Dans un contexte mondial déjà très compliqué, notamment par les tensions commerciales et sociales, il ne manquait à une telle déconfiture que l'avènement du Coronavirus ou Covid-19. L'épidémie qui se développe en pandémie a perturbé tous les pays sans exception, encore plus ceux ayant enregistré des cas de décès. Les conséquences sur le commerce international et, par ricochet, sur l'économie mondiale se sont déjà fait sentir. D'ailleurs, le coût du Coronavirus est déjà estimé à 0,1 point de croissance. C'est ce qu'explique Ludovic Subran, Economiste en Chef du Groupe Allianz en visite au Maroc. « L'économie mondiale a fait face à des défis majeurs en 2019 avec l'intensification du conflit commercial entre les Etats-Unis et la Chine, la multiplication des foyers de tension liés aux revendications sociales et la mise en place de réglementations drastiques sur l'environnement qui ont très largement bouleversé le cycle industriel mondial. Dans les trois domaines, nous n'attendons pas d'amélioration sensible de la situation en 2020, tandis que vient s'ajouter en ce début d'année un élément d'incertitude fondamental lié au déclenchement de l'épidémie du Coronavirus », explique-t-il. L'effet conjugué de l'affaiblissement de l'économie chinoise et de la perturbation des chaînes globales de production, auraient déjà coûté 0,1 point de croissance à l'économie mondiale en 2020. Quels effets pour le Maroc ? Pour L. Subran, l'approche des élections américaines accroîtra le niveau d'incertitude, ce qui se traduira par un niveau de croissance mesuré du commerce international à 1.8% en 2020 contre 1.2% en 2019... autrement dit, il y a peu de chance de voir le commerce international contribuer positivement à la croissance marocaine en 2020. Les facteurs extérieurs continueront ainsi à peser sur la croissance du Royaume en 2020, particulièrement l'atonie de ses partenaires européens qui s'inscrit dans la durée. Pour juguler cet effet exogène, accentué avec la faible pluviométrie, le Maroc devrait, selon Ludovic Subran, donner la priorité aux dépenses liées à l'éducation (+72.4 milliards de Dirhams), à la santé (+18.6 milliards), aux infrastructures et au soutien du pouvoir d'achat des ménages (+6 milliards d'augmentation pour les salaires du public et +26 milliards d'aides aux catégories sociales défavorisées). Ces mesures budgétaires associées à un environnement économique où l'inflation va rester à un niveau faible (1.1% pour l'indice des prix à la consommation), sont de nature à soutenir la consommation des ménages, qui va être résiliente à 2.1% en 2020, selon l'économiste en chef d'Allianz. « Les récentes orientations budgétaires de l'Etat, au-delà du soutien de la demande à court-terme, vont contribuer à pérenniser les réformes structurelles sur le long-terme », ajoute Ludovic Subran. Il soulève néanmoins que l'accès au crédit reste un des éléments faibles de ce classement. Sur la politique monétaire du Royaume, le Maroc bénéficie d'un bon niveau de crédibilité du point de vue de l'orientation de sa politique monétaire. Faisant allusion au programme Intelaka, L. Subran estime que « La politique monétaire marocaine, via des actions ciblées sur les petits acteurs économiques, va se montrer plus inclusive sur le plan intérieur, sans sacrifier les enjeux liés à sa crédibilité sur le plan extérieur ». VOIR EGALEMENT : [HIWAR] ALEXIS GARATTI : UNE POLITIQUE ECONOMIQUE CONSERVATRICE N'EST PAS SI MAUVAISE