usage problématique de drogues. Ainsi entre 2008 et 2018, l'incidence de la tuberculose a été réduite de 55% et les décès par cette maladie de 46%. En 2019, les interventions de prévention combinée en matière d'IST/VIH ont permis de couvrir 42% de la population carcérale, avec 35 % de détenus ayant bénéficié du dépistage soit une amélioration du dépistage de 5 fois par rapport à 2015. Des résultats assez mitigés qui prônent l'élaboration d'une nouvelle stratégie à même de parvenir à l'amélioration de la santé dans le milieu pénitentiaire qui constitue un terreau propice pour la recrudescence des maladies infectieuses. La Covid-19 est l'exemple le plus édifiant. Juste 2 mois après la survenue de la pandémie, la DGAPR a enregistré plusieurs centaines de cas confirmés à la Covid-19, essentiellement au niveau de la région de Daraâ-Tafilalt qui comprend les prisons locales d'Errachidia, de Ouarzazate, de Midelt et de Zagora.