La pandémie détériore la situation du secteur du textile qui fait face à une déviation importante des commandes vers d'autres destinations. L'AMITH tire la sonnette d'alarme et appelle le gouvernement à agir. Voici ses propositions. Le textile passe par des moments difficiles. La pandémie n'a fait qu'aggraver davantage la situation d'un secteur fortement impacté bien avant le début de cette crise sanitaire. Rappelons que les opérateurs avaient tiré à plusieurs reprises la sonnette d'alarme vers le début de l'année en cours pour alerter sur les retombées de l'Accord de libre-échange avec la Turquie. L'AMITH avait dénoncé en janvier 2019 une situation qui devenait intenable face à l'invasion turque. Et comme si cela ne suffisait pas, la pandémie en a rajouté une couche épaisse. Et pour cause en plus de la conjoncture mondiale et nationale, les opérateurs du textile ont été obligés de fermer à cause des foyers industriels qui se sont développés dans les unités de production. Des décisions de fermeture sans préavis que la CGEM dénonce aujourd'hui eu égard à l'impact sur les carnets de commandes. Mehdi Tazi, vice-président de la CGEM a souligné que sur les 50 plus grands pays exportateurs de textile, le Maroc est celui qui s'est le moins bien comporté. « La baisse des exportations a été plus forte chez nous qu'elle ne l'ait été dans d'autres pays », a-t-il souligné. Pour donner un ordre de grandeur, c'est 42% de baisse des exportations marocaines de textile contre 11% pour la Chine. Certes la baisse est importante et risque de l'être davantage pour un secteur qui espérait renouer avec la croissance. Les opérateurs attribuent cette baisse à la conjoncture imposée par la pandémie étant donné que les industriels n'ont travaillé que 6 mois avec une capacité de 50% durant les 3 derniers mois (juin à août). En effet, face aux décisions de fermeture, qui incombent également à la responsabilité des entreprises n'ayant pas respecté tout à fait l'application des mesures barrières, les donneurs d'ordre internationaux réorientent leurs commandes vers d'autres destinations à savoir : la Turquie, le Vietnam, le Maymara... Un problème qu'avait soulevé l'AMITH il y a 8 mois après avoir constaté que les Turcs non seulement gagnaient du terrain au niveau local mais piétinaient également sur les marchés à l'export des entreprises marocaines. Rappelons que les opérateurs marocains étaient confrontés à la dévaluation de la monnaie turque par rapport au dollar, ce qui rendait les exportations marocaines plus chères et moins compétitives. C'est ce qui explique en partie l'orientation des commandes des donneurs d'ordre vers d'autres destinations. Face à cette situation, le ministère de l'Industrie avait enclenché le processus de révision de l'Accord dans l'objectif de stopper l'hémorragie. A ce jour nous ne savons pas où en sont les négociations avec la partie turque. Les doléances de l'AMITH Pour prendre le pouls du secteur nous avons contacté le président de l'AMITH, Mohammed Boubouh qui nous a affirmés que le secteur passe par des moments difficiles. Cette situation est également attribuée au fait que le deuxième client du Maroc en l'occurrence la France est en crise. « Aujourd'hui nous saluons les efforts déployés par le gouvernement en faveur des entreprises à travers le Fonds Covid. Toutefois, il est impératif d'adopter rapidement des mesures pour soutenir davantage le secteur », précise le Président de l'AMITH. Il appelle le gouvernement à, tout d'abord, trancher sur la question du Smig. « Nous devons avoir de la visibilité sachant que sans l'aval du Chef du gouvernement, les entreprises ne peuvent pas prendre la décision de reporter une décision gouvernementale publiée dans le bulletin officiel », a insisté Mohammed Boubouh. En d'autres termes, le report de l'augmentation du Smig de 6 mois voire une année comme le sollicite la CGEM ne peut se faire sans une décision gouvernementale après concertation avec tous les intervenants dans le cadre du dialogue social. Autre doléance de l'AMITH, la suspension pour 2 ans des charges patronales à la CNSS ou une révision du taux de cotisation pour le secteur textile. Aussi, le secteur appelle-t-il le déblocage urgent du remboursement de la TVA afin de soulager les trésoreries et permettre aux industriels de souffler. 4ème doléance est la révision des conditions d'éligibilité pour accéder au crédit « Damane relance ». D'après M. Boubouh, 70% des entreprises du secteur textile n'ont pas bénéficié du dispositif d'accompagnement en raison des conditions trop contraignantes. Dernière revendication, l'AMITH appelle l'administration fiscale à repousser le moratoire de paiement pour les entreprises ayant fait l'objet d'un redressement fiscal.